Quand Laura Kamdop ne le portera plus, qu'adviendra-t-il du numéro 9 à Fleury-les-Aubrais ? Sera-t-il à jamais sanctuarisé, comme ceux d'autres joueuses icôniques ailleurs (Wendling à Metz, L. Terzi à Dijon) ? Encadré, accroché aux murs du Palais des sports d'Orléans, comme le 12 de Benjamin Dewar, gloire des colocataires du basket au mitan des années 2000 ? Les deux options tiennent la route, tant la pivot incarne le club où elle a passé quatorze des quinze dernières saisons (*). Mercredi, elle a joué son 307ème match officiel en rose, record du Loiret. Une réception de l'OGC Nice qui a pris une tournure indésirable en seconde période. Entamée avec trois buts d'avance (14-11), finie à -5 (25-30).
Alors que le quart d'heure avant le repos suggérait l'arrêt des tâtonnements, entre vigueur défensive et renversements d'Alexandra Lacrabère pour les ailes, « on a complètement déjoué », déplore la native de Chartres, de l'autre côté de la barrière Nadar de la zone mixte. « On s'est laissées endormir par Nice, on les a regardées jouer. » Les conséquences sont assez fâcheuses pour les siennes : 20 pertes de balle (plus du double des Azuréennes), une quatrième défaite en huit journées... et une glissade de quatre places (de la cinquième à la neuvième, avec deux matches en retard). « Je le prends plus que comme un avertissement. Si on ne se remet pas vite au travail, la Coupe d'Europe sera compliquée, et l'enchaînement des matches aussi. Un gros rythme nous attend en janvier-février. »
Six échéances en phase de groupes de la Coupe EHF (le premier dimanche après-midi à Braila, sixième du championnat roumain), cinq en LBE pour boucler la demi-saison régulière, qui étofferont un peu plus le roman fleuryssois de Laura Kamdop. Accueillie en moins de 18 ans en 2006, trois ans après avoir adopté la balle collante dans la préfecture d'Eure-et-Loir, l'ex-internationale française A (un match de qualification à l'Euro, en juin 2014) a découvert la Première division en octobre 2007, lors d'un déplacement à Issy. « Quand j'ai commencé, je ne pensais pas faire une longue carrière », confie-t-elle. Encore moins conquérir trois trophées nationaux à la file (Coupe de France 2014, championnat 2015, Coupe de France 2016) et s'aligner dans les quatre compétitions européennes avec son « club de toujours ».
« Laura, c'est l'âme de Fleury », affirme sans hésiter Bertille Bétaré, qui a partagé l'arc des 6 mètres avec elle entre 2008 et 2010. L'envergure prise par son héritière, son assiduité, ne la surprennent guère. « Elle s'est donné les moyens de réussir et perdurer. C'est une joueuse complète, qui joue à la fois en défense et en attaque. Elle a un point de fixation assez important dans la défense adverse, qui permet d'avoir un jeu autour d'elle. En plus, son gabarit fait qu'elle pèse vraiment dans le jeu. Ca fait plaisir de voir ce qu'elle produit. »
Et ce qu'elle va produire, ajouterait-on... « J'ai encore des choses à jouer et à montrer », annonce la diplômée en management. Avec le FLHB, forcément, mais également en équipe nationale du Sénégal, intégrée en 2018. Un tournoi de qualification olympique en Espagne se profile en avril, avec une chance théorique de retourner au Japon cet été, un an et demi après le Mondial. Une perspective à trois mois encore fort, fort lointaine pour Laura Kamdop. « Je préfère d'abord me focaliser sur le mois qui arrive », élude-t-elle. Sagesse, sens des priorités lui collent autant à la peau que son maillot rose frappé du 9...
(*) Laura Kamdop s'est expatriée au Krim Ljubljana (Slovénie) en 2016-2017.