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Valentin Porte, le caméléon bleu

Mondial

jeudi 31 décembre 2020 - © Yves Michel

 7 min 52 de lecture

A Montpellier, Valentin Porte occupe le côté droit de la base arrière. En sélection, c'est selon l'humeur et surtout la nécessité du moment. Ailier ou arrière. D'une liste à l'autre, cela peut varier. Peu importe, le 3ème plus capé présent actuellement au rassemblement de l'équipe de France se métamorphose là où on veut bien lui faire confiance.

Moins de quatre jours se sont écoulés et sur la liste revue par Guillaume Gille qui a rebattu les cartes et affiné sa sélection de 20 joueurs en vue de préparer les deux matches de qualification à l'Euro 2022 contre la Serbie (les 5 et 9 janvier 2021) et le prochain Mondial qui débute en Egypte, le 13 du même mois, Valentin Porte a prolongé son bail. A y regarder de plus près, derrière les tauliers Michaël Guigou (283 sélections) et Luc Abalo (262 sélections) et en l'absence de Nikola Karabatic, le Montpelliérain est le 3ème plus capé des Tricolores (124 sélections) présents à la maison du handball. Une ancienneté mais surtout une régularité qui n'étonneront personne, tant le gaucher a rarement déçu lorsque les entraîneurs de l'équipe de France lui ont fait confiance. Claude Onesta l'avait adoubé au poste d'ailier droit dès le Mondial espagnol en 2013 alors que l'intéressé avait été baptisé quelques jours auparavant en match amical contre l'Argentine et qu'il n'avait pas particulièrement brillé. Alors Toulousain, comme le sélectionneur, ce qui lui a valu à l'époque, quelques railleries, celui qui jusqu'à l'âge de 14 ans a évolué au poste de gardien (du côté de Toury dans l'Eure-et-Loir) s'est toujours remis en question, au point par moments de forcer l'autocritique.   

Presque huit ans en équipe nationale, quel regard portes-tu sur le temps passé ?
Ça met quand même un coup car très sincèrement, je n'ai pas vu, tout est allé très vite. Je crois que si je vais au Mondial, ce sera ma 10ème compétition consécutive. C'est fou ! Quand tu es dans le coeur de l'action, tu n'as pas le recul nécessaire pour analyser ce qui se passe. Tu prends ce qui se présente et tu essaies de le bonifier. Il faut surtout profiter de tous ces instants. J'ai connu des moments fabuleux et j'espère en partager d'autres. 

Tu es arrivé à une période où Luc Abalo était incontournable sur l'aile...
... et il l'est toujours !

... et les gauchers ne se bousculaient pas au portillon... D'ailleurs dès 2014, Onesta t'utilise sur la base arrière. 
Oui, Xavier Barachet s'était blessé et il fallait trouver des solutions. 

Tu as non seulement convaincu ceux qui émettaient des doutes sur ta légitimité mais en plus, tu n'as plus quitté les Bleus...
C'est une satisfaction et une fierté. J'ai franchi toutes les étapes et depuis tout jeune, j'ai pu progresser car partout où je suis passé, notamment en club, on m'a fait pleinement confiance. Je pense avoir fait les bons choix de carrière mais je ne suis pas rassasié, j'aspire à d'autres exploits collectifs. 

Avoue que c'était une aubaine d'être un gaucher de talent à cette époque...
Je pense avoir eu un peu de chance. Si j'étais né un peu plus tard ou si j'avais incorporé la sélection il y a un an, je ne suis pas sûr de pouvoir conserver ma place (rires). Tu as vu la concurrence qu'il y a sur ce poste d'arrière droit ? Aujourd'hui, il faut que je me batte pour montrer que je suis utile à l'équipe ! 

Au début de ce stage, tu étais casé chez les ailiers, sur la nouvelle liste, tu as reculé...
Tant que je suis toujours là et que le coach me propose du temps de jeu, j'accepte de me recycler partout (rires) ! 

En début de semaine, sur cette liste, tu étais en concurrence avec Yanis Lenne...
Avec Yanis, c'est particulier. On s'apprécie vraiment d'autant plus qu'on est partenaires à Montpellier. J'aime ses qualités humaines mais c'est aussi un joueur talentueux. L'essentiel c'est qu'il reste dans les vingt car très sincérement, il mérite autant qu'un autre de faire partie de l'équipe. 


                               Lenne-Porte, une complicité en club mais également en sélection

Guillaume Gille prône le brassage de l'ensemble du groupe. Sur le 1er groupe de 20, dix sont restés, dix autres arrivent ce jeudi.
C'est ça la nouveauté et vu les conditions actuelles avec la crise sanitaire, c'est très pertinent d'incorporer tout le monde. 

Sincèrement, quel est l'intérêt de travailler avec des joueurs qui sont certains de ne pas faire partie de l'ossature de l'équipe ? 
Heureusement qu'ils étaient là ! Sinon nous n'aurions pas pu bosser depuis dimanche ! Ces joueurs ne sortent pas de nulle part, ils sont dans la liste des 35, capables d'être appelés à tout moment. Imagine que demain, comme cela s'est vu au Final Four, il y ait des blessés ou que la Covid fasse des ravages, c'est important d'avoir des éléments sur qui on peut compter et qui sont prêts au combat. 

La nouveauté, c'est que vous allez basculer sur le Nouvel An loin de vos familles...
Même si on aurait aimé passer le réveillon auprès des siens, il faut se dire que cette fois, la situation est exceptionnelle. D'ici le Mondial, on doit rester dans un environnement hermétique. Ce qui n'est pas tenable si chacun rentre chez soi. Ce n'est pas le moment de flinguer la dynamique de l'équipe. Il faut penser au collectif et pas exclusivement à soi. 

Une autre nouveauté, c'est qu'il y a deux matches contre la Serbie qui n'ont rien d'amicaux...
Ce n'est pas plus mal qu'on soit aussi dans les qualifications pour l'Euro. Cela nous plonge d'entrée dans le vif du sujet. Un match sans enjeu, tu te dis que tu peux jouer sans pression, que ce n'est pas grave s'il y a des ratés et que le coach peut encore procéder à des ajustements. Là, il faudra montrer notre meilleur visage et ces deux matches sont programmés juste avant de partir pour l'Egypte.  

Pour en finir avec les nouveautés, c'est la 1ère fois que Guillaume Gille va véritablement voler de ses propres ailes...
C'est vrai avec l'arrivée d'Erick (Mathé), on a un peu changé la façon de bosser. Déjà, le rythme des entraînements, cela ressemble à ce qu'on vit en club. Après, je trouve qu'on est plus dans l'échange et le partage. Les anciens sont là mais aussi ceux qui orientent le jeu comme les demi-centres. Il faut qu'on aille tous dans le même sens et qu'on aide ce staff. 

Le Mondial est-il déjà présent dans les têtes ? 
Forcément même si on ne peut rien anticiper. On se doute que cela sera particulier. Il y a plus d'équipes donc, en fonction de l'épidémie, il y aura des mesures strictes qu'il faudra accepter. 

En Allemagne, des joueurs ont décliné la sélection. Peux-tu les comprendre ? 
En fait, ils font comme ils veulent, ils ont leurs raisons. Tant mieux pour eux, tant pis pour l'Allemagne. S'ils pensent qu'il y a du danger avec le virus, on peut comprendre leurs motivations. Je ne les partage pas, chaque raisonnement est différent. 

Ce Mondial pour les Bleus, c'est un vrai objectif ou c'est une bonne préparation au TQO en mars ? 
Pour aborder idéalement le TQO, il faut arriver avec des certitudes et un moral élevé. On aura joué le championnat du Monde, ce qui signifie qu'on n'a aucune question à se poser. En toute humilité, on ira chercher la gagne. On est quand même conscient qu'on s'est complètement raté lors de la dernière compétition (la France n'est pas sortie de la phase de groupe de l'Euro 2020 en Norvège). On va se présenter en Egypte sur la pointe des pieds mais on essaiera de tirer le meilleur profit de la situation. 

Mais la cible, c'est le TQO ou le Mondial ? 
Le Mondial n'a même pas débuté, tu ne vas pas commencer à me parler du Tournoi de Qualification aux Jeux ! Ce n'est qu'après l'Egypte qu'on y pensera. 

Le titre olympique, c'est le seul qui te manque...
Je sais et cela figure toujours parmi mes objectifs !

Il y a quatre ans, tu avais été très affecté par cette défaite en finale à Rio face aux Danois...
Oui et je n'ai toujours pas digéré ce qui s'est passé. La blessure est toujours là car j'ai le sentiment qu'il y avait la place pour passer. J'ai été déçu de ne pas décrocher l'or. Donc, j'ai une petite idée pour effacer cette frustration. 

Ah tu vois, je t'ai amené à parler des Jeux ! 
Oui, oui...mais l'avenir immédiat, c'est le Mondial !

On l'aura compris. Au fait, bienvenue dans le monde des cadences infernales avec janvier et février quasi invivables...
On ne va pas tomber des nues parce qu'on se retrouve en club, avec des matches reportés qu'il faudra bien disputer un jour ! Certains (comme le PSG ou Nantes) vont devoir jouer 3 matches par semaine, c'est vrai que c'est fou ! On verra comment réagissent les équipes. Cela risque d'occasionner des surprises, même en championnat national !

Que peut-on te souhaiter pour 2021 ? 
Que l'année soit meilleure que la précédente. Sur le plan sanitaire et professionnel, je ne pense pas que cela puisse être pire ! 

Valentin Porte, le caméléon bleu  

Mondial

jeudi 31 décembre 2020 - © Yves Michel

 7 min 52 de lecture

A Montpellier, Valentin Porte occupe le côté droit de la base arrière. En sélection, c'est selon l'humeur et surtout la nécessité du moment. Ailier ou arrière. D'une liste à l'autre, cela peut varier. Peu importe, le 3ème plus capé présent actuellement au rassemblement de l'équipe de France se métamorphose là où on veut bien lui faire confiance.

Moins de quatre jours se sont écoulés et sur la liste revue par Guillaume Gille qui a rebattu les cartes et affiné sa sélection de 20 joueurs en vue de préparer les deux matches de qualification à l'Euro 2022 contre la Serbie (les 5 et 9 janvier 2021) et le prochain Mondial qui débute en Egypte, le 13 du même mois, Valentin Porte a prolongé son bail. A y regarder de plus près, derrière les tauliers Michaël Guigou (283 sélections) et Luc Abalo (262 sélections) et en l'absence de Nikola Karabatic, le Montpelliérain est le 3ème plus capé des Tricolores (124 sélections) présents à la maison du handball. Une ancienneté mais surtout une régularité qui n'étonneront personne, tant le gaucher a rarement déçu lorsque les entraîneurs de l'équipe de France lui ont fait confiance. Claude Onesta l'avait adoubé au poste d'ailier droit dès le Mondial espagnol en 2013 alors que l'intéressé avait été baptisé quelques jours auparavant en match amical contre l'Argentine et qu'il n'avait pas particulièrement brillé. Alors Toulousain, comme le sélectionneur, ce qui lui a valu à l'époque, quelques railleries, celui qui jusqu'à l'âge de 14 ans a évolué au poste de gardien (du côté de Toury dans l'Eure-et-Loir) s'est toujours remis en question, au point par moments de forcer l'autocritique.   

Presque huit ans en équipe nationale, quel regard portes-tu sur le temps passé ?
Ça met quand même un coup car très sincèrement, je n'ai pas vu, tout est allé très vite. Je crois que si je vais au Mondial, ce sera ma 10ème compétition consécutive. C'est fou ! Quand tu es dans le coeur de l'action, tu n'as pas le recul nécessaire pour analyser ce qui se passe. Tu prends ce qui se présente et tu essaies de le bonifier. Il faut surtout profiter de tous ces instants. J'ai connu des moments fabuleux et j'espère en partager d'autres. 

Tu es arrivé à une période où Luc Abalo était incontournable sur l'aile...
... et il l'est toujours !

... et les gauchers ne se bousculaient pas au portillon... D'ailleurs dès 2014, Onesta t'utilise sur la base arrière. 
Oui, Xavier Barachet s'était blessé et il fallait trouver des solutions. 

Tu as non seulement convaincu ceux qui émettaient des doutes sur ta légitimité mais en plus, tu n'as plus quitté les Bleus...
C'est une satisfaction et une fierté. J'ai franchi toutes les étapes et depuis tout jeune, j'ai pu progresser car partout où je suis passé, notamment en club, on m'a fait pleinement confiance. Je pense avoir fait les bons choix de carrière mais je ne suis pas rassasié, j'aspire à d'autres exploits collectifs. 

Avoue que c'était une aubaine d'être un gaucher de talent à cette époque...
Je pense avoir eu un peu de chance. Si j'étais né un peu plus tard ou si j'avais incorporé la sélection il y a un an, je ne suis pas sûr de pouvoir conserver ma place (rires). Tu as vu la concurrence qu'il y a sur ce poste d'arrière droit ? Aujourd'hui, il faut que je me batte pour montrer que je suis utile à l'équipe ! 

Au début de ce stage, tu étais casé chez les ailiers, sur la nouvelle liste, tu as reculé...
Tant que je suis toujours là et que le coach me propose du temps de jeu, j'accepte de me recycler partout (rires) ! 

En début de semaine, sur cette liste, tu étais en concurrence avec Yanis Lenne...
Avec Yanis, c'est particulier. On s'apprécie vraiment d'autant plus qu'on est partenaires à Montpellier. J'aime ses qualités humaines mais c'est aussi un joueur talentueux. L'essentiel c'est qu'il reste dans les vingt car très sincérement, il mérite autant qu'un autre de faire partie de l'équipe. 


                               Lenne-Porte, une complicité en club mais également en sélection

Guillaume Gille prône le brassage de l'ensemble du groupe. Sur le 1er groupe de 20, dix sont restés, dix autres arrivent ce jeudi.
C'est ça la nouveauté et vu les conditions actuelles avec la crise sanitaire, c'est très pertinent d'incorporer tout le monde. 

Sincèrement, quel est l'intérêt de travailler avec des joueurs qui sont certains de ne pas faire partie de l'ossature de l'équipe ? 
Heureusement qu'ils étaient là ! Sinon nous n'aurions pas pu bosser depuis dimanche ! Ces joueurs ne sortent pas de nulle part, ils sont dans la liste des 35, capables d'être appelés à tout moment. Imagine que demain, comme cela s'est vu au Final Four, il y ait des blessés ou que la Covid fasse des ravages, c'est important d'avoir des éléments sur qui on peut compter et qui sont prêts au combat. 

La nouveauté, c'est que vous allez basculer sur le Nouvel An loin de vos familles...
Même si on aurait aimé passer le réveillon auprès des siens, il faut se dire que cette fois, la situation est exceptionnelle. D'ici le Mondial, on doit rester dans un environnement hermétique. Ce qui n'est pas tenable si chacun rentre chez soi. Ce n'est pas le moment de flinguer la dynamique de l'équipe. Il faut penser au collectif et pas exclusivement à soi. 

Une autre nouveauté, c'est qu'il y a deux matches contre la Serbie qui n'ont rien d'amicaux...
Ce n'est pas plus mal qu'on soit aussi dans les qualifications pour l'Euro. Cela nous plonge d'entrée dans le vif du sujet. Un match sans enjeu, tu te dis que tu peux jouer sans pression, que ce n'est pas grave s'il y a des ratés et que le coach peut encore procéder à des ajustements. Là, il faudra montrer notre meilleur visage et ces deux matches sont programmés juste avant de partir pour l'Egypte.  

Pour en finir avec les nouveautés, c'est la 1ère fois que Guillaume Gille va véritablement voler de ses propres ailes...
C'est vrai avec l'arrivée d'Erick (Mathé), on a un peu changé la façon de bosser. Déjà, le rythme des entraînements, cela ressemble à ce qu'on vit en club. Après, je trouve qu'on est plus dans l'échange et le partage. Les anciens sont là mais aussi ceux qui orientent le jeu comme les demi-centres. Il faut qu'on aille tous dans le même sens et qu'on aide ce staff. 

Le Mondial est-il déjà présent dans les têtes ? 
Forcément même si on ne peut rien anticiper. On se doute que cela sera particulier. Il y a plus d'équipes donc, en fonction de l'épidémie, il y aura des mesures strictes qu'il faudra accepter. 

En Allemagne, des joueurs ont décliné la sélection. Peux-tu les comprendre ? 
En fait, ils font comme ils veulent, ils ont leurs raisons. Tant mieux pour eux, tant pis pour l'Allemagne. S'ils pensent qu'il y a du danger avec le virus, on peut comprendre leurs motivations. Je ne les partage pas, chaque raisonnement est différent. 

Ce Mondial pour les Bleus, c'est un vrai objectif ou c'est une bonne préparation au TQO en mars ? 
Pour aborder idéalement le TQO, il faut arriver avec des certitudes et un moral élevé. On aura joué le championnat du Monde, ce qui signifie qu'on n'a aucune question à se poser. En toute humilité, on ira chercher la gagne. On est quand même conscient qu'on s'est complètement raté lors de la dernière compétition (la France n'est pas sortie de la phase de groupe de l'Euro 2020 en Norvège). On va se présenter en Egypte sur la pointe des pieds mais on essaiera de tirer le meilleur profit de la situation. 

Mais la cible, c'est le TQO ou le Mondial ? 
Le Mondial n'a même pas débuté, tu ne vas pas commencer à me parler du Tournoi de Qualification aux Jeux ! Ce n'est qu'après l'Egypte qu'on y pensera. 

Le titre olympique, c'est le seul qui te manque...
Je sais et cela figure toujours parmi mes objectifs !

Il y a quatre ans, tu avais été très affecté par cette défaite en finale à Rio face aux Danois...
Oui et je n'ai toujours pas digéré ce qui s'est passé. La blessure est toujours là car j'ai le sentiment qu'il y avait la place pour passer. J'ai été déçu de ne pas décrocher l'or. Donc, j'ai une petite idée pour effacer cette frustration. 

Ah tu vois, je t'ai amené à parler des Jeux ! 
Oui, oui...mais l'avenir immédiat, c'est le Mondial !

On l'aura compris. Au fait, bienvenue dans le monde des cadences infernales avec janvier et février quasi invivables...
On ne va pas tomber des nues parce qu'on se retrouve en club, avec des matches reportés qu'il faudra bien disputer un jour ! Certains (comme le PSG ou Nantes) vont devoir jouer 3 matches par semaine, c'est vrai que c'est fou ! On verra comment réagissent les équipes. Cela risque d'occasionner des surprises, même en championnat national !

Que peut-on te souhaiter pour 2021 ? 
Que l'année soit meilleure que la précédente. Sur le plan sanitaire et professionnel, je ne pense pas que cela puisse être pire ! 

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