Les ailières gauches
Manon Houette non remise totalement de sa rupture des croisés de la saison dernière, c’est un trio qui a commencé la compétition, pour finir en duo, Coralie Lassource étant « sacrifiée » sur la rentrée d’Orlane Kanor. La vraie nouveauté c’est la performance de Chloé Bouquet-Valentini qui a enchaîné les prestations de haut niveau sur cet Euro.
Une taulière toujours aussi nécessaire
Siraba Dembélé : LA capitaine était de retour pour cet Euro, et autant dans le jeu que dans la vie du groupe, on a vu que sa présence était toujours aussi indispensable. Reine de la contre-attaque, on cherche encore celle qui est capable de la rattraper une fois qu’elle est lancée, elle a été d’une efficacité redoutable au shoot avec un ratio un peu hors norme pour une ailière de 88% de réussite (14/16)… Plus de 20% de plus que ses 3 autres coreligionnaires du côté du 40x20. Pourtant ce n’est pas l’ailière gauche qui a le plus joué. Sa jeune comparse, Chloé Bouquet-Valentini est largement au-dessus en temps de jeu. Mais quand elle a été sur le terrain, entre défense en lecture, même si certaines de ses adversaires ont parfois fait un show comme Jovanka Radicevic, montée de balle et finition sur décalage, du très beau boulot, ce qui prouve qu’à 34 ans, on est loin d’être finie pour le très haut niveau. Elle a encore de belles compétitions dans les jambes, cela s’est vu au Danemark.
Coralie Lassource : 29 minutes de temps de jeu sur 2 matches pour la Brestoise. Pas de quoi faire un vrai bilan. Elle devait se savoir en sursis par rapport à la rentrée d’Orlane Kanor et cela a peut-être un peu plombé offensivement son rendement. On n’a pas retrouvé la reine de l’aile gauche du BBH, et l’éclosion voir l’explosion de Chloé Bouquet-Valentini sur cet Euro et le retour possible de Manon Houette dans la course vont peut-être un peu assombrir son avenir en bleu.
Surprise, surprise !
Chloé Bouquet-Valentini : A l’évidence, la grosse révélation à l‘aile pour les Bleues. Déjà vue très à son avantage lors de la Golden League, la Bisontine a parfaitement pris tout ce qu’on lui offrait. Elle a commencé par être à 100% au shoot, avant de fléchir un peu en fin de compétition, mais sur le reste du jeu, il n’y a pas grand-chose à jeter. Défensivement, c’est un vrai roc ! Pourtant ses 1.65m et ses 65 kilos n’en font pas un monstre dans le domaine, mais il y a un paquet d’arrières droites et d’ailières droites qui toussent encore de l’avoir croisé sur leur chemin. Elle y rajoute une rapidité en contre-attaque qui en fait presque l’égal de Siraba Dembélé, c’est dire ! Et une main hors norme pour attraper des ballons impossibles. Au shoot à l’aile, son 8/11 prouve qu’elle a une grosse variété de tir, mais son coin long en bas est un supplice pour les gardiennes adverses, méfiance toutefois, elle va vite être scoutée et son jeu décortiqué, à elle de se renouveler. Seul bémol, ses duels plein centre en contre-attaque, son 4/8 final fait un peu tâche, et si il n’est que circonstanciel, alors à 25 ans, la Bisontine de toujours continuera longtemps à faire des étincelles en Bleu.
Les ailières droites
Si Blandine Dancette avait été appelée en réserviste, on sait maintenant que depuis 3 ans, les taulières du poste s’appellent Pauline Coatanea et Laura Flippes. Clairement, ces deux là ont fait le boulot et plus que proprement pour un poste longtemps parent pauvre de l’équipe de France. Un duo de top niveau mondial comme le prouve leurs performances sur cet Euro.
Reine du coin droit
Pauline Coatanea : La plus utilisée des deux, il faut dire que face à la Suède, Laura Flippes soignait sur le banc son genou meurtri par le pied droit d’une certaine Kalinina. Mais dans la performance, on peut dire que ces deux-là s’entendent au mieux ! Si leur jeu a de grosse disparité, la Bretonne est une pure ailière, la Parisienne une arrière qui se reconverti ailière en Bleu. Mais question efficacité, aussi bien défensive qu’offensive, c’est la parité entre ces deux-là. Si on doit émettre une petite réserve, c’est dans l’efficacité purement sur les tirs d’aile que Pauline Coatanea pouvait encore faire plus. 5/11, c’est juste, mais il faut aussi voir que par moment, quand les Bleues ne savaient plus quoi faire on envoyait la balle à l’aile en manière d’ « Ave Maria » avec une grande prière pour que l’ailière en question réussisse son shoot. Pas le plus simple. Si c’est un point un peu juste, question défense, là, rien à dire. Montées inversées, interception, solidité, toutes les facettes d’une défense de haut niveau à l’aile, le pendant de Chloé Bouquet-Valentini à droite.
Le genou de Laura
Laura Flippes : D’abord, en tout premier l’image et surtout le son de ses hurlements après avoir reçu Kalinina sur le genou lors de France Russie restera une image forte de cet Euro. Beaucoup, et nous en premier, ont pensé que c’était grave et que le genou de la parisienne avait cédé. Heureusement, ce ne fut qu’une grosse contusion et un match sur le banc face à la Suède et la machine était repartie. La machine a chiper des ballons, à jouer dans la dissuasion coupant la fluidité de l’attaque adverse. Et en attaque Laura Flippes est capable de jouer sur bien des espaces. Un peu en difficulté elle aussi à la finition pure de l’aile, il ne faut pas oublier qu’elle joue exclusivement arrière avec Paris depuis le retour de Ryu en Corée. Alors elle a dû retrouver ses marques, ce qui peut expliquer quelques échecs. Par contre son passé et présent d’arrière lui permet d’aller chercher fortune ailleurs, et là, avec une très grosse efficacité avec ses appuis de feu et sa vitesse. On n’était pas loin de la très grande Laura Flippes, celle qui regardait les yeux dans les yeux, les plus grandes gauchères de la planète handball en 2017 et 2018.
Les pivots d’attaque
Dans les 17 utilisées à l’Euro par Olivier Krumbholz, pas la peine de chercher les options offensives en pivot, il n’y en a quasiment qu’une et une seule. Longtemps avec du temps de jeu en attaque, Béatrice Edwige a été réduite à la peau de chagrin dans le domaine par une gamine de 19 ans. Mais quelle joueuse !
Et dire qu’elle peut encore progresser
Pauletta Foppa : Longtemps, l’équipe de France a cherché un pivot de position capable de faire imploser une défense, aussi solide soit-elle. La perle rare est arrivée et confirme de compétition en compétition qu’elle a un avenir à très, très haut niveau. Une main hors norme, à côté, celle de Nicolas Tournat passerait presque pour normale. Puissance, vitesse, explosivité, du grand art techniquement au poste de pivot en attaque ! Bref, l’équipe de France a sans doute trouvé son pivot majeur pour la décennie à venir, voire plus. Car il ne faut pas oublier que Pauletta Foppa n’a que 19 ans… La voir mettre dans sa poche les Kari Brattsett, Marit Frafjord et autre Sanna Solberg en finale a été un régal pour les connaisseurs du poste. 20 buts, 7 jets de 7 mètres provoqués, 5 passes décisives, n’en jetez plus la cour est pleine, et encore il y a quelque scories à corriger à la finition ! Mais si tout était parfait, on serait presque en droit de se demander comment pourrait-elle encore progresser. En plus de tout son arsenal offensif, elle a été un vrai apport défensif. Souvent utilisée en poste 2 à droite ou en central avec Béatrice Edwige, elle a montré toute sa solidité en y ajoutant sacré un record chez les Bleues : Celui de la meilleure interceptrice française de la compétition avec 10 unités et 2° au général derrière la Néerlandaise Kelly Dulfer. Mieux que les 9 chapardages d’Estelle Nze Minko, excusez du peu… Bref, hormis pépin physique, on ne voit pas qui pourra challenger Pauletta Foppa pour le poste de pivot en attaque chez les Bleues.