On pouvait redouter que Pays d’Aix n’y arriverait pas. Rattraper le retard accumulé après l’avalanche des reports. Le cahier des charges pourrait être rempli et la barre des dix rencontres, atteinte juste avant Noël. Contraints et forcés, les Provençaux qui restaient sur cinq succès consécutifs ont inauguré la saison dans leur salle, samedi dernier en s’imposant de très belle manière face à Nîmes. Parmi les artisans de ce succès, un trentenaire avide de retrouver les sommets. William Accambray reste persuadé que le PSG n’est pas intouchable et que son avenir en sélection tricolore n’est pas consumé.
Comment expliquer cette belle série aixoise ?
Cela passe avant tout par la cohésion du groupe. On prend plaisir à se retrouver, à s’entraîner ensemble et à jouer les matchs, on a une équipe expérimentée qui a envie de progresser. Tout cela fait que cela se passe très bien sur le terrain.
Le dernier large succès face à Nîmes est-il significatif de cet état d’esprit ?
Oui, ça l’est parce que le match avant à Dunkerque a été très difficile, on était à 6 buts derrière et on a été capable de revenir et s’imposer à la fin. Ce match contre Nîmes a été le plus accompli depuis le début de la saison, on n’a pas eu le moindre trou d’air.
C’est surtout l’écart au score qui surprend…
Oui après il faut remettre les choses dans l’ordre, Nîmes était handicapé par des absences comme celles de Nyateu, Salou, Kavticnik, on a su profiter aussi de la situation avec de notre côté, une équipe au complet qui tourne bien. C’était aussi notre 1er match de la saison à la maison donc c’est important, il y a des joueurs dont je fais partie qui n’avaient jamais évolué dans la grande salle.
Malheureusement, sans supporters dans les tribunes…
C’est frustrant parce qu’on pratique un sport spectaculaire, les spectateurs contribuent aussi au show, c’est ce qui fait que les gens aiment venir voir du hand aussi. Il y a le match en tant que tel mais également l’ambiance qui l’entoure. C’est particulier mais honnêtement, une fois qu’on est sur le terrain, on est concentré sur le jeu et on arrive à oublier l’environnement.
Il y a dans cette équipe, des individualités comme Pardin ou Kristjansson qui se distinguent du lot…
Il y a dans le groupe, une certaine émulation. Wesley est là depuis un moment et je pense qu’il est arrivé à pleine maturité et ses performances sont exceptionnelles, il y a l’Islandais, c’est vrai qui tourne bien mais il n’est pas le seul. Par exemple sur le match de Nîmes, c’est l’autre arrière droit Garcianda qui s’est mis en évidence. Les deux ne parlent pratiquement pas français mais on sent qu’ils ont la volonté de bien faire. On a aussi Marco Racic qui avait peu de temps de jeu jusque-là et qui depuis deux rencontres est devenu cet atout qui nous faisait défaut en défense et sur le poste de pivot, avec un profil différent de Pecina, c’est cette somme de talents qui fait notre force collective.
Et toi dans tout ça ?
(sourires) J’essaie d’apporter ce que je peux ! C’est forcément plus simple de s’exprimer lorsque le jeu est plus léché.
Aix n’a disputé que 7 matches, comment peut-on mesurer votre potentiel ?
Je retiens surtout qu’il a 6 victoires et une courte défaite (-3) à Paris. Et dans le lot, six rencontres à l’extérieur.
Les dix matches à atteindre au 21 décembre… Allez-vous y parvenir ?
Je pense qu’on va y arriver avec la possibilité de caler des dates en semaine, il va bien falloir jouer les matches qui ont été reportés. Je suis même certain qu’en fin de saison, le calendrier sera à jour. Les clubs ont compris qu’il fallait faire des efforts et qu’on avait tout intérêt à préserver la formule actuelle.
Pourtant vos dirigeants n’ont pas éludé les difficultés économiques dans lesquelles Aix pouvait se trouver en instaurant le huis clos…
C’est à eux de maintenir le club à flots. Nous joueurs, la seule chose qu’on puisse faire, c’est être efficaces sur le terrain et gagner les matchs.
As-tu eu des doutes sur la santé financière du club ?
Ca, c’est quand on est dans l’inconnue. On sait qu’on vit une période particulière et le handball n’est pas le seul sport impacté. J’ai des copains au volley, au rugby et l’inquiétude existe. La seule chose que je réclame aux dirigeants, c’est qu’il y ait de la clarté. C’est important que les clubs communiquent avec les joueurs sur la situation économique. Ce serait mal venu d’apprendre les mauvaises nouvelles en lisant le journal.
Vous faites partie du Top 5, avez-vous les moyens d’être plus gourmands ?
A titre perso, si je suis revenu dans le championnat et si j’ai signé à Aix, c’est pour viser le titre ! On fait un très bon début de saison, il n’y a pas de raison que cela ne continue pas.
Aix trouble fête notamment vis à vis du PSG ?
Nous ne sommes pas les seuls ! Nantes et Montpellier ont, je pense, les mêmes ambitions. face au PSG (lors de la 1ère journée), on était à une action ou deux de faire basculer le résultat. Paris n’est pas intouchable.
Ton retour… pour gagner, tu le disais, mais pas que ?
Pendant trois ans, j’ai eu des opportunités à l’étranger (Veszprém, Celje, Meshkov Brest), ce n’est ni un exil, ni une envie folklorique, les clubs où j'étais jouaient les 1ers rôles.
A 32 ans, penses-tu déjà à l’après-carrière ?
Pas obligatoirement. Je n’ai jamais eu de plan de carrière spécifique. J’ai un contrat avec Aix jusqu’en 2023, si ça se passe bien, pourquoi ne pas prolonger ? Je suis vraiment dans mon élément, dans une situation géographique qui me permet d’être à proximité des miens.
Tu es dans la liste des 35 de l'équipe de France, cela suffit-il à ton bonheur ?
Mon bonheur, non ! Je n’irai pas jusque-là. Être dans cette liste, c’est bien mais pour moi ce n’est pas significatif. Ce qui m’intéresse c’est être dans les 16 ou les 18 appelés à disputer les compétitions.
Es-tu encore loin pour prétendre à une place dans ces 18 ?
Ce n’est pas à moi de le dire, il y a un staff pour ça. Avec le dernier sélectionneur, il y avait pas mal de soucis, il y a peut-être aujourd’hui, une meilleure ambiance, une meilleure façon de fonctionner… La seule chose que je maîtrise, ce sont mes performances avec le club. mais bon, je l’étais (au niveau) aussi les dernières années notamment en Ligue des Champions à l’étranger mais bon, apparemment, ça ne suffisait pas. On verra cette année…
Ton but est-il de participer à tout ce qui attend les Bleus en 2021 ?
J’ai intégré l’équipe de France en 2009 et j’ai toujours eu la volonté d’en faire partie. Ce qui m’a fait vraiment mal, c’est d’en être écarté du jour au lendemain. Sans explication. Aucun appel, aucun message. Aujourd’hui, j’ai toujours l’envie d’aller chercher des titres avec la sélection.