C’est un rayon de soleil qui viendra encore un peu plus égayer son quotidien. Dans les prochains jours, Kentin Mahé sera pour la 2ème fois papa. De quoi lui redonner la banane après plusieurs mois passés entre doutes et frustration. Celle de ne pouvoir pleinement s’exprimer sur un terrain de handball. Surtout lorsqu’on a connu les feux de la rampe, suspendu de nombreuses breloques à son cou et surtout rajouté le nom d’un 4ème club prestigieux (après Gummersbach, Hambourg et Flensbourg) Veszprém, à sa carte de visite. Avec la petite Vida qui venait de faire ses 1ères dents et sa compagne Franziska, l’international tricolore avait tout pour être comblé. Et pourtant. Fin novembre 2019, un genou gauche récalcitrant le conduit directement vers le bloc opératoire. Au moins quatre mois de convalescence qui se mélangent à l’incertitude d’une période troublée. En début d’année, la Covid s’invite un peu partout en Europe et la Hongrie n’y échappe pas. Arrêt de toutes les compétitions. Kentin travaille d’arrache pied pour se remettre à niveau. Le temps presse d’autant qu’à Veszprém, la concurrence sur le poste de demi-centre est redoutable. Deux matches de Ligue des Champions (contre Zagreb et Zaporozhye), six en Ligue hongroise, à quelques exceptions près, ses apparitions sur le terrain se sont raréfiées. Comble de malchance, à la mi-octobre, il est rattrapé par le virus qui l’isole encore un peu plus. Plus question désormais de rater les prochaines échéances. Le Final Four de la Ligue des Champions 2019-2020 fin décembre et un retour espéré en sélection nationale. Avant de changer de club ? A bientôt 30 ans, découvrir la Starligue ne lui déplairait pas.
Kentin Mahé : "J'ai une vraie affection pour Veszprém" (Photo Patrick Davignon)
Il y a un an, as-tu pris la bonne décision de te faire opérer ?
Ce qui est fait est fait. Il y a des choses comme l’opération qui se sont bien déroulées, d’autres moins. Notamment dans la manière dont j’ai été médicalement suivi. Les torts sont partagés et je n’ai pas forcément envie d’en reparler. Je veux désormais me projeter vers l’avant.
Y’a-t-il eu un désaccord avec le club sur une reprise peut-être trop rapide ?
Je ne pense pas que le problème soit à ce niveau. Je suis dans une des meilleures formations d’Europe qui met à ta disposition, des moyens fantastiques pour que tu te sentes bien du point de vue handballistique, tout est professionnel. J'ai une vraie affection pour Veszprém qui m'a permis pour la 1ère fois de participer à une finale de Ligue des Champions (en 2019, perdue face au Vardar) et Il y a pourtant une faille ici, du côté du staff médical. Et le club qui ne gère pas le protocole de convalescence en est conscient. Il y a un manque évident de coordination et j’ai vécu une mauvaise période.
T’est-il arrivé de céder au découragement ?
Ce n’est pas dans mon tempérament. Avec l’aide de plusieurs personnes, notamment de mes proches, j’ai essayé de revenir à mon niveau. Dans l’immédiat, mon principal but, c’est la naissance de mon fils et ensuite, retrouver les terrains de la meilleure manière possible.
Quand le virus a tout contrarié, tu as fait le choix de rester en Hongrie…
Oui, car le climat était agréable, j’ai voulu continuer ma rééducation et passer plus de temps avec ma fille qui a fait de nets progrès en français (sourires). Ensuite, on est rentré en Allemagne pour que ma femme qui était enceinte, fasse ses examens.
Il y a quand même eu cette reprise en juillet où tu étais loin de ta plénitude…
C’est sûr mais petit à petit avec la confiance du coach, j’ai atteint un niveau constant. C’est un peu rageant car juste avant d’être infecté par la Covid, j’avais de très bonnes sensations avec 2-3 matches-référence, du vrai temps de jeu, un plaisir retrouvé, le fait d'oublier la blessure au genou, de me sentir libre et la perspective d’être à nouveau sélectionnable en équipe de France. Mais bon, rien ne s’est passé comme prévu.
En Hongrie, les mesures sanitaires sont-elles plus strictes qu’ailleurs ?
C’est surtout très long ! Pour te donner une idée, j’ai été testé positif le 22 octobre et mon prochain match, si je joue, c’est ce mercredi contre Aalborg. Il s’est donc passé cinq semaines dont trois et demi d’inactivité complète pour suivre les consignes du club. Sans muscu, sans possibilité de courir, sans toucher le ballon une seule fois, confiné à la maison, je ne te fais pas un dessin. Pour une reprise, au milieu de la saison, être scotché au canap’, ce n’est pas l’idéal.
C’est presque comme si tu devais repartir de zéro ?
C’est exactement cela. En sachant que le temps défile et que le Final Four de la Ligue des Champions, s’il a lieu, approche. Là, ma priorité, c’est d’être d’attaque pour le disputer.
Le coach David Davis compte-t-il toujours sur
toi ?
Oui, je crois. David m’a montré une autre vision du handball qui m’a fait vraiment mûrir. Et quoi qu’il arrive, je resterai motivé tout en ayant aussi dans un coin de ma tête, les échéances de l’équipe de France.
D’autant que 2021 s’annonce chargé…
C’est évident que j’ai envie de participer à l’aventure avec la sélection, j’ai envie de montrer que je suis encore là. Si cette dernière saison n’a pas été géniale au titre de la performance, je pense qu’avant ça, j’ai produit de belles choses et que je pouvais être au rendez-vous tout au long d’une saison. J’ai bientôt 30 ans et j’entre dans mes meilleures années de handball. En tout cas, je l’espère.
Tu es en fin de contrat avec Veszprém, comment envisages-tu l’avenir ?
Pour l’instant, aucune décision n’a été prise mais je suis ouvert à tout.
"En Starligue... Au PSG ? Forcément une piste très plaisante !"
Ah bon ? Même prêt à venir jouer en Starligue ?
C’est vrai que mon approche a changé. Je suis père de famille de bientôt deux enfants et j’ai le souhait qu’ils apprennent la langue à l’école française. C’est aussi une source de motivation pour venir voir ce qui se passe en France. Evoluer en Starligue peut être un très beau challenge pour moi. Chaque fois que je me trouvais en fin de cycle, je savais très tôt où j’allais la saison suivante, cette fois-ci, ce n’est pas le cas.
A quel style de vie
aspires-tu ?
Je suis plus à la recherche du bonheur familial. Avec un peu d’audace, de créativité et surtout beaucoup d’affection envers ses enfants, il suffit juste d’y croire pour s’en rapprocher. C’est ce qui m’inspire en ce moment. J’ai une certaine tranquillité que j’avais peut-être un peu moins quand j’étais plus jeune.
Pour une arrivée en Starligue, il faut que les ambitions du club soient élevées…
J’ai toujours visé haut en étant dans les meilleures conditions pour disputer la Ligue des Champions, pour être régulièrement sélectionné en équipe nationale mais je peux comprendre que les clubs français ou d’ailleurs puissent se poser des questions et se dire… Il n’a pas joué pendant un an ! Je peux aussi leur répondre que personne n’a disputé une année complète et que j’ai vraiment l’intention de me rapprocher du niveau qui était le mien en 2018.
Un club français doit-il faire le pari de Kentin Mahé ?
Plus que jamais ! Il faut absolument faire le pari de Kentin Mahé (rires).
Inévitablement, on pense à un club qui remplirait bien des critères… le PSG !
(il feint comme une approbation)… Paris étant ma ville natale, même si je n’y ai jamais habité.... le PSG… c’est forcément très attractif. Et Paris domine le handball français. Et comme j’ai envie d’évoluer au sommet, c’est une piste qui est très plaisante. Est-ce que cela sera plus qu’une piste ? Ça reste en tout cas, une éventualité.