Avec Edgar Dentz, il existe dans le vocabulaire, des mots qui ne servent pas à grand chose. On aurait pu le croire "revanchard" après tous les aléas de la vie qu'il a du surmonter.. pas du tout. Le gaillard, arrivé voilà plus d'un an à Chartres en provenance de Nancy alors qu'il venait gravement de se blesser, regarde plutôt vers l'avant et ne va pas passer son temps à se lamenter. Il espère aussi gagner toute la confiance de Toni Gerona, l'entraîneur chartrain. Confiance pour une place de pivot dans l'équipe et surtout vivre à 100% une passion chevillée au corps depuis qu'il est sorti de la maternité. Dentz ? Bon sang, mais c'est bien sûr ! Le fils de Thierry, l'arbitre qui a cassé son sifflet le 30 janvier dernier. P..... de jeudi ! Difficile à encaisser. Pour nous tous, mais surtout pour Valérie son épouse, pour Alex et pour Edgar, le dernier de la fratrie qui comme un célèbre tailleur de menhir est tombé dedans lorsqu'il était petit. Alors l'Alsacien passé par Cernay, comme Thierry Omeyer n'a désormais qu'une idée en tête. Se projeter et dévorer tout ce qui se présente face à lui. Et tout Chartres se frotte déjà les mains.
Thierry nous a quittés voilà 8 mois, comment as-tu traversé cette épreuve ?
Au début, très difficilement. Le handball avait perdu un arbitre, certains un ami, pour moi, c'est mon père qui n'était plus là. Plus encore, mon référent. Celui qui me prêtait toute l'attention nécessaire quand j'avais des questions, des doutes, des conseils à quémander. Il était aussi le seul à savoir me canaliser. J'avoue que j'ai eu très peur du vide qu'il allait laisser.
Plein de souvenirs ont du remonter à la surface ?
Ado', je l'ai souvent suivi sur les matches. Avec Denis (Reibel), il avait une conception particulière du rôle à tenir. Ce n'est pas parce que tu représentes une certaine autorité que tu ne dois pas être convivial. Dès le match terminé, le côté chaleureux, souvent blagueur, un peu charmeur même, reprenaient le dessus.
Cette attitude lui a parfois été reprochée…
C'était sa marque de fabrique mais ce que peu de gens savent, c'est qu'il se remettait en question en permanence. Le lendemain d'un match, il nous appelait mon frère et moi et on débriefait ce qui s'était passé. L'anecdote la plus marquante reste quand même le quart de finale européen entre Kielce et Flensburg.
Ah oui ! Ce penalty sans doute injustement refusé aux Allemands qui les privent peut-être du Final Four à Cologne en 2016 (28-28 à l'aller et 29-28 ensuite en faveur des Polonais).
Cela est allé très loin ! Il y a même eu des menaces de mort sur les réseaux sociaux. Mon père aurait pu tout ignorer mais il a pris son téléphone et a appelé directement le président de Flensburg pour reconnaître son erreur et s'excuser.
Il y a eu ce malheur à (di)gérer mais aussi pour toi, cette série de blessures…
La cheville, le dos, une convalescence difficile, l'état de papa, le voir dépérir, rien n'a été évident. J'ai failli craquer mais en même temps face à ceux qui m'ont entouré, vis à vis de ma mère notamment, je me devais de faire face.
Arrive le confinement..
Je voulais montrer à Chartres qu'ils avaient eu raison de me faire confiance. Mais j'étais un peu court, je revenais de blessure, c'était normal que le coach ne me sollicite pas. En plus, Youssef Ben Ali était bon et incontestable sur le poste. 2019-2020 ? une saison... (hésitations) j'allais dire.. à oublier mais d'un autre côté, ça aide à forger le mental. L'arrêt prématuré du championnat, je l'ai pris comme un signe.
Ah bon ?
Oui, il fallait que je me lance dans la prépa. J'avais les crocs ! Motivé comme jamais.
Sur un poste très concurrentiel.. (voir plus bas)
J'espère avoir pas mal de temps de jeu mais rien n'est acquis. C'est un challenge qui me plaît, qui me stimule. Je pense avoir un bon feeling avec le coach, je n'ai pas trop de questions à me poser.
16 équipes au lieu de 14 en D1. Cela donne plus de marge ?
Tu ne seras pas surpris si je te dis que pour Chartres, l'objectif majeur est le maintien. Cela ne nous empêche pas d'avoir d'autres ambitions. Il faut ne pas oublier d'où l'on vient et surtout ne pas s'enflammer. Il y aura des matches à cibler, à gagner impérativement.
Celui de Montpellier était inaccessible...
On n'y est pas allé pour passer un moment et prendre une fessée. On a je pense, montré un visage positif qui malgré le résultat final (défaite de – 6) peut nous faire espérer une bonne saison.
Qu'est ce qu'il va falloir urgemment rectifier ?
Notre entame. Montpellier nous tue dans le 1er quart d'heure en exploitant notamment nos trop nombreuses pertes de balle. Passé cela, on peut dire qu'on a fait jeu égal mais on a couru après le score.
Prochain match, nouveau cadeau de taille : Nantes. Mais à domicile.
Justement, on sera chez nous face à une équipe qui est allée s'imposer de 8 buts à Kiel ! On va tout faire pour ouvrir notre compteur. Le port du masque ne doit pas empêcher nos supporters de nous pousser. De notre côté, que ce soit Nantes ou une autre équipe, il faut sortir de cette confrontation sans aucun regret.
A Chartres, ménage à trois sur le poste de pivot
Le challenge est très intéressant. Edgar Dentz devra défendre son poste aux côtés du Russe Denis Vasilev et du géant (2.02) brésilien, Léonardo de Almeida.
Alors que ses partenaires avaient presque tous renouvelé leur bail chez les Ours de Chekhov, Denis Vasilev (notre photo) a saisi à 26 ans, l'opportunité de partir à l'étranger et de goûter au championnat français. Quel endroit plus idéal que Chartres où il allait retrouver son compatriote Kudinov et l'Ukrainien Onufriyenko ? Pour la langue, voilà une affaire réglée. Le pivot russe avait pourtant d'autres options mais il a choisi la préfecture de l'Eure-et-Loir parce que « ceux qui lui en avaient parlé, ne lui en avaient dit que du bien. » Pour cause de pandémie et de visa retardé, le gaillard d'1m96 pour 95 kg a raté une grande partie de la préparation mais a fait une entrée remarquée (5/5) lors de la 1ère journée, en déplacement à Montpellier. A l'aise aussi bien en attaque qu'en défense, il s'est fixé un objectif majeur hors du 40x20 : apprendre le français. Sur les bords de l'Eure, il entend aussi passer des jours heureux. En compagnie de Daria Samokhina, l'ailière gauche internationale d'Astrakhan. Ensemble, ils attendent un heureux événement. Rien de tel pour booster une nouvelle aventure.
Leonardo De Almeida lui, est arrivé à Chartres il y a un peu plus d'un an, après avoir joué les globe-trotters avec depuis le Brésil, un passage par l'Espagne (Leon), la Suède (Halmstad) et retour en Liga espagnole (Puente Genil). A 28 ans, le "Pauliste" a participé aux 18 matches de la saison passée, a marqué 14 buts et sur son carnet de notes, le prof principal a inscrit : « Peut largement mieux faire ! » Le message est bien enregistré d'autant que le pivot a été rappelé en sélection nationale. La "Seleção" qualifiée dans le groupe de la mort (avec Espagne, Tunisie et Pologne) pour le Mondial égyptien voudrait valider son billet pour les Jeux Olympiques quelques mois plus tard en Norvège face à leurs hôtes, à la Corée et au Chili. Comme il y a deux places, c'est largement jouable et "Leo" se verrait bien découvrir le Japon en été.
Zoom sur la 2ème
Aix avait fait les yeux doux à Montpellier pour inverser l'ordre de la rencontre mais le MHB a refusé. Les Aixois se sont donc appuyés sur le règlement et comme selon la volonté des dirigeants de la LNH, aucun match ne doit se dérouler à huis clos (décision préfectorale), l'opposition sera belle et bien reportée. Avec Créteil-Dunkerque (programmé le 13 octobre), c'est la 2ème au bout de deux journées.
A suivre: la 1ère réception officielle en Starligue de Limoges à Beaublanc face à Créteil (l'ambiance selon Maître YassYoda promet d'être "thermiquement enthousiaste")
A suivre aussi: la 1ère officielle à domicile pour son retour en France de Robin Dourte sous ses nouvelles couleurs ivryennes face à St Raphaël. Même particularité même s'ils n'avaient pas quitté le pays, à Tremblay pour Joël Da Silva sur le banc face à Chambéry et pour "Benji" Afgour à Dunkerque face à Istres.
La tuile: pour le pivot cessonnais Romaric Guillo (notre photo) blessé lors du 1er match contre St Raphaël. Verdict: grosse entorse au genou droit et absence durant les deux prochains mois. Igor Anic et Hugo Kamtchop devront faire le boulot.
L'affiche incontestable: Toulouse-Nîmes devant une assistante réduite au plus grand désappointement des dirigeants toulousains, Philippe Dallard en tête. Mais en Haute Garonne, les normes dues à la Covid sont drastiques. Côté stats.. c'est assez particulier: en championnat de D1, les deux dernières oppositions se sont soldées par deux nuls (32-32 et 29-29), saison 2017-2018, ce sont les Nîmois qui étaient allés s'imposer chez le Fénix (27-29), le dernier succès des Hauts-Garonnais dans leur antre face à l'USAM remonte à juin 2017 (33-28).
Deux arbitres au repos forcé: Charlotte et Julie Bonaventura qui devaient siffler Pays d'Aix - Montpellier..