bandeau handzone

Rétro : aux bons souvenirs de Sophie Herbrecht

Nationale 1F

dimanche 26 avril 2020 - © Laurent Hoppe

 6 min 57 de lecture

La dernière championne du monde 2003 en activité vient de prendre sa retraite handballistique. Après plus de vingt ans de haut niveau et une ribambelle de titres, la demi-centre alsacienne, qui a fait les belles heures de Besançon, du Havre ou d'Issy, revient sur quelques matches, anecdotes et personnes inoubliables.

L'interruption définitive des championnats nationaux, imposée par le Covid-19, a mécaniquement avancé la fin de carrière de Sophie Herbrecht. Programmée le 23 mai, soit la dernière journée du championnat de N1, la quille a eu lieu dès le 7 mars. Ce samedi-là, l'US Altkirch, son club depuis la rentrée 2018 (sixième de la poule 3), est allé faire match nul à Yutz (28-28).

Sans préavis,

La suite de l'article est reservée aux abonnés...

L'interruption définitive des championnats nationaux, imposée par le Covid-19, a mécaniquement avancé la fin de carrière de Sophie Herbrecht. Programmée le 23 mai, soit la dernière journée du championnat de N1, la quille a eu lieu dès le 7 mars. Ce samedi-là, l'US Altkirch, son club depuis la rentrée 2018 (sixième de la poule 3), est allé faire match nul à Yutz (28-28).

Sans préavis, la femme aux 11 clubs (*) et 193 sélections en bleu (de 2001 à 2012), qui a tout gagné ou presque (Mondial 2003 avec les Bleues, bronze aux Euros 2002 et 2006, Coupe des Coupes 2003 et trois championnats avec Besançon, cinq Coupes de France, deux Coupes de la Ligue) et participé trois fois de suite aux Jeux Olympiques (Athènes 2004, Pékin 2008, Londres 2012), venait de quitter les terrains pour se consacrer entièrement à ses deux emplois à mi-temps : comportementaliste animalière « en tant qu'auto-entrepreneuse » et « responsable club et collectivités » dans un magasin de sport à Kingersheim (Haut-Rhin). « Je gère l'équipement et le matériel pour les clubs, les municipalités, les écoles de la région », précise la Mulhousienne de 38 ans, qui en avait 16 lorsqu'elle a découvert la Première division, en surclassement, au HBC Kingersheim (saison 1997-98). S'il est parfois difficile de trier les souvenirs accumulés en 22 saisons, Sophie Herbrecht y a néanmoins trouvé de quoi concocter son best of.

 

Sophie Herbrecht, avoir disputé son tout dernier match sans le savoir sur l'instant, c'est une sensation étrange ?

« C'est inattendu, inhabituel, mais pas si grave que cela. Et dans un sens, ce n'est pas plus mal. Au moins, le match s'est joué normalement, sans pression particulière. Il s'est bien déroulé pour nous et pour moi (5 buts à Yutz). Le seul regret, c'est qu'il n'ait pas eu lieu à domicile. »

Venons-en au bilan de carrière. Lorsque vous le regardez, quelle est votre première impression ?

« Je me dis que ma mission est accomplie. J'ai vécu ce que j'avais à vivre, gagné ce que j'avais à gagner. Je pense avoir bien bossé pendant ces vingt ans, avoir fait le maximum. Je suis fière de que j'ai fait, de ce que j'ai apporté. »

Quels sont vos meilleurs souvenirs de joueuse ?

« La saison 2003 a été la plus belle. Tout ce que j'ai joué, je l'ai gagné. La deuxième saison avec Issy-lès-Moulineaux m'a aussi marqué, parce que j'étais avec toutes mes amies et qu'on avait fait une super saison (troisièmes de LFH). La saison au Havre, où je finis meilleure joueuse du championnat (2006), était belle aussi... En équipe de France, le quart de finale à Bercy, en 2007 (contre la Roumanie au Mondial, 31-34 après 2 prolongations), m'a marqué. C'était un de mes meilleurs matches. Il y a aussi le premier match de ce Mondial à Pau, face à l'Argentine (37-12). Tout le monde m'en reparle, je ne sais pas pourquoi... Après, aucun match ne peut passer au-dessus de la finale contre la Hongrie en 2003 (32-29 a.p.). C'était l'apothéose. »

« Aucun match ne peut passer au dessus de France – Hongrie 2003 »

Le/les plus désagréable/s ?

« Le quart de finale olympique à Pékin, qu'on perd contre la Russie (31-32 a. 2 p.) sur une décision d'arbitres, et celui à Londres, contre le Monténégro (22-23), sur une faute de main. Sachant que c'étaient mes derniers Jeux, qu'on pouvait gagner une médaille, celui-là a été lourd à digérer. »

Le match que vous voudriez rejouer pour en changer la fin ?

« Le quart de finale France – Roumanie de 2007. Je suis sûre que si on le gagne, on allait au bout. Et gagner à Bercy, cela aurait été quelque chose. »

Celui à revivre pour son ambiance, ses émotions ?

« Je voudrais rejouer la finale du Mondial 2003, avec mon âge de maintenant. Avec le recul que j'ai, je savourerais plus la victoire, je profiterais plus de ce qu'on a fait. A 21 ans, je n'avais pas trop capté tout de suite ce qui m'arrivait. »

Quelle serait votre équipe idéale ?

« Paule Baudouin à l'aile gauche, Leïla Lejeune arrière gauche, moi et Stine Oftedal demi-centres. Au pivot, je mets Stella Baudouin, la plus belle rencontre handballistique que j'ai faite, et Astride N'Gouan. En arrières droit, Marta Mangué et Ana de Sousa. Alexandra Castioni est une ailière droit qui m'a marqué à Besançon : pour moi, c'est celle qui a inventé la roucoulette inversée chez les filles. Elle a fait pleurer toutes les gardiennes du championnat là-dessus ! Chloé Bulleux mérite aussi d'être là, j'aime sa façon d'être. Comme gardiennes, je mets Valérie Nicolas, qui a marqué une bonne partie de ma vie, et Linda Pradel. »

Les adversaires les plus redoutables ?

« Anita Görbicz m'a fait du mal, Dans une équipe, elle était injouable. C'est l'une des plus fortes. Contre Gro Hammerseng et Marta Mangué, quand je jouais contre elle, c'était aussi difficile. »

L'entraîneur qui a le plus compté ?

« Olivier Krumbholz m'a entraîné pendant douze ans. En équipe de France, c'est énorme ! On a des caractères bien trempés tous les deux, on n'est pas forcément les meilleurs amis du monde. Mais j'aimais sa façon d'entraîner. Le contenu handballistique me plaisait. J'ai progressé avec lui. C'est celui qui m'a entraîné le plus longtemps, il a marqué mes années handball, mais il y en a d'autres. Je ne remercierai jamais assez mes tout premiers entraîneurs à Wittelsheim et à Kingersheim, dont ma mère. Ils m'ont appris les fondamentaux. C'est ce qui m'a permis d'aller aussi haut. »

Le club dans lequel vous auriez aimé rester plus longtemps ?

« Issy-les-Moulineaux (photo ci-dessous). Dans la période où j'y étais, le club est tombé financièrement (en 2009). Du coup, on a dû toutes se séparer. Sans cela, je serais restée beaucoup plus que trois ans. Ca se passait très bien avec Arnaud Gandais et avec les filles. »

« A chaque fois que tu tombes, tu te relèves ! »

Ne jamais avoir évolué à l'étranger, c'est un regret ?

« Dans ma génération, à l'époque où je pouvais encore partir, il y avait le Danemark. Mais les Françaises qui y partaient se cassaient la gueule, à part Val (Nicolas, à Viborg). Les clubs de l'Est n'émergeaient pas encore. Il y avait plus de sécurité à rester en France. A partir de 30 ans, je me suis dit que ça ne servait à rien. Aujourd'hui, si j'avais dix ans de moins, mon but aurait été d'aller à Györ. Pas forcément pour l'argent, mais pour voir comment ce club fonctionne, son professionnalisme, sa rigueur. »

L'anecdote « inavouable » pour laquelle il y a prescription ?

« Je suis quelqu'un de très organisé, réfléchi. Mais il m'est arrivé d'oublier mon maillot, l'année où j'étais à Nîmes. On jouait en blanc, et j'ai dû aller acheter un pauvre tee-shirt blanc, écrire mon nom et mon numéro au feutre. Ce match était télévisé, et je n'ai jamais eu aussi honte de toute ma vie... Ce n'est pas grand chose, mais venant de moi, c'est énorme. »

Si vous deviez croiser la Sophie Herbrecht de 1998, débutante en D1, que lui diriez-vous ?

« De ne pas avoir peur. Des échecs, des défaites, elle va en subir beaucoup. Mais je lui dirais de tout le temps prendre le positif de chaque échec et de se relever. De ne jamais râler ou se morfondre, de ne jamais rester par terre. C'est comme ça que j'ai pu gagner des titres, être mentalement présente dans les matches importants, me relever de problèmes médicaux assez graves. On ne se rend pas compte de la difficulté du milieu professionnel. Il n'y a que ceux où c'est costaud dans la tête qui y arrivent.

(*) Wittelsheim, Kingersheim, Besançon, Le Havre, Issy, Toulouse, Nîmes, Toulon, Brest, Chambray, Altkirch.

A noter qu'une autre demi-centre championne du monde 2003, Myriam Borg-Korfanty (41 ans), qui avait officiellement raccroché en fin de saison dernière, a effectué trois piges ces derniers mois avec Mios (N1 également).

La fiche de Sophie Herbrecht

 

Rétro : aux bons souvenirs de Sophie Herbrecht 

Nationale 1F

dimanche 26 avril 2020 - © Laurent Hoppe

 6 min 57 de lecture

La dernière championne du monde 2003 en activité vient de prendre sa retraite handballistique. Après plus de vingt ans de haut niveau et une ribambelle de titres, la demi-centre alsacienne, qui a fait les belles heures de Besançon, du Havre ou d'Issy, revient sur quelques matches, anecdotes et personnes inoubliables.

L'interruption définitive des championnats nationaux, imposée par le Covid-19, a mécaniquement avancé la fin de carrière de Sophie Herbrecht. Programmée le 23 mai, soit la dernière journée du championnat de N1, la quille a eu lieu dès le 7 mars. Ce samedi-là, l'US Altkirch, son club depuis la rentrée 2018 (sixième de la poule 3), est allé faire match nul à Yutz (28-28).

Sans préavis,

La suite de l'article est reservée aux abonnés...

Dans la même rubrique