Sur l'aile gauche, dans le sillage d'une Siraba Dembélé stratosphérique, Manon Houette parvient à jouer sa partition. A l'issue d'une démonstration collective face à une Tunisie fantomatique, la Messine peut être satisfaite de son rendement.
par Yves MICHEL
Un apprentissage et une éclosion à Fleury-Loiret pendant cinq ans, une expérience qui l’a endurcie la saison dernière à Thuringer en Allemagne et puis à 25 ans, un retour au pays et une signature à Metz, en caressant l’espoir de continuer sur sa lancée. Manon Houette n’a jamais eu l’intention de s’arrêter en si bon chemin et depuis septembre, ses résultats autant en championnat qu’en Ligue des Champions sont la preuve irréfutable que quelque chose d’important s’est passé et que le bagage technique de la native du Mans s’est épaissi. Dans ce contexte, l’intéressée mord à pleines dents dans tout ce qui se présente et l’équipe de France bénéficie de son grand appétit. Sur un poste où Siraba Dembélé est la chef de file incontestée. La capitaine tricolore exilée depuis 2016 à Rostov (Russie) l’a encore démontré ce vendredi, face à la Tunisie en dévalant son couloir à grandes enjambées, gourmande des longues relances de Cléopâtre Darleux après les nombreuses pertes de balle adverses.
Dans son coin, Manon a attendu patiemment et a eu le temps de soigner son entrée en scène. Dembélé avait brillé et s’était dépensée lors des vingt premières minutes (7 buts inscrits), la Messine de six ans sa cadette, a pris le relais en veillant à ce que le rendement de la sélection ne soit en rien perturbé. Au final, les deux artilleuses terminent sur une excellente note (9/9 pour Siraba, 6/7 pour Manon), prêtes surtout à récidiver autant de fois qu’il leur sera permis. Ce vendredi, les deux ailières et leurs quatorze autres partenaires étaient vraiment sur un nuage (score sans appel 35-19)
Même si c'est un score ample face à une Tunisie faiblarde, il y a des satisfactions…
Oui, il fallait attaquer ce match avec sérieux, en prenant par la suite du plaisir et on ne s’est pas privée. On a été performante en défense en début de match pour tout de suite marquer le coup et enchaîner sur des contre-attaques. Tout le monde a eu du temps de jeu, beaucoup ont marqué et la défense a été efficace. Mais il y a encore du boulot.
Dans quel secteur ?
On a pu le voir notamment sur la fin, dans la précision, dans la finition mais ce ne sont que des ajustements et je dirai même que c’est normal puisqu’on est en début de prépa. On va monter en puissance au fur et à mesure, déjà dès dimanche (contre la Slovénie) et ensuite mercredi (contre l’Angola) avant d’entrer dans le championnat du Monde. On doit mettre à profit ces quelques jours qui restent mais on est bien.
Surtout que la France peut se passer de cinq de ses cadres…*
Cela montre qu’il y a une vraie homogénéité dans ce groupe. Il y a des jeunes, des plus anciennes, tout le monde essaie d’apporter sa contribution, c’est, je pense, la véritable différence avec ce que cela a pu être à moments donnés où il y avait vraiment un écart. On voit des jeunes qui arrivent avec d’énormes qualités, elles sont capables de shooter de loin, capables d’apporter de la vitesse de jeu. Les anciennes sont toujours aussi performantes avec notamment le retour très important d’Allison Pineau.
A ce sujet, c’est rassurant de l’avoir dans le groupe ?
Déjà, je trouve qu’elle est dans une forme incroyable. Si vous venez aux entraînements, vous verrez ce dont elle est capable, surtout quelques mois après une grave blessure. Elle s’est parfaitement ménagée pour revenir au bon moment. Sa présence avec nous, est importante. Son expérience est très profitable, c’est quelqu’un de très calme, de très posé, elle a un énorme recul et peut donner un avis qui va compter. Je suis vraiment très contente qu’elle soit là.
Sur un plan personnel, tous les voyants sont au vert…
C’est vrai que je me sens bien, je suis prête si jamais je suis sur la liste et qu’Olivier a besoin de moi. Il y a toujours un doute, on ne peut pas savoir les choix qu’il va faire. On est deux sur le poste, c’est particulier même si on s’entend très bien. Il y a une très belle compétition à disputer, je pense qu’on a une équipe vraiment dense qui a de quoi faire et cet équilibre va faire notre force. Ce sera très important à observer avec l‘enchaînement des matches qui nous attend.
Après l'argent aux JO et le bronze à l’Euro, la France a un statut à défendre
Il y a en effet des attentes de la part des gens autour mais aussi à l’intérieur du groupe parce qu’évidemment quand tu fais une médaille dans deux compétitions majeures et que tu souhaites en faire une à celle d’après, ça serait complètement idiot de dire, on va finir à n’importe quelle place et ça ne sera pas grave. Clairement, je pense qu’on est en train de monter en puissance sur ces dernières années et pour être dans la continuité, ce serait vraiment génial de ramener une nouvelle médaille. C’est l’objectif.
* dans un groupe de 21 joueuses, Amandine Leynaud, Gnonsiane Niombla, Camille Ayglon, Allison Pineau et Blandine Dancette ont été préservées et ont suivi le match des tribunes.
Olivier Krumbholz à l'heure du choix
C'est en principe ce dimanche en fin d'après-midi, à l'issue du 2ème match de préparation du Tournoi Razel-Bec à Coubertin face à la Slovénie qu'Olivier Krumbholz livrera sa liste des sélectionnées pour le championnat du Monde qui débute samedi prochain (le 2 décembre en Allemagne). Fidèle à son habitude, l'entraîneur national devrait amener la 3ème gardienne Catherine Gabriel pour assurer l'équilibre dans les phases d'entraînement. Il n'aurait donc à écarter que deux joueuses. Avec six gauchères, c'est dans ce secteur très concurrentiel qu'il pourrait faire son choix. En se réservant aussi l'opportunité de tenter le pari de la jeunesse et de donner sa chance à une des deux bizuts du groupe, la Niçoise Jannela Blonbou qui pendant les 25 minutes où elle a pu s'exprimer face à la Tunisie, a plutôt donné satisfaction. Reste aussi le traitement réservé à Allison Pineau. On sait que la Brestoise est en phase de reconquête après son opération en juillet de la cheville droite. Sa rééducation s'est très bien déroulée et son retour a pu être avancé. L'idée est de l'amener outre-Rhin et de la préserver le plus longtemps possible. Au moins jusqu'aux deux derniers matches de la 1ère phase: le 7 décembre contre l'Espagne et le lendemain contre la Roumanie qui sont les deux plus sérieux adversaires du groupe. En attendant l'incorporation de la meneuse de jeu polyvalente sur la feuille de match et parer à toutes éventualités, il faudra bien prévoir une réserve supplémentaire. Avec trois demi-centres (Zaadi, Nze-Minko et Horacek) et trois arrières gauches (Niakaté, Niombla et l'autre bizut Kanor), Olivier Kumbholz n'a que l'embarras du choix.