Après sa descente aux enfers il y a plus d’un an, Tremblay a tourné une page et mis tous les atouts de son côté pour retrouver l’élite. Le club de Seine Saint Denis a changé d’entraîneur et a continué à recruter des joueurs d’expérience parmi lesquels Sassi Boultif. L'arrière international retrouve le championnat français et n’a rien perdu de son franc-parler. Notamment lorsqu'il s'agit d'aborder l'épineux dossier de la sélection algérienne.
par Yves MICHEL
« Je l’ai pris pour son expérience, sa détermination, son côté puncheur. Il faudra simplement qu’il révise quelques règles de jeu car en quatre ans, certaines ont évolué. Je ne voudrais pas qu’il soit systématiquement exclu à cause de sa fougue.» Benjamin Braux, le nouvel entraîneur de Tremblay se frotte les mains d’avoir recruté Sassi Boultif. Après une escapade de quatre saisons dans le Golfe, l’international algérien âgé aujourd’hui de 34 ans et passé par Sélestat, Villefranche sur Saône, Vigo (Espagne), Istres et Cesson fait son retour dans le championnat français. Chez un des deux promus où il occupera le poste de défenseur exclusif.
Sassi, ton retour est bien accueilli. Tu ne pouvais rêver mieux…
C’est vrai et c’est bien que des journalistes français s’intéressent à moi car dans mon propre pays l’Algérie, c’est l’indifférence la plus totale. Je reviens dans un des meilleurs championnats européens et pourtant, cela ne sensibilise pas mes compatriotes.
A ce sujet, où en es-tu avec la sélection nationale ?
Ouh là, vaste question ! C’est assez inquiétant car l’échéance de la Coupe d’Afrique des Nations approche (en janvier prochain au Gabon) et rien n’est fait. Il n’y a même pas d’entraîneur désigné à la tête de la sélection. Nous sommes dans l’attente. Je me pose beaucoup de questions pour savoir si je continue ou pas.
Ah bon, pour quelles raisons ?
Après la dernière CAN (en 2016 en Egypte), je me suis fait "démonter". Je m’étais bien préparé mais malheureusement, une dizaine de jours avant la compét’, j’ai été victime d’une talonnade. Je n’ai pu tenir ma place qu’après deux infiltrations de cortisone. On termine 4ème et les médias ont été très critiques. On m’a reproché mon âge, ma motivation, le fait de défendre en n°3... Donc, j’attends de voir comment cela va se passer.
Pourtant, tu es très attaché aux valeurs de ton pays…
Bien-sûr. Je n’ai jamais dit le contraire. Mais tu te rends compte, on n’a pas fait un seul stage depuis… janvier 2016 et on n'a eu qu'un seul entraîneur, Salah Bouchekriou qui ait tenu la route en dix ans ! Pendant ce temps, les autres nations travaillent et nous, on les regarde. Le souci c’est que les joueurs sont les seules personnes affectées et quel que soit le président de la fédé, on fait du surplace.
Le handball algérien était pourtant une référence à une époque…
Oui et il y avait plein de joueurs qui évoluaient en France et à qui on faisait confiance. Maintenant, ce n’est plus le cas.
Mondial 2015 au Qatar - Sassi Boultif défend sur l'Islandais Palmarsson
En tout cas, pour toi, c’est une aubaine d’atterrir à Tremblay…
Oui et tout a été réuni pour que je sois bien accueilli. Sincèrement, je suis très excité par le challenge qui nous attend.
Est-ce inespéré de te retrouver en D1 ?
Au début très sincèrement, je cherchais un club pour terminer ma carrière, pour renouer avec le hand français et surtout l’ambiance des salles. J’ai frappé à la porte de clubs de D2 mais mon "exil" de 4 ans dans le Golfe a joué en ma défaveur. Seul Tremblay m’a contacté. Je me suis déplacé, on a discuté, j’ai passé quelques tests et on est tombé d’accord. Du coup, mon état d’esprit a changé. Je veux montrer à ceux qui n’ont pas cru en moi qu’ils se sont trompés et aux dirigeants de Tremblay qu’ils ont eu raison.
Avec un rôle bien précis ?
Oui, comme défenseur avec la possibilité de monter quelques balles et de pouvoir marquer quelques buts. En défense, c’est simple, avec Jérémie Courtois, on sera les deux centraux et les décisions seront prises collégialement.
Malgré ton expérience, as-tu eu un coup de stress avant d’aborder la prépa ?
Honnêtement, oui. Je me suis posé la question sur mon niveau mais j’avais une telle volonté que l’appréhension a disparu.
D’autant que tout va bien pour le moment… avec peut-être la crainte d’être prêt trop tôt…
(rires) Pas du tout ! On travaille, l’équipe gagne des matches mais il ne faut pas croire que tout est parfait. On peut être très confiant pour la suite car les joueurs ne sont pas tous à 100%. Il y a encore de la marge.
En étant ambitieux, quel objectif pouvez-vous viser ?
On est promu donc c’est normal que la 1ère étape, ce soit le maintien. Ça serait prétentieux de dire "on vise la 6ème ou la 7ème place" en raison de la solidité apparente de notre équipe. Il faut garder les pieds sur terre et dès que mathématiquement on sera sauvé, on reverra le niveau de nos ambitions.
Tremblay reçu 6 sur 6
Avant le 1er match officiel en 16èmes de finale de la coupe de la Ligue, vendredi à Nancy (Proligue), Tremblay a parfaitement négocié sa phase de préparation en réalisant un 6/6. En battant 3 équipes de l’élite (Saran, Ivry et Dunkerque à deux reprises) et 2 de Proligue (Pontault et Chartres). Il faudra attendre encore un peu pour voir de quelle façon les joueurs de Benjamin Braux réagissent face à de plus gros calibres. Rendez-vous dès la 3ème journée (le 27 septembre) à Montpellier.