Montpellier a rejoint le PSG en quarts de finale de la Ligue des Champions et pour la 1ère fois dans l’histoire du handball européen, il y aura deux clubs français engagés à pareil niveau. Les Héraultais ne sont pas peu fiers de la performance qu’ils ont accomplie. A l’image de leur ailier droit tunisien Aymen Toumi qui devient désormais très gourmand sur cette fin de saison.
par Yves MICHEL
Les mots ne seront jamais aussi forts pour qualifier ce qu’ont réalisé les Montpelliérains l’espace d’une semaine... cet exploit d’avoir sorti Kielce, le champion en titre. Non seulement en faisant le boulot dès l’aller mais en allant s’imposer aussi, en Pologne ce que seuls les Loups de Rhein Neckar avaient pu faire cette saison. Au Panthéon du club, il y a, comme gravée dans le marbre, cette finale en deux temps en 2003 où à l’aller les hommes de Canayer (déjà aux commandes !) avaient subi la foudre du Pampelune de Jackson Richardson (8 buts à remonter) et au retour, avaient explosé les Espagnols avec un écart de 12 buts ! Michaël Guigou auteur de 11 réalisations ce jour-là, peut en témoigner, il était déjà dans l’effectif comme un certain Grégory Anquetil dont le neveu, Arthur perpétue la tradition familiale au sein du club héraultais. Cette fois, la route est encore longue pour arriver en finale, les cadences ne sont plus les mêmes (quoique), l’époque a changé. Mais éliminer une équipe qui depuis deux ans, s’invitait dans le carré final de la Ligue des Champions, il y a de quoi tirer le chapeau à un club bien géré par deux co-présidents qui savent rester à leur place, un entraîneur parmi les meilleurs d’Europe (il l’a encore prouvé ce dimanche) et un groupe de joueurs qui ne s’embarrasse d'aucun attirail superflu.
Ce dimanche soir, tous ont dépassé ce sentiment d’euphorie et de travail accompli qui auraient pu se dégager après une telle performance. Personne n’a péroré et prononcé des mots inutiles. Car à l’image de l’ailier droit Aymen Toumi, c’est avant tout un sentiment de fierté d’avoir ajouté une nouvelle pierre à l’édifice. Une pierre, pas un rocher.
Aymen, non seulement vous préservez votre avance mais en plus vous gagnez !
On est allé à Kielce avec cet objectif. On s’est dit que cela ne servait à rien de penser qu’on avait cinq buts d’avance et que ça suffirait. On a bossé en conséquence et le résultat est là.
L’équipe a-t-elle été surprise par l’ambiance ?
Non, car certains joueurs avaient joué un 8ème à Kielce, il y a deux ans (Guigou, Simonet, Dolenec, Fabregas, Faustin) et savaient ce qui nous attendait. En plus, ils avaient gagné ce match donc c’était faisable. Comme d’hab’, la salle était pleine, beaucoup de pression sur l’environnement mais on est resté concentré sur notre jeu et ce qu’on avait à faire.
Et pourtant, en fin de 1ère, on a bien cru que c’était le début de la fin en encaissant un 6-0 en 7’.
C’est vrai il y a eu ce lourd passage à vide avant la mi-temps. Heureusement, c’était juste avant de rentrer aux vestiaires et quand on s’est retrouvé ensemble, on s’est dit qu’il fallait réagir. On avait mené de deux buts avant ce passage à vide et que donc, on était capable de retrouver nos valeurs.
Qu’est ce qui a fait changer fondamentalement d’attitude à la reprise ?
On s’est parlé et l’analyse de ce qui n’avait pas fonctionné dans ces dernières minutes, n’a pas été compliquée à trouver. On a trop précipité nos actions, on a même eu peur d’avoir à gérer cette avance (9-11 à la 21ème) si tôt à l’extérieur. Mais on s’est vite dit que si Kielce était revenu c’est surtout parce qu’on avait commis des erreurs et pas parce qu’ils avaient proposé un jeu supérieur. On leur offre les ballons pour revenir à +4 à la mi-temps.
Pourtant, ils vont garder cette avance quinze minutes de plus….
Oui, mais on ne s’est jamais découragé, on y a cru jusqu’au bout. On n’a jamais calculé avec le score, on n’a pas joué avec le feu. Lorsqu’on égalise et qu’on passe devant, on a bien senti que Kielce n’était plus concentré en perdant des balles ou en tirant hors cadre. Ils ont lâché l’affaire.
Ce dimanche soir, qu’est ce qui prédomine comme sentiment ?
C’est tout simple, c’est la fierté d’avoir cru en nos chances. Même si c’était le champion d’Europe. On a soigné jusqu’au moindre détail. La gestion des deux matches a été parfaite. Mais il n’y a pas de secret, c’est le travail qui a payé. Les rotations sont importantes et l’entraîneur peut faire des changements quand il le veut. Diego et Mathieu sont au top, Valentin aussi, les gardiens, c’est pareil, tout le monde est concerné.
Et maintenant, Veszprém, le finaliste malheureux de la saison dernière…
Avec l’avantage de recevoir à Montpellier au 2ème match mais on a le temps encore pour y penser. Mais maintenant, on veut aller jusqu’au bout.
Avec un avant goût peut-être de la finale du Final Four entre vous et Paris, dès la prochaine journée de championnat (le 13 avril)
Comme malheureusement on ne fait pas la Coupe de la Ligue (carré final à Reims le week end prochain), on va avoir quelques jours de repos mais on va vite se projeter sur la réception de Paris. On aurait préféré se qualifier pour cette coupe mais on a traversé une période très difficile avec deux matches par semaine. Là, c’est bien, on va s’aérer la tête et revenir avec une grande motivation.
Le petit clin d’œil, c’est d’avoir deux Tunisiens en quarts de LDC avec toi et Wael Jallouz (Barcelone)
C’est vrai, c’est sympa et c’est surtout important pour le handball national. Deux autres vont venir jouer en France la saison prochaine (Sanai et Bannour à Chambéry), cela prouve que la Tunisie est toujours présente et sort des joueurs. C’est aussi une vraie fierté.