Face à des Brésiliens euphoriques et en réussite mais qui dans le dernier quart d'heure ont payé leur débauche d'énergie (27-34), la France est la 1ère équipe à se qualifier pour les demi-finales du tournoi olympique. Pour l'adversaire vendredi, ce sera l'Allemagne.
par Yves MICHEL
Les Français sont les 1ers à se qualifier pour le carré final des Jeux Olympiques de Rio. Dans ce qui pourrait être l’antépénultième aller simple avant la consécration, tout s’est finalement bien déroulé. Ils ont battu le Brésil sans recourir aux prolongations, il n’y a pas eu de casse et surtout ils bénéficieront de quelques heures de récupération supplémentaires par rapport à leur futur adversaire en demi-finale, le match Qatar-Allemagne étant programmé 3h30 plus tard. Pourtant, ces indices de satisfaction ne doivent pas faire oublier que les Tricolores ont du batailler durant quarante bonnes minutes pour en arriver là. Comme on pouvait s'en douter, les Brésiliens ont joué totalement décomplexés et ils ont payé leur engagement et l'énergie utilisée pour faire douter leur adversaire, champion du Monde et olympique en titre.
Car pendant toute la 1ère période, les Français ont été incapables de trouver les bons réglages et surtout l'efficacité pour enrayer la vague "auriverde". Impuissants de contrer l'arrière gauche Petrus qui non content de marquer des buts (7), a servi sur un plateau, dans le dos de la défense tricolore, son pivot Alexandro Pozzer (8 buts/9). Ces deux-là ont éte de véritables casse-têtes pour les Bleus. Ajoutez à cela, un "Titi" Omeyer moins tranchant et décisif qu'à l'accoutumée, des attaquants perturbés par la défense assez haute du Brésil, cela suffit pour expliquer qu'après 30 minutes passées dans l'Arena du futur, les deux formations étaient dos à dos."On s'attendait à ce type d'opposition, reconnaissait Claude Onesta. Une opposition solide, on savait que cela serait dur et que cela ne se dessinerait pas rapidement. On savait aussi que tant qu'on arriverait à tenir sur le plan défensif et qu'au fil du temps, on parviendrait à les user, la différence se ferait naturellement. Quand ils ont commencé à avoir du mal à marquer des buts, on a pu prendre le dessus."
Dans le second acte en effet, la France a joué un peu plus à sa main, avec de la détermination et du sérieux. L'efficacité d'un Michaël Guigou, d'un Cédric Sorhaindo et d'un Daniel Narcisse qui depuis son match décisif face au Danemark est le joker de luxe du dispositif tricolore. L'arrière parisien a placé des "1c1" et pris des tirs qui ont fait très mal. L'équipe brésilienne a tenté de résister,sans doute pensait-elle qu'elle avait les moyens d'entretenir l'espoir mais les recettes de la 1ère période, n'ont plus fonctionné. Obligée de prendre des risques pour refaire un handicap qui va progressivement augmenter, la formation dirigée par l'Espagnol Jordi Ribera va manquer de rotations. Les guerriers étaient fatigués à l'image de Petrus en déficit de réussite. Les Français ont été patients, lucides et appliqués. Résultat: ils se sont imposés avec une marge qui reflète plus leur prestation dans les vingt dernières minutes (27-34). Car même si cela a été difficile, ils n'ont jamais inspiré une crainte quelconque.
Après 92, 96, 2008 et 2012, ce sera la 5ème fois qu'ils se retrouvent dans le dernier carré des Jeux Olympiques. Seules la Hongrie et la Russie avaient réalisé une telle performance depuis l’introduction du handball aux J.O.Il n'y a donc plus que deux marches à gravir pour entrer un peu plus dans la légende d'un 3ème titre olympique consécutif. Dans le camp français, il n'y a aucun emballement, aucune euphorie déplacée à brûler les étapes. Vendredi, en demi-finale, ce sera l'Allemagne (voir plus bas).
A Rio de Janeiro, Halle du futur
Mercredi 17 août à 15h
Quarts de finale
Brésil - France : 27 - 34 (Mi-temps : 16-16)
Arbitres : Vaclav Horacek & Jiri Novotny (Rép. Tchèque)
Evolution du score : 2-5 (6è) 5-5 (8è) 8-9 (15è) 11-13 (20è) 12-15 (23è) 15-15 (27è) 16-16 (MT) 22-22 (38è) 22-26 (45è) 23-29 (50è) 26-31 (55è) 27-34 (Fin)
Les 1ères réactions....
Luka Karabatic, pivot de l'EDF: "On a fait face à une très belle équipe du Brésil qui a fait une prestation de très haut niveau. On les a eus à l'usure et à l'expérience, en jouant fort en défense et ils ont lâché prise progressivement. Quand on a pris le pas physiquement, on a pu faire l'écart. L'ambiance était vraiment à la mesure de ce qu'on pouvait imaginer, on ne s'entendait pas crier et c'était beaucoup mieux de faire la différence assez tôt car vers la fin, cela aurait pu être plus compliqué. Je pense vraiment qu'on s'est sorti d'un vrai piège. Et c'est très bien."
Michaël Guigou, ailier gauche de l'EDF: "On savait que cela serait ardu et ça l'a été. On a fait un gros match. Je peux vous assurer que c'est dur surtout quand on a la pression du résultat, contrairement à eux qui n'avaient rien à perdre. On a un groupe de grande qualité, les rotations sont bonnes et tous ceux qui sont entrés, ont apporté quelque chose."
Cédric Sorhaindo, pivot de l'EDF: "A domicile, avec le public qui les poussait, on ne s'attendait pas à un match facile, en plus il y a de vraiment bons joueurs dans cette équipe et se retrouver en quarts, ce n'est pas dû au hasard. On a alterné le bon et le moins bon, ça passe, c'est l'essentiel. Peu importe désormais l'adversaire en demie, quand on veut aller au bout, il faut affronter et battre tout le monde."
Pour aller en finale, il faudra battre les Allemands
En demi-finale, ce vendredi, les Français retrouveront les Allemands qui ont éliminé le Qatar (34-22). Il y aura un air de revanche dans l'Arena du Futur puisque la dernière fois que les deux équipes s'étaient rencontrées, c'était il y a trois ans et demi au Mondial espagnol et les Tricolores s'étaient inclinés (30-32). Les Allemands, champions d'Europe en titre se sont véritablement promenés face à une équipe du Qatar qui a montré ses limites (10 buts seulement inscrits en 2ème période) et qui est inévitablement sur une fin de cycle. La Mannschaft a fait la décision en 20 minutes notamment grâce aux parades de son gardien Andreas Wolff (photo ci-dessus - 13 arrêts) et au talent du trio Gensheimer-Wiede-Reichman (5 buts chacun)