Les Bleus ne sont plus invaincus dans la poule A des Jeux Olympiques, défaits sur le fil 29-28 par la Croatie, la partie étant bizarre tout au long des 60 minutes. Si cela ne change pas foncièrement les choses, en face tout le monde battant tout le monde, le quart de finale sera un peu sur tirage au sort lors de la dernière journée de poule, cela pointe quand même quelques soucis dans le jeu tricolore qu’il faudra régler rapidement.
Bon rapidement, le match nul était à portée des Bleus avec un Marko Mamic qui enchainait un passage en force et une conservation illicite du ballon à 14 secondes du coup de sifflet final, la paire arbitrale islandaise, qui venait juste d’en oublier un flagrant sur Nikola Karabatic, sifflait « réglementairement » un rouge sec et un pénalty à tirer pour les Bleus. Michael Guigou auteur d’un superbe match et d’un royal 6/6 aux jets de 7 mètres à cet instant se présentait devant un Pesic qu’il avait un peu martyrisé jusque-là. Mais plus on réussit, plus on se rapproche de l’échec, et l’échec est venu au 7° tir, laissant les Bleus à une petite unité de la Croatie. Et faire le reproche de cet échec serait un procès totalement injuste tant il a été le Bleu le plus en verve face aux joueurs à damiers. C’est bien avant qu’il faut chercher les causes de cet échec, sans vouloir pour autant appuyer de trop là où cela a fait mal. Un pourcentage de réussite aux shoots à 9 mètres à la limite de l’indigent pendant 45 minutes. En fait avant que Timothey N’Guessan ne mette les pieds sur le terrain et débloque la chose de façon tonitruante. Avant, Grébille à 1/4, Narcisse à 0/5, Nikola Karabatic à 1/5, même Valentin Porte, pourtant souverain depuis le début de la compétition trouvait lui aussi régulièrement Ivan Stevanovic sur la trajectoire de ses tirs. Sans cette faiblesse il est clair que le score aurait été en faveur des Bleus, alors que toute la partie quasiment ils ont couru après.
Autre point mais, cela, les Bleus l’on subit. Un jeu quasi systématique de la Croatie en supériorité numérique. Alors certes, tout cela est permis depuis le 1er juillet. Mais il n’aura pas fallu attendre longtemps avant de voir ce que l’on peut appeler les effets pervers de cette nouvelle règle. Bien évidemment, cela offre de nouvelles options tactiques en attaque, mais cela vire aussi parfois au ridicule avec des gardiens qui ne font que courir après un ballon et il ne faudra certainement pas attendre longtemps avant d'en voir se fracasser quelque chose sur un poteau, quand ils ne se font pas prendre par la patrouille des délégués, comme l’a fait Thierry Omeyer sur un mauvais changement après une perte de balle tricolore. Et si les matches de handball doivent se jouer sur des tirs de buts à buts avec plus personne dans les cages, le spectacle risque notoirement de s’en ressentir. En tout cas on connaît un exercice de plus pour les spécifiques gardiens, du tir de but à but en série pour savoir profiter de tout cela. Il est clair que la Croatie n’avait pas trop le choix des armes non plus… Lors des séquences de jeu à égalité numérique, il se sont fait régulièrement croquer par la défense française. Les Français aussi se sont essayés à la chose, pour un peu de réussite et pas d’échec et des buts casquette en prime. Mais il semble bien qu’il va falloir s’y faire à moins que l’IHF ne revienne sur tout cela.
Enfin dernier point, le rythme du match en lui-même… Bien évidemment, la Croatie n’a jamais été une fervente adepte du jeu à tout va, mais on a bien senti que ce match était pris par les deux équipes pour ce qu’il était… Un match de poule où tout le monde allait se regarder dans le blanc des yeux sans forcément mettre tout son jeu sur le tapis. Déjà, les Croates avaient largement réduit le tempo, ce qui leur avait permis de prendre le meilleur sur le Danemark. Ils ont recommencé face à la France, avec un peu l’assentiment des Bleus qui en plus étaient privés de Luc Abalo, resté sur le banc 60 minutes durant. La montée de balle express et magique entre Porte et Guigou étant le seul moment où l’on a vu vraiment du jeu rapide. Face au Danemark, on sait déjà qu’il faudra mettre plus de rythme, et il est clair que pour aller au bout, il faudra aussi que les Bleus ne se fassent pas dicter le jeu par l’équipe adverse. Réponse dès lundi pour le dernier match de poule face au Danemark.
A Rio de Janeiro, Halle du futur
Samedi 13 août à 16h30
Croatie - France : 29 - 28 (Mi-temps : 14-12)
Arbitres : MM PALSSON Anton et ELIASSON Jonas (Islande)
Les réactions...
Nikola Karabatic, demi-centre de l'équipe de France: "On avait les balles pour gagner. Mais on a manqué de réussite. Cela ne tient pas à grand-chose. Perdre à la dernière seconde, c'est un peu décevant, mais il n'y a pas d'inquiétude à avoir. On ne fait pas un bon match, mais on est quand même restés dedans, concentrés."
Thierry Omeyer, gardien de but: "On savait que cela se jouerait sur des détails. On voulait gagner, mais de toute façon, de l'autre côté, on ne sait pas qui va terminer premier, deuxième, troisième ou quatrième. Il faut corriger quelque petites choses et continuer d'avancer afin de bien se préparer pour les quarts de finale."
Valentin Porte, arrière droit: "On a rencontré les mêmes problèmes que face à la Tunisie. On a buté sur les poteaux et sur le gardiens alors qu'on avait les solutions. Elles étaient franches. Le manque de réussite, cela arrive. Là, on le paie cash alors que l'on avait réussi quand même à faire le boulot contre la Tunisie. C'est un problème qu'il faudra régler parce qu'en quart de finale, on ne pourra pas se permettre autant d'échecs."
Marko Kopljar, arrière droit de la Croatie, ancien joueur du PSG: "Les Français restent pour moi les favoris de la compétition. Chaque match est difficile. Lors du premier match contre le Qatar, on a dormi littéralement sur le terrain. Je ne sais pas trop comment l'expliquer. Peut-être parce que c'était le premier match et que c'était tôt. Contre l'Argentine, c'était limite mais on a gagné. Depuis deux matches, on joue plus libérés. On a retrouvé notre mental."
Statistiques du match