Après une traversée du désert qui aura duré presque trois ans, Philippe Carrara retrouvera le haut niveau. L'ancien adjoint d'Alain Portes en équipe de France féminine a signé un contrat de deux ans en faveur de Mérignac Handball. Les Girondines qui évoluent en D2F, sont en ballottage favorable pour accéder à la LFH. Quel que soit leur destin la saison prochaine, leur nouvel entraîneur veut relever un défi qu'il juge déjà passionnant.
par Yves MICHEL
Pour les Mérignacaises, le week-end a été plutôt profitable. Samedi, elles ont remporté un match important au Havre, le lendemain, Plan de Cuques s'est incliné à Vaulx-en-Velin. Du coup, le MHB s'installe désormais en tête des play-offs de D2F. Tout se jouera en fin de semaine à distance avec Celles-sur-Belle. Avec un point d'avance et une différence particulière positive (+1), les Girondines se retrouvent en ballottage favorable. Il leur suffira d'une victoire ou d'un nul samedi face à St Maur pour obtenir leur billet d'accession à la LFH. Et quel que soit l'épilogue de la saison, c'est Philippe Carrara qui dès juillet, s'inscrira dans la continuité de l'excellent travail effectué depuis cinq ans par Raphaël Benedetto.
C'est un retour sur le devant de la scène pour l'ancien entraîneur adjoint de l'équipe de France féminine. Après une expérience dans le sillage d'Alain Portes qui n'a pas été très heureuse et qui s'était plutôt mal terminée. Technicien d'expérience, passé par des clubs de l'élite masculine et la sélection du Maroc, Philippe Carrara arrive dans une région et un environnement qui ne demandent qu'à vibrer pour le handball de haut niveau. Mérignac avec à sa tête l'emblématique Thierry Vincent (dix saisons et 40 matches de coupe d'Europe dont une finale de Challenge Cup) a ouvert la voie au début 2000 avant Mios-Biganos-Bègles conduit par Emmanuel Mayonnade qui a du déposer son bilan en novembre 2015.
Avec une ossature éprouvée et une colonne vertébrale composée d'anciennes internationales comme les Françaises Audrey Deroin et Audrey Bruneau et l'Espagnole Nelly Carla Alberto (photo ci-dessous), Mérignac Handball présidé par Wihelmine Maury veut retrouver chez les filles, une place qu'elle n'aurait jamais du quitter.
Philippe, te revoilà face à un sacré défi…
Entraîner une équipe qui va jouer soit en LFH, soit le haut de tableau en D2F, est un challenge passionnant. Ensuite, avoir à ma disposition des joueuses qui n’ont en tête que le handball et pas d’autres activités à côté, est un avantage. J’ai connu la situation inverse à Narbonne (N2/N1) et c’était souvent délicat. En "haut", la problématique n’est que sportive.
Narbonne, c’est une parenthèse de deux ans… après une traversée du désert post-Equipe de France ?
On peut dire que cela a été compliqué à vivre. Surtout quand tu as l’impression d’avoir fait le job sportivement et qu’on te sort parce qu’il y a eu une décision par rapport à Alain (Portes). J’ai fait partie du wagon. Il a fallu que je me reconstruise en retrouvant un club, ce qui n’a pas été simple. Narbonne m’a surtout permis de me replonger dans le handball.
Tu prends la suite de quelqu’un qui a fait du bon boulot à Mérignac…
Oui, Raphaël Benedetto. Il ne faut surtout pas l’oublier. Le club a été remis sur une bonne dynamique sportive, l’équipe réserve évolue en Nationale 1, la structure est bien en place, je reprends le flambeau, je ne suis pas là pour tout révolutionner, le but est d’être dans la continuité.
Avec cependant un niveau qui va devenir de plus en plus exigeant ?
J’arrive sur un groupe qui vit ensemble depuis deux ans et qui est en pleine confiance. Même si chaque coach a sa vision du jeu, cela me permet d’être dans un cadre… favorable. Je sais que si le club accède à l’élite, ce sera un défi à relever, on sera la petite équipe dans la cour des grands. Mais attention, même si le pronostic est favorable, Mérignac n’est pas encore en LFH.
Tu retrouves des joueuses que tu as bien connues, notamment en Equipe de France…
J’ai toujours eu plaisir à travailler avec les deux Audrey (Deroin et Bruneau) en sélection et puis il y a toutes les autres avec qui j’ai déjà pu dialoguer.
Audrey Deroin (photo ci-dessus)… c’est un vrai leader d’équipe ?
C’est surtout un vrai talent. A Toulon et en équipe de France, elle évoluait plus sur un poste d’ailière où elle était dépendante du jeu et des ballons qu’on voulait bien lui donner ou alors elle s’exprimait en contre-attaque et là, sur la 2ème partie de saison à Mérignac, elle a été repositionnée sur un poste d’arrière où elle se fait plaisir et elle donne sa pleine dimension.
Elle peut être aussi le lien entre le groupe et le coach ?
Elle ne sera pas la seule mais je compte bien-sûr sur elle pour être un vrai relais, pour faire avancer le groupe.
Tu es dans une région où tu t’es installé il y a peu et tu trouves un club sur place, c’est le compromis idéal.
Je suis sur la région bordelaise depuis 2015, c’est un juste équilibre pour moi. Notamment par rapport à ma famille, j’ai vécu une belle expérience au Maroc, à Narbonne mais toujours loin des miens. C’est le lot de beaucoup d’entraîneurs professionnels mais là, je serai, je pense, dans un environnement plus propice.