Ce duel n’a plus rien d’un simple match de championnat. C’est un sommet entre géants, une explication entre patrons. Si cette rencontre ne scelle pas encore le sort de la saison, elle a pourtant des allures de finale. Un choc entre les deux premiers du classement, mais aussi entre les deux clubs les plus puissants du handball français : 17,4 millions d’euros de budget pour Paris contre 10,6 pour Nantes.
Mais ce Paris - Nantes, c’est surtout le duel de la décennie. Depuis 2020, les deux équipes se sont affrontées 17 fois : 9 victoires parisiennes, 7 succès nantais et un nul. Pourtant, ces chiffres ne reflètent pas la dynamique récente : le « H » avait remporté quatre des cinq dernières confrontations. Mais le PSG avait repris l’ascendant il y a un mois, en s’imposant aux tirs au but à Coubertin pour se hisser en demi-finale de la Coupe de France.
L’enjeu était donc clair : une victoire nantaise et les hommes de Grégory Cojean prenaient trois points d’avance, se rapprochant un peu plus d’un premier titre national. À l’inverse, Paris devait s’imposer pour reprendre la tête et poursuivre sa quête d’un onzième sacre consécutif.
Paris impose sa loi d’entrée
Il ne fallait pas arriver en retard dans un Coubertin à guichets fermés (3 203 spectateurs) ! Les ultras parisiens donnent de la voix, et le match démarre sur un rythme infernal. Raul Gonzalez fait le choix de titulariser Jannick Green dans les cages, préférant ménager Andreas Palicka, sorti sur blessure en Ligue des champions trois jours plus tôt.
Dès les premières minutes, Paris frappe fort. Malgré un Thibaud Briet efficace (3/3 en 10’), Nantes peine à suivre l’intensité parisienne. Après cinq minutes, le PSG mène déjà de trois longueurs. Un écart qui aurait pu être réduit si les visiteurs avaient mieux exploité leurs opportunités, notamment après le carton rouge de Wallem Peleka pour une faute musclée sur Julien Bos.
Handicapé par l’absence de Mathieu Grébille en défense et Peleka aux vestiaires, Paris doit improviser. Noa Narcisse, rappelé avec les pros, prend ses responsabilités en défense. Une solution qui fonctionne, d’autant que Nantes n’en profite pas. Trop d’imprécisions, trop de maladresses. Malgré des performances mitigées des gardiens (seulement trois arrêts pour Green et Pesic en première période), Paris garde le contrôle grâce à sa défense. En attaque, Luc Steins brille : le MVP du match régale avec 3 buts et 8 passes décisives.
Le Néerlandais ne cache pas sa satisfaction en zone mixte : « Une excellente première mi-temps avec une défense super costaud. Ça nous a donné beaucoup de confiance en attaque et je suis très fier de l’équipe. On était focus et on a bien résisté. L’absence de Minne change quelque chose car un joueur avec autant de qualités manque. Pour eux c’est malheureux, mais c’est le sport. » Le PSG déroule. Kamil Syprzak (7 buts) se balade et les temps morts de Grégory Cojean n’y changent rien. L’entrée en jeu de Nyateu au quart d’heure ne convainc pas. Nantes peine à exister offensivement (4 buts en 15 minutes) et l’ancien Dunkerquois ne reviendra plus sur le terrain. À la pause, Paris a déjà un pied sur la victoire (16-11).

Nantes s’accroche, mais Paris est trop fort
Au retour des vestiaires, les Nantais tentent de réagir. L’intensité reste la même, mais leurs difficultés offensives aussi. Deux pertes de balle et Elohim Prandi en profite pour porter l’avance parisienne à six buts.
Derrière, Noa Narcisse impressionne. Positionné en 3 haut, le jeune défenseur fait déjouer la base arrière nantaise. Julien Bos, brillant face à Aalborg en Ligue des champions, est muselé. Nicolas Tournat (4 buts) parvient bien à se frayer un chemin, mais il est trop seul. Même Prandi salue la performance de Narcisse : « Je suis hyper choqué, positivement, de la prestation de Noa. Je n’en ai jamais douté, je l’avais déjà vu contre Veszprem, il est là, il a la tête froide. Nous, on est là pour qu’il reste concentré et qu’il continue sur cette lancée. »
Nantes a un sursaut à la 40e minute. Paris connaît son premier temps faible, perd en efficacité et voit son adversaire revenir à -3. S’ensuit une série de trois temps morts en cinq minutes, une rareté, épuisant les dernières cartouches tactiques des deux entraîneurs. Pour tenter de renverser le match, Nantes joue en attaque à 7 contre 6. Mais la stratégie se retourne contre eux : Palicka fait son entrée au but et punit immédiatement une perte de balle de Tournat. Paris reprend cinq longueurs d’avance et ne sera plus inquiété.
Grégory Cojean, le coach Nantais reste lucide sur l’échec de cette tactique : « On a très mal attaqué en première période. On aurait dû aborder leur défense 5-1 plus simplement. On a tenté le 7 contre 6, mais on a trop gaspillé. Contre Paris, ça ne pardonne pas. Il faut maintenant revoir ce qui n’a pas été. Ils ont été plus rapides que nous. Je ne suis pas du genre à trouver des excuses mais on a senti que Julien était en difficulté pour jouer sur cette défense, Nyateu a besoin de trouver du rythme, les possibilités étaient réduites. » Même constat du côté de Nicolas Tournat : « Les absences, je ne sais pas si elles ont influé, car contre Aalborg, on avait trouvé les ressources. Mais ce soir, trop de déchets, trop d’approximations… Contre Paris, c’est impossible dans ces conditions. »
Thibaud Briet (7 buts) aura eu beau se démener, l’affaire était déjà pliée. Yahia Omar (6 buts) scelle définitivement le sort du match à cinq minutes du terme. Luka Karabatic, soulagé, savoure ce succès : « On voulait effacer la défaite de l’aller. Ce soir, il fallait mettre une intensité supérieure, et on ne s’est pas trompé. On a répondu présent dans le combat et on les a empêchés de trouver des solutions. Bravo à toute l’équipe et au staff ! » Paris termine conclut ce match avec un écart de 6 buts (34-28) et de longues minutes de célébration avec leurs Ultras.
Le PSG en pole pour un 12e titre !
Avec ce succès, Paris reprend la tête du championnat avec un point d’avance sur Nantes. Mais rien n’est encore joué, comme le rappelle Noa Narcisse : « Des finales, il y en aura plein d’autres. Chaque match sera une finale désormais, à commencer par Ivry dans deux semaines. On ne pouvait pas se permettre de perdre car, si Nantes prenait trois points d’avance, c’était fini. »
Un succès d’autant plus précieux que Paris prend aussi l’avantage à la différence de buts particulière (+3 pour Paris au global des 2 matchs), ce qui lui permettrait d’être sacré en cas d’égalité avec Nantes en fin de saison.
Place désormais à la trêve internationale, avant une fin de saison sous haute tension, avec notamment les phases finales de la Ligue des champions, pour les deux clubs, dès le 29 et 30 mars.
Évolution du score : 5-2 (5) 8-5 (10) 10-7 (15) 12-8 (20) 14-10 (25) 16-11 (MT) 19-13 (35) 21-16 (40) 23-19 (45) 27-23 (50) 30-26 (55)