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L'identité corse plane sur les Interpoles

France

jeudi 6 mars 2025 - © Yves Michel

 6 min 58 de lecture

C'est une particularité qui méritait d'être mise en avant. Depuis plus de 20 ans, la Corse tente de rassembler ses meilleurs handballeurs pour les faire progresser et surtout, les amener au professionnalisme. Le chemin est tortueux et même si l'équipe Région Sud réalise des Interpoles mitigés, l'identité corse au sein de la structure n'est pas dépourvue de réalité.

Son nom... Pierre-Marie Brunetti (photo de tête). Un patronyme lié avant tout, à l'histoire d'un club du continent, situé à 2h de vol de l'île de Beauté. En 1995, Françoise et François ses parents, sont à l'origine de l'AS Tournefeuille, dans la banlieue toulousaine. Une structure avant tout axée sur la formation et la détection de jeunes talents. C'est de là qu'émergeront un certain Aymeric Minne et son frère Nicolas, une quinzaine d'années après la création du club. Dans l'esprit de Pierre Marie, le handball est une affaire de passage de relais. Le jeune homme est rentré du côté d'Ajaccio et évolue sur la base arrière au sein du GFCA qui plafonne en Nationale 1. Et comme la transmission offre plus de satisfaction, il veut offrir aux pépites insulaires, les moyens de leurs ambitions. Il sera dès lors dans tous les bons coups et notamment à la mise en place du pôle handball dont il assure encore aujourd'hui, les fonctions d'entraîneur principal et de responsable technique. Ils sont 24 à fréquenter le pôle Espoirs d’Ajaccio et les plus émérites évoluent en moins de 18 France au Club Olympique Corse. « Le chemin n’a pas été tout droit pour arriver à la création de ce pôle, conçoit le technicien. On est parti d’un centre régional d’entraînement mais à l’époque, le handballeur insulaire ne voyait pas plus loin que son club local. Le continent était inaccessible et il a fallu revoir notre maillage à travers toute l’île. » Et la mayonnaise prend au-delà de toutes les espérances. Les jeunes postulent en masse et la structure commence à s’installer. Les primeurs sont récoltés à la belle saison. Thomas Tricaud est parmi les 1ers à rallier le continent et le club d’Istres, suivent Marc Antho Aillaud et Antoine-Xavier Armani qui eux débarquent à St Raphaël. « C’est une vraie fierté. On est arrivé à une forme de performance intéressante et la crédibilité de notre structure n’a cessé de grandir.» Désormais lorsque Mathieu Turmo, le responsable du Parcours de Performance Fédérale en région Sud (ex PACA) élabore une sélection, il ne lui viendrait pas à l'idée d'occulter les talents insulaires. Ils sont trois depuis lundi à avoir fait le déplacement jusqu’à Nantes. Un gardien, Gabriel Perrimond, un arrière droit Battista Aillaud (voir plus bas) et un ailier gauche, Charles Antoine Pinelli. Des éléments qui ne demandent qu’à basculer à court terme sur le continent. « Déjà qu’ils arrivent à intégrer un centre de formation serait un pallier important. Ensuite, la consécration serait de les voir au plus haut niveau. » L’objectif parait louable et sur l’île de Beauté, désormais accessible.  



Battista Aillaud tire ses forces dans ses racines

Il traine sa tignasse blonde sur les terrains du GFCA depuis qu’il est en âge de courir après un ballon. Battista Aillaud a suivi le sillon tracé par le père, Vincent, puis par Marc Antho, son grand frère. Lui aussi arrière droit, l’aîné de 4 ans est passé par le centre de formation de St Raphaël et joue désormais en Proligue à Sarrebourg. Pour le cadet, la progression est des plus normales. Fidèle au Gazelec d’Ajaccio, il a franchi tous les paliers jusqu’à l’intégration au pôle Espoirs. Avec un certain sens des responsabilités. « On se dit qu’on entre dans quelque chose de sérieux et que l’objectif vers le professionnalisme se précise. » L’attitude change inévitablement. Les gestes, les habitudes, la façon d’appréhender le quotidien. « Dès le départ, j’avais cette mentalité de gagneur. C’est normal qu’on fasse des sacrifices pour atteindre une certaine rigueur. On est là pour performer et pas autre chose. » Le gaucher qui avait intégré la saison dernière, la Maison Régionale de la Performance a étoffé sa palette technique, ce qui lui a permis d’être aligné en N1 ajaccéenne tout en restant un des leaders du Club Olympique Corse en moins de 18. « La cadence des entraînements et la charge de travail ont augmenté. » Et l’élève de terminale en quête d’un centre de formation et qui hésite encore entre un cursus dans le domaine de la diététique ou des études de kiné tout en suivant STAPS en distanciel, n’en garde pas moins les pieds sur terre. « Bien-sûr que mon objectif, c’est de devenir pro, d’atteindre un niveau encore plus élevé. Mais on n’est jamais sûr que ça va marcher et qu’on ira jusqu’au bout. Mon frère a vécu tout cela et ses conseils sont très utiles. Je sais que bientôt il me faudra quitter l’île si je veux percer. » Quitter les siens, son confort, sans oublier ses racines. D’ailleurs, à la fin de l’entretien, lorsque nous lui avons demandé de poser pour la photo de groupe, Battista s’est empressé de fouiller dans son sac et d’y tirer un maillot représentatif de la nation corse. « C’est notre ADN, je suis fier d’être né sur cette île et de la représenter à travers le sport qu’on pratique. » Et ce fan de Dika Mem (comme par hasard !) qui ne rechigne pas de payer de sa personne pour aller au contact ou encourager ses partenaires, aime montrer l’exemple. Peu importe les responsabilités qu’on lui confie. Le hand, c’est comme la Corse, il l’a dans les veines. 



Interpôles 2025: on commence à y voir plus clair ! 

Cinq prétendants pour le carré final. Si la Nouvelle Aquitaine pour la poule 2, la Normandie pour la 3 et le Grand Est pour la 4 sont assurés de se retrouver samedi en demi-finale, un match décisif opposera ce jeudi en fin d'après-midi, l'Auvergne-Rhône-Alpes au Pays de la Loire pour désigner le demi-finaliste de la poule 1. La sélection des Pays de la Loire a véritablement frôlé la correctionnelle et le score étriqué (26-27) reflète parfaitement le jeu peu ambitieux de cette équipe qui a été secouée par une formation des Antilles-Guyane totalement décomplexée. Poussés par une assistance totalement acquise à leur cause, les locaux ont comme prévu, pris le large dès les 1ères minutes (1-5 après 8') avant de se faire rejoindre et même dépasser. Ils ont payé cash un peu trop de suffisance et un manque de rigueur. Ce mano a mano a tenu en haleine le nombreux public de la salle de Bouguenais. A une minute du terme, rien n'était décidé. Il faudra un but de Léo Gendronneau (photo ci-dessus) pour déverrouiller la situation et convertir un 2ème succès de rang. 

En fin d'après-midi, ce jeudi, les Ligériens risquent d'éprouver plus de difficultés face à leur adversaire d'Auvergne Rhône Alpes, bien mieux armé et cohérent dans toutes ses lignes. S'il est satisfait de son groupe avec deux succès face (largement) à Antilles Guyane (+11) et face à une valeureuse formation belge invitée pour l'occasion (+10), Guillaume Joli, le patron du pôle AURA et de Frabce U21, qui a panaché sa sélection des trois années qui couvrent la période scolaire (neuf 2008, quatre 2007, trois 2009) n'est pas du genre à se laisser griser par les écarts démesurés. 

La grosse surprise de la journée est venue refroidir les ardeurs des Hauts de France, vainqueurs des Interpôles l'an passé et qui ont chuté face à la Normandie (30-33). Les protégés de Franck Prouff ont pris leur revanche et vengé pour la plupart, leurs camarades qui un an plus tôt avaient été battus en finale. Les joueurs de Yohann Delattre ambitionnaient d'inscrire pour la 2ème année consécutive, le nom de leur pôle, au palmarès. C'est raté !

La Nouvelle Aquitaine qui n'est jamais apparue sur un podium masculin d'Interpôles pourrait bien réussir son pari et d'accrocher au moins une des marches de la boîte. Les joueurs de Benoit Peyrabout ont vraiment marqué les esprits lorsque dès le 1er jour de compétition, ils ont laminé Région Sud-Corse de 13 buts. Ce jeudi, ils seront à l'épreuve du Regroupement des Pôles coaché par Michaël Guigou. 

Les interviewes de Guillaume Joli  (AURA) et Benoit Peyrabout (Nouvelle Aquitaine)

L'identité corse plane sur les Interpoles  

France

jeudi 6 mars 2025 - © Yves Michel

 6 min 58 de lecture

C'est une particularité qui méritait d'être mise en avant. Depuis plus de 20 ans, la Corse tente de rassembler ses meilleurs handballeurs pour les faire progresser et surtout, les amener au professionnalisme. Le chemin est tortueux et même si l'équipe Région Sud réalise des Interpoles mitigés, l'identité corse au sein de la structure n'est pas dépourvue de réalité.

Son nom... Pierre-Marie Brunetti (photo de tête). Un patronyme lié avant tout, à l'histoire d'un club du continent, situé à 2h de vol de l'île de Beauté. En 1995, Françoise et François ses parents, sont à l'origine de l'AS Tournefeuille, dans la banlieue toulousaine. Une structure avant tout axée sur la formation et la détection de jeunes talents. C'est de là qu'émergeront un certain Aymeric Minne et son frère Nicolas, une quinzaine d'années après la création du club. Dans l'esprit de Pierre Marie, le handball est une affaire de passage de relais. Le jeune homme est rentré du côté d'Ajaccio et évolue sur la base arrière au sein du GFCA qui plafonne en Nationale 1. Et comme la transmission offre plus de satisfaction, il veut offrir aux pépites insulaires, les moyens de leurs ambitions. Il sera dès lors dans tous les bons coups et notamment à la mise en place du pôle handball dont il assure encore aujourd'hui, les fonctions d'entraîneur principal et de responsable technique. Ils sont 24 à fréquenter le pôle Espoirs d’Ajaccio et les plus émérites évoluent en moins de 18 France au Club Olympique Corse. « Le chemin n’a pas été tout droit pour arriver à la création de ce pôle, conçoit le technicien. On est parti d’un centre régional d’entraînement mais à l’époque, le handballeur insulaire ne voyait pas plus loin que son club local. Le continent était inaccessible et il a fallu revoir notre maillage à travers toute l’île. » Et la mayonnaise prend au-delà de toutes les espérances. Les jeunes postulent en masse et la structure commence à s’installer. Les primeurs sont récoltés à la belle saison. Thomas Tricaud est parmi les 1ers à rallier le continent et le club d’Istres, suivent Marc Antho Aillaud et Antoine-Xavier Armani qui eux débarquent à St Raphaël. « C’est une vraie fierté. On est arrivé à une forme de performance intéressante et la crédibilité de notre structure n’a cessé de grandir.» Désormais lorsque Mathieu Turmo, le responsable du Parcours de Performance Fédérale en région Sud (ex PACA) élabore une sélection, il ne lui viendrait pas à l'idée d'occulter les talents insulaires. Ils sont trois depuis lundi à avoir fait le déplacement jusqu’à Nantes. Un gardien, Gabriel Perrimond, un arrière droit Battista Aillaud (voir plus bas) et un ailier gauche, Charles Antoine Pinelli. Des éléments qui ne demandent qu’à basculer à court terme sur le continent. « Déjà qu’ils arrivent à intégrer un centre de formation serait un pallier important. Ensuite, la consécration serait de les voir au plus haut niveau. » L’objectif parait louable et sur l’île de Beauté, désormais accessible.  



Battista Aillaud tire ses forces dans ses racines

Il traine sa tignasse blonde sur les terrains du GFCA depuis qu’il est en âge de courir après un ballon. Battista Aillaud a suivi le sillon tracé par le père, Vincent, puis par Marc Antho, son grand frère. Lui aussi arrière droit, l’aîné de 4 ans est passé par le centre de formation de St Raphaël et joue désormais en Proligue à Sarrebourg. Pour le cadet, la progression est des plus normales. Fidèle au Gazelec d’Ajaccio, il a franchi tous les paliers jusqu’à l’intégration au pôle Espoirs. Avec un certain sens des responsabilités. « On se dit qu’on entre dans quelque chose de sérieux et que l’objectif vers le professionnalisme se précise. » L’attitude change inévitablement. Les gestes, les habitudes, la façon d’appréhender le quotidien. « Dès le départ, j’avais cette mentalité de gagneur. C’est normal qu’on fasse des sacrifices pour atteindre une certaine rigueur. On est là pour performer et pas autre chose. » Le gaucher qui avait intégré la saison dernière, la Maison Régionale de la Performance a étoffé sa palette technique, ce qui lui a permis d’être aligné en N1 ajaccéenne tout en restant un des leaders du Club Olympique Corse en moins de 18. « La cadence des entraînements et la charge de travail ont augmenté. » Et l’élève de terminale en quête d’un centre de formation et qui hésite encore entre un cursus dans le domaine de la diététique ou des études de kiné tout en suivant STAPS en distanciel, n’en garde pas moins les pieds sur terre. « Bien-sûr que mon objectif, c’est de devenir pro, d’atteindre un niveau encore plus élevé. Mais on n’est jamais sûr que ça va marcher et qu’on ira jusqu’au bout. Mon frère a vécu tout cela et ses conseils sont très utiles. Je sais que bientôt il me faudra quitter l’île si je veux percer. » Quitter les siens, son confort, sans oublier ses racines. D’ailleurs, à la fin de l’entretien, lorsque nous lui avons demandé de poser pour la photo de groupe, Battista s’est empressé de fouiller dans son sac et d’y tirer un maillot représentatif de la nation corse. « C’est notre ADN, je suis fier d’être né sur cette île et de la représenter à travers le sport qu’on pratique. » Et ce fan de Dika Mem (comme par hasard !) qui ne rechigne pas de payer de sa personne pour aller au contact ou encourager ses partenaires, aime montrer l’exemple. Peu importe les responsabilités qu’on lui confie. Le hand, c’est comme la Corse, il l’a dans les veines. 



Interpôles 2025: on commence à y voir plus clair ! 

Cinq prétendants pour le carré final. Si la Nouvelle Aquitaine pour la poule 2, la Normandie pour la 3 et le Grand Est pour la 4 sont assurés de se retrouver samedi en demi-finale, un match décisif opposera ce jeudi en fin d'après-midi, l'Auvergne-Rhône-Alpes au Pays de la Loire pour désigner le demi-finaliste de la poule 1. La sélection des Pays de la Loire a véritablement frôlé la correctionnelle et le score étriqué (26-27) reflète parfaitement le jeu peu ambitieux de cette équipe qui a été secouée par une formation des Antilles-Guyane totalement décomplexée. Poussés par une assistance totalement acquise à leur cause, les locaux ont comme prévu, pris le large dès les 1ères minutes (1-5 après 8') avant de se faire rejoindre et même dépasser. Ils ont payé cash un peu trop de suffisance et un manque de rigueur. Ce mano a mano a tenu en haleine le nombreux public de la salle de Bouguenais. A une minute du terme, rien n'était décidé. Il faudra un but de Léo Gendronneau (photo ci-dessus) pour déverrouiller la situation et convertir un 2ème succès de rang. 

En fin d'après-midi, ce jeudi, les Ligériens risquent d'éprouver plus de difficultés face à leur adversaire d'Auvergne Rhône Alpes, bien mieux armé et cohérent dans toutes ses lignes. S'il est satisfait de son groupe avec deux succès face (largement) à Antilles Guyane (+11) et face à une valeureuse formation belge invitée pour l'occasion (+10), Guillaume Joli, le patron du pôle AURA et de Frabce U21, qui a panaché sa sélection des trois années qui couvrent la période scolaire (neuf 2008, quatre 2007, trois 2009) n'est pas du genre à se laisser griser par les écarts démesurés. 

La grosse surprise de la journée est venue refroidir les ardeurs des Hauts de France, vainqueurs des Interpôles l'an passé et qui ont chuté face à la Normandie (30-33). Les protégés de Franck Prouff ont pris leur revanche et vengé pour la plupart, leurs camarades qui un an plus tôt avaient été battus en finale. Les joueurs de Yohann Delattre ambitionnaient d'inscrire pour la 2ème année consécutive, le nom de leur pôle, au palmarès. C'est raté !

La Nouvelle Aquitaine qui n'est jamais apparue sur un podium masculin d'Interpôles pourrait bien réussir son pari et d'accrocher au moins une des marches de la boîte. Les joueurs de Benoit Peyrabout ont vraiment marqué les esprits lorsque dès le 1er jour de compétition, ils ont laminé Région Sud-Corse de 13 buts. Ce jeudi, ils seront à l'épreuve du Regroupement des Pôles coaché par Michaël Guigou. 

Les interviewes de Guillaume Joli  (AURA) et Benoit Peyrabout (Nouvelle Aquitaine)