C’est l’histoire d’une équipe et surtout d’une bande de potes qui sans se prendre au sérieux et anticiper la suite, ont écrit durant les six dernières années, les pages les plus magiques de l’histoire de l’Union Sud Mayenne / L’Huisserie Handball. Partis en championnat Honneur Région, ils ont avalé une à une les étapes pour basculer cette saison, en Nationale 1. Même si du groupe originel, certains ne sont plus là, le noyau dur est resté. Parmi les historiques, le pivot Jarod Cosnard est toujours fidèle au poste, tout comme les inamovibles gardiens Tristan Gaillard et Léo Mairot, les frères Tim et Léo Blottière et… Axel Morel qui comme ses partenaires, a vécu intensément ce qui apparaît comme une épopée. « Ce qui s’est passé est inouï. On n’est jamais resté plus d’une saison dans les championnats qu’on découvrait. L’an passé, quand on accède en N2, on se dit que l’objectif, c’est de bien s’installer et de profiter. Tout s’est accéléré, on n’a pas connu de pépins majeurs et à trois journées de la fin, on a validé notre accession au niveau supérieur. » Fin mai dernier, la formation mayennaise termine avec 4 points d’avance sur le second mais surtout, le demi-centre secoue les statistiques en s’imposant meilleur réalisateur de Nationale 2, toutes poules confondues avec 210 buts à son actif (soit une moyenne de 9,5 par match). « C’est une satisfaction bien-sûr, mais je n’ai pratiquement joué qu’en attaque, même si j’adore défendre. Cela me permettait de souffler et de garder toute la lucidité nécessaire pour repérer les failles adverses. J’avais aussi envie de montrer à beaucoup de gens, ce dont j’étais capable, je me suis vraiment libéré. » La période lycée et le parcours chaotique au pôle de Nantes puis de Cesson quelques années plus tôt, sont encore en mémoire et n’ont pas laissé de bons souvenirs. « Les miens me manquaient, je vivais assez mal la séparation. Le pôle, c’est pourtant une étape importante mais je ne suis pas arrivé à m’y faire. »
Retour à la source dans un environnement plus propice. Et surtout, avec une envie décuplée de réussir dans la discipline qu’il pratique depuis qu’il est en âge de courir balle en main. « Je ne me suis jamais découragé et j’ai gardé ma motivation intacte. Le handball fait partie de mon ADN et je suis déterminé à performer. » S’entraîner quasiment deux fois plus que la saison passée n’est certainement pas une contrainte, passer du temps à décortiquer les forces et faiblesses de l’adversaire à la vidéo, encore moins. Et le travail paie puisque depuis septembre, le joueur qui a glissé sur le côté gauche de la base arrière est sur ses standards avec déjà 63 réalisations en 7 rencontres. Ce qui devrait encore un peu plus susciter la curiosité et pourquoi pas la convoitise de clubs plus huppés, en quête d'une pépite insoupçonnée. « Ce n’est pas une question qui m’obsède même si je songe vraiment à franchir un cap. Je suis déterminé à ne me consacrer qu’au hand et je ne veux rien me refuser. Dans l’immédiat, je participe à l’aventure de l'équipe en N1 et si des opportunités se présentent, je les étudierai, on verra comment ça se passe en cours d’année. » A 21 ans, l’enfant de L’Huisserie ne veut plus perdre de temps. A l’instar de Théo Monar (HBC Nantes et maintenant chez les Polonais de Kielce) ou de Guénolé Gaillard (Frontignan – co-leader de la Proligue), croisés à l’époque au pôle de Nantes, il se verrait bien entrer dans l’univers des pros.
L'USML... de l'ambition et de la mesure
A plusieurs, on fédère encore un peu mieux les énergies. Dans un des départements les moins peuplés et les moins étendus de France, l’Union Sud Mayenne Handball – L’Huisserie (réunion au départ des clubs de Château Gontier et Meslay du Maine et qui regroupe 400 licenciés pour un budget médian de 620 000 euros) n’échappe pas, comme un peu partout en France, au manque d’infrastructures. La majorité des matches de l’équipe 1ère se déroule à Château Gontier (jauge de 1000 places), quelques-uns à la très convoitée salle polyvalente de Laval (1200 places). Avec l’accession au 3ème échelon national, le club a dû recruter quatre nouveaux joueurs et un technicien qui possédait les diplômes requis. Recommandé par Guillaume Joli (responsable du Pôle AURA et nouvel entraîneur de l’EDF U21) qu’il avait croisé au pôle de Lyon, Bruno Souillet a quitté Sélestat où il était en charge de la formation. En Mayenne, il partage le banc avec une autre figure atypique du handball régional, Alexis Huaulmé. Un véritable enfant de la balle, passé par les terrains comme joueur, arbitre, puis président de club, entraîneur, plus jeune président de Ligue (des Pays de la Loire) en 2021 (réélu jusqu’en 2028) et tout nouveau chef de délégation de l’EDF U21. Âgé d’à peine 31 ans, il a participé à la folle aventure de l’USML dont la finale de coupe de France régionale perdue aux jets de 7m en 2022 à Bercy juste avant l'apothéose entre le HBC Nantes et le PSG.
Dans un large périmètre où le HBC Nantes domine le handball régional (avec Angers en D2, l’USML et Rezé en N1) chez les garçons et le Nantes HB (reparti en D2) chez les filles, l’Union Sud Mayenne peut-elle aspirer à franchir une étape supplémentaire ? « Il faut qu’on prenne le temps de s’installer en N1, insiste Alexis Huaulmé. Il y a un vrai palier tactique et technique par rapport à ce qu’on a connu. On joue beaucoup de réserves de clubs pros et donc de centres de formation qui s’entraînent tous les jours et qui peuvent vite nous mettre en difficulté. Il faut avoir les réponses appropriées pour les contrer. Si notre projet persiste dans la durée, on peut envisager mieux. Tout en restant humble et prudent. » L’exemple d’un club comme Frontignan parti sur la pointe des pieds à l'ombre du géant montpelliérain et qui excelle en Proligue peut être très inspirant.
Alexis Huaulmé et Bastien Souillet (1er plan) sur le banc de l'USML