C’est parce qu’elle ne voulait pas être seule dans la performance qu’à l’âge de 11 ans, Mélissa Chantelly a délaissé la gymnastique pour se retrouver entre copines au handball et suivre, par la même occasion, la trace de Patrice le papa, arrière gauche de Lagny en N1 au début des années 2000. Pas question pour autant de faire carrière dans la discipline, la notion de plaisir passe avant tout. Mélissa, c’est le genre de joueuse qu’on remarque du 1er coup d’œil. Une forte personnalité, des qualités physiques hors normes, un mental d’acier, une tchatche qui la distingue des autres filles de sa génération. « C’est vrai que j’ai parfois un sale caractère, s’amuse-t-elle à reconnaître, et que j’aime avoir raison (rires). Mais j’arrive à me gérer et je suis de plus en plus sociable. Je parle beaucoup, je rigole beaucoup et la bonne humeur, ça m'aide à atteindre mes objectifs. » Et la recette fonctionne plutôt bien. Depuis ses débuts à Libourne, l’intéressée a avalé toutes les étapes avec succès. Sélections départementale et régionale, pôle Espoirs, rien ne lui a échappé. Et après un passage par Saint Loubès, elle a posé son sac à Mérignac en équipe réserve. Mais le crochet par la N1 a été de courte durée. « Cet hiver, il y a eu quelques blessées et j’ai réussi à performer sur quelques matches avec les pros (en LBE). Du coup, le coach m’a maintenu sa confiance même si des fois, cela a été compliqué. » Son coach ? Un certain Christophe Chagnard, à la barre du club girondin depuis quatre saisons et qui a prolongé son bail jusqu’en 2025. Le ‘’Cha’’... un autre personnage fort en gueule. « Il a toujours dit qu’il appréciait les joueuses de caractère (sourires). Cela tombe plutôt bien, non ? Mais je reste à ma place. Après, j’aime aussi les gens qui disent en face ce qu’ils pensent. Même si parfois, c’est assez dur à encaisser. » Une autre évidence dans le cursus de Mélissa Chantelly, la filière France Jeunes.
Les premiers stages, les premiers tournois sous le maillot tricolore et l’été dernier, la machine s’emballe. Le Festival Olympique de la Jeunesse Européenne et l’Euro avec en prime, le brassard de capitaine. Et les joueuses d’Olivier De Lafuente ont tout raflé. « Le FOJE a été une excellente entrée en matière avant l’Euro, valide la demi-centre. On a gagné des matches et cela nous a rassurées sur notre niveau. On sait être sérieuses lorsqu’il y a une échéance importante. Le fait d’être capitaine ne change pas grand-chose dans mon comportement. J’essaie de communiquer un peu plus avec tout le monde mais brassard ou pas, le but est toujours le même, être performante et gagner. » Un an plus tard, voilà les Bleuettes au pied de la Grande Muraille de Chine. Pas pour du tourisme mais une participation au championnat du Monde U18. Avec la pancarte de favorites dans le dos. « C’est vrai qu’on doit assumer un nouveau statut depuis l’Euro. Toutes les équipes qu’on va affronter, vont vouloir nous battre. C’est une situation qui me convient, cela va nous obliger à être vigilantes sur tous les matches. On a une équipe très soudée qui sait ce qu’elle veut. » Des qualités qui ne sont pas sans rappeler l’état d’esprit qui animait fin juin, les U20 futures championnes du Monde. « C’est une source d’inspiration. Ce qu’elles ont fait, est génial. Cela ne nous met pas la pression. On se dit simplement que si elles y sont arrivées, on n’a aucune raison de ne pas les imiter. » Un doublé la même année dans la filière Jeunes féminines sur deux générations différentes ? Aucune nation ne l'a fait auparavant. Un doublé Euro-Mondial pour la même génération ? Seul le Danemark de la gardienne aux J.O de Paris, Sandra Toft y est parvenu en 2005 et 2006.
La génération 2006-2007 est en Chine à Chuzhou à plus de 950 km au sud de Pékin pour tenter d’imiter leurs aînées U20. « Le voyage s’est très bien passé, rassure Olivier De Lafuente. Nous sommes arrivés samedi en fin de journée, c’était vraiment ce que nous voulions pour profiter d’une pleine nuit de récupération. On se cale petit à petit sur les horaires locaux, on prend nos marques et surtout on essaie de supporter la chaleur. » Les Tricolores débarquent dans un contexte inédit, très loin de leurs repères habituels. Et même si le titre de championnes d’Europe décroché l’été dernier les place parmi les grandes favorites de la compétition, elles vont rester prudentes quant à son approche. « Nous avons sélectionné 18 joueuses et 16 seront sur la feuille de match. Le découpage de ce Mondial nous permet d’avoir une entrée en matière où je vais gérer le temps de jeu de chacune. » La poule du tour préliminaire avec l’Inde, le Kosovo et le Brésil est largement à leur portée. «Attention aux championnes panaméricaines avec des individualités qui peuvent poser quelques problèmes. Collectivement, je le conçois, on doit être au dessus.» Le périple se poursuivra avec un Tour Principal où les ‘’Bleuettes’’ devraient logiquement retrouver les Pays Bas et un des représentants asiatiques entre le Japon et la Corée du sud. « Je me méfie beaucoup de ces deux nations, poursuit le technicien. Elles ont un style de jeu qui peut nous surprendre. C’est la 1ère fois que nos filles sortent d’Europe, elles vont découvrir des systèmes qu’elles ne connaissent pas. La Corée du Sud a gagné le Mondial en 2022. A nous de bien se préparer. On aura eu le temps nécessaire pour visionner ces futurs adversaires, on verra déjà comment les Asiatiques se comportent face aux Néerlandaises. » Après cinq matches en sept jours, l’équipe de France a pour 1er objectif d’atteindre les quarts de finale. Mais l’appétit de cette génération va au-delà.
La liste des 18 joueuses
GRD: Romane GINDRO (ES Besançon) Leane GONZALEZ (ATH) Lisa JOYET-BONDU (Roz Hand 29)
ALG: Liyah NAAL (Noisy) Corentine SENANT (JDA Dijon)
ARG: Leane ALCEE (Chambray les Tours) Julilove ANDON (Paris 92) Prunelle KINGUE (ES Besançon)
DC: Melissa CHANTELLY (Mérignac) Agathe CLERC (ATH) Claire KOESTNER (Metz HB)
ARD: Emma BUREU-CRUZ (Bordes) Zeina INJAI (St Maur)
ALD: Dawiya ABDOU (Chambray les Tours) Blandine GROS (Pessac)
PVT: Jone AROTCARENA-ROSAS (Chambray les Tours) Elea FERDILUS (Metz HB) Lalie LAMBET (ES Besançon)
Coaches: Olivier DE LAFUENTE - Jessica BARBIER - Amélie SIGWART
Les matches du Tour Préliminaire (Groupe D)
Date | Match | Heure F. |
mercredi 14 août | FRANCE - INDE | 08h00 |
jeudi 15 août | KOSOVO - FRANCE | 10h00 |
samedi 17 août | FRANCE - BRESIL | 8h00 |
Les deux premiers de chaque groupe sont qualifiés pour le Tour Principal en conservant le résultat obtenu entre eux. Le groupe D croise avec le groupe C (Canada, Corée du sud, Japon, Pays-Bas).