Depuis le tirage au sort fin juin, Nikola Portner attend ce rendez-vous avec impatience. Lui qui a vécu quatre saisons à Montpellier mais qui a quitté l'Hérault avant la fin de son contrat parce qu'on ne lui faisait plus confiance. Le gardien suisse a passé ensuite deux belles années à Chambéry avant d'arriver, l'été dernier à Magdebourg. Son palmarès s'est enrichi d'une finale de coupe d'Allemagne, d'un Super Globe en Arabie Saoudite mais surtout d'une 2ème Ligue des Champions à Cologne après celle remportée en 2018 avec le MHB. L'homme qui fêtera son 30ème anniversaire le 19 novembre prochain entend poursuivre sur la même voie. En Bundesliga, Magdebourg est actuellement 2ème à 3 points de Berlin et dans la compétition européenne, 4ème derrière Barcelone, Veszprém et GOG (Gudme) et 2 points devant Montpellier. D'où l'importance de la confrontation de ce mercredi (au FDI Stadium à 20h45).
Es-tu content de revenir à Montpellier ?
Oui, vraiment. Ça va être sympa.
Tu y as passé 4 ans… avec des hauts et des bas…
C’est vrai. Les bas, c'était surtout sur la fin. Sur le coup, on se dit que cela fait partie de la carrière mais en y repensant…
Comment cela ?
J’étais jeune, je manquais certainement d’expérience mais je pense que certaines choses auraient pu mieux tourner. En tout cas, la façon dont on m’a traité, m’a forgé et j'ai compris que dans le sport, il y avait pas mal de politique. C’est dur de réaliser que du jour au lendemain, on ne compte plus sur toi. Il fallait que je garde la tête froide tout en refusant de subir la situation. J’ai travaillé encore plus dans mon coin et quand je vois où cela m’a mené, je ne regrette pas.
T’es-tu senti trahi ?
On était trois gardiens mais on n’a pas été traité à armes égales. Patrice (Canayer) nous a fait comprendre à Kévin (Bonnefoi) et à moi qu’on ne donnait pas assez de garanties pour représenter le Montpellier Handball et que l’arrivée de Marin (Sego) était nécessaire.
Sauf que par la suite, les performances de Sego ont été irrégulières…
(Silence) J’avais posé la question au coach. Je devais jouer si les deux autres étaient moins efficaces. Lors de la saison avant Covid, les résultats ont été catastrophiques. Ce qui m’a le plus dérangé, c’est que tout le monde en avait pris conscience sans qu’il y ait le moindre changement. J’ai vite compris que c’était cuit.
La frustration prend-elle le dessus ?
Oui car j’étais persuadé que je pouvais apporter quelque chose au groupe. A la limite, je ne joue pas mais l’équipe gagne, c’est normal qu’on ne fasse pas appel à moi. J’étais là pour performer et convaincu que je pouvais aider. Malgré cela, on ne m'a pas fait confiance.
Tu as trouvé ta bouffée d’oxygène à Chambéry...
Je voulais montrer que je figurais parmi les meilleurs gardiens du championnat. Mon discours avait changé, je n’avais plus rien à expliquer à quiconque. J’ai surtout prouvé que si on comptait sur moi, je pouvais être bon. Je ne regretterai jamais ces deux dernières années en France.
Et Magdebourg le champion de Bundesliga s'intéresse à toi…
Oui… mais ce n’était pas gagné d’avance. D’accord, je maîtrise l’allemand mais avec ma famille j'ai du m'adapter à une nouvelle vie, c’est une réorganisation totale et surtout, je venais remplacer une légende, Jannick Green qui est resté huit saisons ici. C'est une équipe top niveau où je devais faire mes preuves. Un club avec une histoire, un palmarès, très respecté, très familial où tous les anciens qui sont dans le coin, assistent à tous les matches. Cela s'est plutôt bien passé avec un titre de vice-champion d'Allemagne et surtout cette victoire en Ligue des Champions. Et dans celle-là, mon rôle est plus déterminant.
Apparemment tu te sens bien dans ce club puisque tu as prolongé jusqu’en 2027…
Oui on a commencé à en parler dès janvier ! A peine six mois après mon arrivée. Ça s’est concrétisé au retour des vacances d’été. Pour moi, c’est une fantastique reconnaissance.
Quelle image penses-tu avoir laissée en France ?
Je dirai… celle d’un bon gardien et d’un mec bien, c’est déjà pas mal, non ? (rires) Mais ce qui m’a le plus marqué, à titre perso, c’est la dernière année avec Chambéry et cette récompense de meilleur gardien.
Quelle est la valeur de Magdebourg cette saison ?
On a une équipe pour remporter les compétitions dans lesquelles nous sommes engagés. Le mois de septembre a été infernal avec Kiel et Berlin en Bundesliga, Veszprém et Barcelone en Champions League mais aussi deux nouveaux demi-centres à intégrer et le départ de Kai Smits à digérer. On se cherche un peu mais on commence à être de plus en plus cohérents dans ce qu’on produit.
En Ligue des Champions, vous êtes 4èmes devant Montpellier…
Oui mais on doit viser les deux 1ères places pour accéder directement aux quarts. On est dans la même configuration que l’an passé. Je pense que Montpellier est à notre portée. Si on est sérieux, on peut les battre chez eux. C’est en tout cas notre objectif.

A noter que la dernière confrontation entre les deux équipes en Ligue des Champions remonte à la saison 2005-2006 lors de la phase de groupe. Montpellier coaché par Patrice Canayer s'était imposé à domicile (29-24) et s'était incliné à Magdebourg où évoluait un certain Joël Abati (32-28).
Montpellier reste sur un succès (son 7ème en autant de rencontres) à Ivry (27-31) dimanche en championnat et une contreperformance en Ligue des Champions, il y a une semaine à Gudme au Danemark face à GOG (32-27). Si Ahmed Hesham, Stas Skube et Yanis Lenne, blessés manquent à l'appel, la participation de Rémi Desbonnet (photo ci-dessus) est incertaine. Dimanche, après un quart d'heure, le gardien international a été touché à la cheville droite. Il a rassuré son entourage en testant sa jambe le long de la touche mais n'est pas revenu sur le parquet. Le staff n'a voulu prendre aucun risque.