Patrice Canayer est conscient des enjeux potentiels. L’inamovible coach héraultais (29è saison à la tête de l’équipe du MHB) est très satisfait de la tournure actuelle des évènements.
Le scénario contre Benfica s’est révélé plutôt satisfaisant compte tenu du contexte…
C’est vrai. Rejouer la même équipe en l’espace d’une semaine, qui plus est lorsque tu l’as battue chez elle, n’est jamais facile. Diego Simonet et Stas Skube étaient absents. Il fallait à la fois essayer de battre les Portugais, ce qui a plutôt été bien fait et surtout j’ai apprécié l’engagement qu’on a été capable de mettre pendant 60 minutes face à un adversaire qui est très rude dans le combat physique.
Simonet et Skube seront-ils présents contre Paris?
A priori, oui. Ils n’étaient pas en état de jouer contre Benfica et on aurait pris un trop grand risque de les aligner.
Etait-ce important d’obtenir la qualification pour les 8èmes avant la trêve ?
Pas forcément. Comme on travaille sur des cycles courts, ce qui était important, c’était de gommer cette forme d’inconstance permanente qui nous avait perturbés l’an passé. Je me rappelle qu’à la même période, certes on était 1ers de notre poule de Ligue des Champions mais 8 ou 9ème du championnat. On est beaucoup plus réguliers dans l'effort, dans la concentration, dans la qualité de jeu, que ce soit en coupe d’Europe mais aussi en championnat.
Qu’est-ce qui a changé d’une saison sur l’autre ?
Cette fois, on a eu une vraie préparation de huit semaines tous ensemble (
un an plus tôt, les JO avaient rétréci la période de prépa) et les joueurs avaient un programme à respecter durant l’été. On ne peut pas dire qu’on soit fatigué. Mardi par exemple, j’ai utilisé dix joueurs et je les ai plus fait souffler pour les ménager par rapport au risque de blessures que parce que physiquement ils en avaient besoin. On a aussi tiré quelques conclusions de ce qui s’était passé, les joueurs ont appris à être de meilleurs compétiteurs individuellement et collectivement, combiné au fait que des jeunes arrivent un peu plus à maturité.
A ce sujet, doit-on s’étonner de l’éclosion de Charles Bolzinger ? (photo ci-dessus)
A mes yeux, il était inenvisageable d’évoluer avec seulement deux gardiens dans le groupe. Et quand en plus, il y a la coupe d’Europe, en avoir trois est une nécessité. Beaucoup de personnes avaient prédit à Charles qu’il ne jouerait pas et qu’il vaudrait mieux qu’il soit prêté. Mon problème est de faire jouer celui qui est le plus performant… Et il l'a été dès que je lui ai fait confiance.
Ce qui surprend, c’est qu’il le soit aussi vite…
Il tourne en moyenne aujourd’hui à 38% de réussite (meilleur ratio de Starligue), ça, je n’en doutais pas sinon je ne l’aurais pas gardé à Montpellier car il avait déjà montré son efficacité l’année dernière, ce qui est intéressant, c’est qu’il arrive à être constant dans ce qu’il produit. C’est aussi une question de gestion. Il avait été très bon à l’aller contre Benfica, mardi il a renouvelé la performance mais entre-temps, à Sélestat, il n’a pas joué. Il n’a peut-être pas encore le physique pour enchaîner tous les trois jours et le fait de le ménager lui est profitable.
Il est donc la révélation de ce début de saison…
Aujourd’hui, il est clairement le n°1. Et pas parce que je l’ai décrété mais parce qu’il est performant.
Kyllian Villeminot (photo ci-dessous) crève également l'écran. Là aussi, est-ce une réelle satisfaction ?
Il fait plus que me donner satisfaction. C’est un joueur extraordinaire par ses qualités, son mental et sa manière d’être. La saison passée, c’est le meilleur de l’équipe. Il tient le poste de meneur de jeu, on recrute Stas Skube, il y a là aussi beaucoup de gens qui ont pensé qu’on ne lui faisait pas confiance…
… avec Diego Simonet, il y avait a priori trois titulaires pour le même poste…
Oui mais il y a ceux qui ont également fustigé le réaménagement quand j’ai décalé Diego arrière gauche et maintenant il est redevenu un peu plus meneur. Mardi, Kyllian a joué 40 minutes demi-centre et ensuite à gauche, c’est un vrai compétiteur qui ne pose jamais la question de savoir comment on va l’utiliser.

Kyllian est-il actuellement le meilleur français à son poste ?
C’est difficile de répondre. D'ailleurs, je ne sais pas quel est son meilleur poste. Quand Stas Skube joue, il est plus utile à gauche mais peu importe… Il peut évoluer partout. Si demain je pars dans un autre endroit, Kyllian Villeminot est un des 1ers joueurs que je cherche à recruter. C’est un peu comme Minne à Nantes. Ils méritent qu’à moment donné, tu leur fasses confiance et que tu organises ton équipe en fonction d’eux.
Est-ce que Villeminot en France A dès le Mondial apparaît comme une évidence ?
Déjà, je suis content qu’il soit dans les 35 et je suis son plus fervent supporter auprès de Guillaume Gille quand on parle des joueurs. C’est un garçon qui mériterait d’avoir sa chance et je pense que tôt ou tard, il l’aura. Après je ne suis pas le sélectionneur et Guillaume aura à faire des choix de riche. Sur cette base arrière, il y a beaucoup de qualité. Tout dépend comment sera construite l’équipe et les complémentarités recherchées.
Pour revenir au contexte général, est-ce qu’en championnat, la hiérarchie est respectée ?
Paris, Nantes et Montpellier sont les équipes les plus constantes dans la performance, après quand on regarde les matches de Toulouse contre Nantes et Paris, on s’aperçoit que ce style d’équipe comme Limoges aussi, peut élever son niveau pour réaliser de grosses perfs. C’est à la portée d’autres formations de Starligue. Ce qui fait la différence, c’est la régularité. Mais il faut reconnâitre que psychologiquement surtout, c’est plus aisé de gérer la Ligue Européenne que la Ligue des Champions.
Il reste donc deux journées avant la trêve avec de véritables chocs...
Il y a l’aspect comptable et ça on verra bien mais on ne va pas commencer à se prendre la tête, si on gagne, si on perd, quels sont les calculs, etc… Là où on doit se concentrer c’est pour être au meilleur de ce qu’on est capable de faire physiquement, mentalement et techniquement. Ce qu’on va rechercher samedi, c’est jouer à notre meilleur niveau. Si cela nous permet de battre Paris, tant mieux.
En début de saison, il y avait des doutes sur Paris…
Ils sont comme bon nombre d'équipes. De bons éléments s'en vont et on peut croire que cela va leur manquer. Mais quand tu vois le niveau qui est celui de Prandi, tu te demandes s’ils ont perdu beaucoup en lâchant Hansen. Paris a cette force de retrouver sans arrêt un équilibre d’équipe à la fois par rapport au choix de l’entraîneur et à l’éclosion d’un joueur qui est totalement en confiance et qui fournit des prestations de très haut niveau. Sur ce que j'ai vu dernièrement, je ne pense pas que Paris soit moins bon que la saison dernière.
Cela fait un petit moment que vous ne les avez pas battus à domicile….
C’est vrai. Il y aura donc deux enjeux… savoir si on est plus régulier aujourd’hui, je crois que oui sur la 1ère partie de saison, et puis... Est-ce qu’on est capable d’aller battre Paris en performance de pointe et ça, on ne le saura que samedi soir.
La trêve hivernale et internationale va arriver, est-ce un moment que tu redoutes ?
C’est devenu récurrent et c’est toujours problématique pour un entraîneur de redémarrer une saison après 6 à 7 semaines d’absence de ses meilleurs joueurs. L’an passé, cela nous avait plutôt bien réussis. On parle beaucoup de l’aspect physique mais quand les gars reviennent rincés psychologiquement parce qu’ils ont beaucoup donné, c’est dur de les remonter. Ça dépend beaucoup du parcours qu’ils vont avoir avec leur sélection. Quand on va reprendre en février, il y a un match à St Raphaël en coupe et on va enchaîner de suite en coupe d’Europe, le bilan sur l’état des joueurs ne pourra être fait que peu de temps avant.
Coup d'arrêt pour le PSG Après un démarrage en mode diesel, le PSG restait sur une belle série de 19 victoires de rang (toutes compétitions confondues) depuis son unique revers en championnat face à Toulouse. Ce mercredi en Ligue des Champions, les partenaires d’Elohim Prandi (notre photo) ont trébuché à domicile face à Magdebourg (33-37). Ce faux-pas permet aux Hongrois de Veszprém qui ont décroché le nul (31-31) au Dinamo Bucarest de rejoindre les Parisiens à la 1ère place du groupe A avec 16 pts (les deux 1ères places sont directement qualificatives pour les quarts de la compétition). Comme le faisait remarquer
Luka Karabatic à l’issue du match à Coubertin, l’équipe
« a baissé en intensité et a perdu trop de duels. » Notamment en seconde période puisqu’à la pause, le PSG avait viré en tête (19-15). Et le capitaine-pivot tricolore de conclure…
« Nous devons nous remettre la tête à l’endroit pour aller faire un résultat à Montpellier. Il faut vite passer à autre chose… » Les statistiques plaident en faveur des derniers champions de France puisqu’en Starligue, leur ultime revers dans l’Hérault remonte à 2017-2018. Excepté 2019-2020 où les matches retour ont été annulés à cause de la Covid, les Parisiens restent sur 3 succès. La saison passée (le 24 octobre 2021), les Montpelliérains avaient quitté leur parquet avec beaucoup de frustration. Tout s’est joué dans les trente dernières secondes alors que les deux formations étaient à égalité. Julien Bos a eu la balle de la gagne mais c’est le Danois Hansen qui s’est montré le plus opportuniste sur jet franc quasiment sur la sirène (33-34). S’il ne veut pas se laisser distancer, qui plus est en prévision d’un autre déplacement, mercredi, en terre… nantaise, le PSG est quasiment condamné à rééditer un exploit à la Sud de France Arena.