Le changement climatique est effectif à Saint-Amand-les-Eaux. Jamais automne en LBE n’avait été aussi doux que celui en cours. Alors qu’elle n’avait gagné qu’un de ses neuf premiers matches du championnat 2024-25, la formation nordiste totalise déjà cinq succès en huit journées. Dont quatre consécutives (Achenheim, Saint-Maur, Le Havre, Plan-de-Cuques), en écho à la victoire inaugurale retentissante contre Dijon (29-25). « C’est une nouvelle ère, affirme Claire
Koestner. Beaucoup de filles sont arrivées, comme moi, cette année. On a créé quelque chose de nouveau par rapport à ce que les filles ont vécu l’année dernière. L’ambiance est très bonne, ça aide sur le terrain. Je trouve l’équipe très complémentaire, très solide. » Entre recrues françaises (Técher, Mbata, Abdellahi) et étrangères (Pessoa, Lopez Herrero), joueuses confirmées et en devenir, « la mayonnaise a pris. On sait s’adapter à pas mal de situations, on avance bien. »
La Colmarienne de 19 ans personnifie ces vertus qui hissent le SAH-PH à une inattendue cinquième place, à une longueur du podium avant d’accueillir le coleader brestois. Après trois saisons de torture des défenses de N1 avec la réserve-centre de formation de Metz (la dernière achevée à 6,7 buts de moyenne), de loin et/ou en fin de montée de balle, elle est montée de deux étages sans escale. De son plein gré. « J’avais envie de voir plus haut. J’ai eu des propositions de clubs de D1. J’avais un petit stress de découvrir un autre niveau. Tant qu’on n’y est pas, on n’est pas sûr de faire le bon choix. » Savoir que Saint-Amand est une destination accueillante, privilégiée pour et par les ex-Mosellanes (la gardienne Ophélie Tonds, l’ailière droit Julie Le Blévec, pour ne citer que les coéquipières actuelles), a pu lever certaines appréhensions. Quitter le champion de France, oui, mais non sans avoir signé au préalable un premier contrat pro contenant un prêt en annexe. « Ç’aurait été très compliqué d’intégrer l’effectif professionnel cette année. Il y a trois super joueuses à mon poste. Là, je reste attachée à Metz, mais j’ai du temps de jeu à Saint-Amand. C’est le compromis parfait. »
Alors que son vécu en LBE se limitait à un unique bout de Metz – Sambre Avesnois en mai dernier, la demi-centre internationale juniors (2,8 réalisations par match depuis la rentrée) estime avoir, en un trimestre dans les Hauts-de-France, « trouvé (sa) place assez rapidement, comme tout le monde dans l’équipe » coachée par Edina Borsos. En ayant conscience, bien sûr, qu’ordonner le jeu d’attaque en élite n’est pas tout à fait la même chose qu’au troisième échelon. « Ici, tout est plus dur, tout va plus vite. Il faut prendre des décisions dans un temps beaucoup plus court, presque instinctivement. C’est obligatoire parce qu’en réfléchissant, la situation n’est tout de suite plus la même. Des fois, je me trompe parce que je ne suis pas dans le bon timing. J’essaie de trouver les bonnes associations, les bons enclenchements au bon moment. Je travaille aussi ma vision, mes intuitions. C’est important en tant que demi-centre. Ça se travaille, même dans la vie de tous les jours. »
Un quotidien qui est désormais celui d’une handballeuse professionnelle. D’une championne d’Europe U17 2023 qui transforme sa passion, née en classe de CE2, en métier. Dans l’emploi du temps de l’ex-Strasbourgeoise (ASPTT, Schiltigheim, pôle espoirs de Barr), compatible avec des études supérieures de gestion (Bachelor business administration) en distanciel, il n’y a « pas forcément plus d’heures d’entraînement qu’au centre de formation de Metz, mais plus de matches en milieu de semaine. Le plus gros changement, c’est l’intensité des entraînements. Là, pendant 1h30, on ne fait que courir, avec des joueuses plus physiques. A Metz, quand je montais avec les pros, le cardio, l’endurance me semblait le plus dur. Il me fallait progresser là-dessus. A Saint-Amand, je me sens très en forme physiquement. »
La cadence s’accentue également côté sollicitations. Qu’elles émanent des partenaires, des médias ou des supporters jaune et bleu, environ dix fois plus nombreux à Maurice-Hugot qu’au gymnase de Metz-Technopôle. « C’est nouveau, ça fait partie de l’apprentissage. Je le fais assez naturellement, avec plaisir. C’est toujours agréable quand les enfants demandent des autographes. » Même si elle pourrait se faire voler la vedette par les stars du BBH, Claire Koestner dédicacera à coup sûr mercredi soir, et après chaque rencontre à domicile jusqu’en 2027, terme de la location longue durée. « Un an, c’est souvent très court. Je suis très contente de pouvoir avoir deux saisons dans le même club. Pour travailler avec les coaches, prévoir des objectifs, c’est plus facile. Ça me laisse aussi le temps de grandir, avant de reprendre une décision sur ce que je ferai après. » A tête reposée et éclairée.
Saint-Amand-les-Eaux – Brest (neuvième journée de LBE), mercredi 12 novembre (19h30)