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La formation montpelliéraine s'exporte à l'étranger

France

jeudi 2 mars 2023 - © Yves Michel

 5 min 28 de lecture

A l'image de Justin Soutoul chez les Danois de Skjern ou Elie Ona en Allemagne à Berlin, le Montpellier Handball multiplie les échanges et exporte sa formation. Ce ne sont plus les joueurs étrangers qui viennent tenter leur chance dans les centres de formation tricolores mais désormais les petits Frenchies qui passent la frontière.


Immersion dans le quotidien d'un exilé 

C’est à l’entrée au collège et après s'être essayé à la gym, au tennis ou au taekwondo que Justin Soutoul (photo de tête) s’est pris d’une véritable passion pour le handball. L’ambiance de groupe, une balle vite apprivoisée, les 1ers succès, il n’en faut pas plus pour le séduire. La suite se conjugue sous le maillot du MHB. « J'étais dans la filière intensive (ce qui deviendra l’Academy), je me suis retrouvé ensuite en moins de 18. A 14 ans, j’aurais bien aimé entrer au pôle avec les meilleurs, j’avais tenté tout naturellement Montpellier puis Nîmes et Aix mais je n’ai pas été retenu. Sur le coup, c’était assez frustrant par rapport à mes potes qui eux, avaient réussi. Avec le recul, je me dis que ce n’était pas si grave. » D’autant qu’en 2019, Justin essuie les plâtres de la toute jeune ''Academy du MHB'. Il y fera son apprentissage jusqu’à la saison dernière où avec les moins de 18 nationaux, il atteint la finale du championnat (perdue face au PSG). Il vient d’avoir son bac scientifique (avec mention bien) et doit décider de son orientation. Suite à l’intérêt manifesté par l’entraîneur de Skjern venu en repérage à Montpellier (voir plus bas), le gaucher décide de changer d’air et de quitter le cocon familial. « Si j’étais resté au MHB (en équipe réserve), on se retrouvait à trois sur l’aile droite puisque le club avait recruté un Hongrois. Partir au Danemark était une opportunité. J’ai quand même pris le temps de réfléchir car je sacrifiais mes études. Mais je ne voulais avoir aucun regret donc en accord avec mes parents, j’ai accepté la proposition. » Et voilà Justin être le 1er français à intégrer le centre de formation d’un des meilleurs clubs danois, habitué des coupes européennes. « Je me suis retrouvé livré à moi-même, obligé de me faire la cuisine, je sortais de ma zone de confort mais c’est ce qui est excitant. Sans parler du langage. Je suis arrivé, je n’étais pas très fort en anglais, maintenant, j’arrive à discuter avec tous les gens que je croise (rires). » La découverte d’une autre culture mais aussi des méthodes totalement différentes. 



Si la fréquence des entraînements est quotidienne à l’exception du mercredi, l’approche du hand est particulière. « Ce qui surprend, d’entrée, c’est l’échauffement. Ça dure énormément de temps. Au niveau du jeu, tous les enclenchements sont pour les arrières et la défense, c’est plus dans le contre, dans la dissuasion et moins dans le combat comme en France. Il y a moins de décalage à l’aile. Il faut s’y habituer.» Au milieu de tous les Nordiques (le groupe est composé de Danois, Norvégiens et Suédois), le petit ‘’Frenchy’’ de 18 ans détonne. « Forcément avec mon petit gabarit, j’attire un peu l’attention. J’ai été vraiment bien accueilli. Notamment lorsque je m’entraîne avec les pros, il y a une bonne ambiance. » C’est ce qui a notamment facilité son incorporation dans les 14 lors de la dernière journée de la phase de groupe de la Ligue Européenne, contre les Hongrois de Balatonfured. Alors que la victoire était acquise, le Montpelliérain est entré en fin de rencontre et a inscrit le dernier but de Skjern. « Ça s’est super bien passé et ce qui m’a fait plaisir, c’est que tout le banc était content pour moi. Mon objectif est de renouveler l’expérience et de participer à un maximum de matches et de performer avec les pros. » Avant d’envisager la suite et un retour en France ? « Le projet est de revenir au MHB en N1 au sein de l’Academy. Si Skjern ne me propose pas de contrat pro, c’est ce que je ferai. » Avec des modèles comme Luc Abalo, Uwe Gensheimer, Aleix Gomez ou Yanis Lenne, Justin Soutoul n’est pas disposé à lâcher le jeu à 7 de sitôt.  



La MHB Academy ne se replie pas sur elle-même

Depuis 2018, la ‘’MHB Academy’’ s’est ouverte vers l’extérieur en accueillant des joueurs étrangers. Les frères italiens Simone et Marco Mengon ont été les pionniers avant le Géorgien Giorgi Tskhovrebadze et l’été dernier, le Hongrois Roland Terjek. Des conventions de partenariat ont été passées avec d’autres clubs prestigieux comme Skjern au Danemark et les Renards de Berlin en Allemagne. « On profite des vacances scolaires pour faciliter les échanges, explique David Degouy, le responsable de l’Academy. Avec Skjern, c’est tout récent. L’entraîneur s’est déplacé à Montpellier et avec Justin Soutoul, il était intéressé par un autre joueur qui malheureusement s’est blessé entre temps et qui n’a pas pu l’accompagner. L’an passé, on a été à Berlin avec les U15, U17 et U19 (photo ci-dessus) et cette fois-ci, on va les recevoir. On est vraiment dans le partage culturel et sportif. » Un autre membre de la MHB Academy, le gardien Elie Ona a franchi le pas, vers l’Allemagne. « Avant d’être chez nous, il a été formé dans un club de la banlieue berlinoise puisque sa maman et ses grands-parents sont de là-bas. Il évolue en équipe réserve et ça se passe plutôt bien puisqu’il a signé jusqu’à la saison prochaine. La manière de travailler en Allemagne est différente, l’expérience est très enrichissante. Rester dans son petit monde, à Montpellier, on finit par s’enliser. La césure est profitable, le joueur part une année, prend de l’épaisseur, se fait plaisir dans un autre contexte pour revenir plus fort. » Le développement des relations à l’international pourrait être intensifié avec une augmentation des partenariats. Une nécessité presque, pour coller avec l'époque. « L’idée est d’inciter nos jeunes à prendre des risques pour réussir. Notre rôle est de rassembler toutes les opportunités qui se présentent et on les propose. C’est aussi une question de maturité, de consensus familial, de projet au niveau scolaire. Tout cela se prépare. » Et même si c’est par le rayonnement de son équipe 1ère que le nom du MHB est désormais connu sur toute la planète handball, c’est par sa formation que le club héraultais a toujours voulu s’illustrer. Une formation qui désormais se décline en plusieurs langues. 

La formation montpelliéraine s'exporte à l'étranger 

France

jeudi 2 mars 2023 - © Yves Michel

 5 min 28 de lecture

A l'image de Justin Soutoul chez les Danois de Skjern ou Elie Ona en Allemagne à Berlin, le Montpellier Handball multiplie les échanges et exporte sa formation. Ce ne sont plus les joueurs étrangers qui viennent tenter leur chance dans les centres de formation tricolores mais désormais les petits Frenchies qui passent la frontière.


Immersion dans le quotidien d'un exilé 

C’est à l’entrée au collège et après s'être essayé à la gym, au tennis ou au taekwondo que Justin Soutoul (photo de tête) s’est pris d’une véritable passion pour le handball. L’ambiance de groupe, une balle vite apprivoisée, les 1ers succès, il n’en faut pas plus pour le séduire. La suite se conjugue sous le maillot du MHB. « J'étais dans la filière intensive (ce qui deviendra l’Academy), je me suis retrouvé ensuite en moins de 18. A 14 ans, j’aurais bien aimé entrer au pôle avec les meilleurs, j’avais tenté tout naturellement Montpellier puis Nîmes et Aix mais je n’ai pas été retenu. Sur le coup, c’était assez frustrant par rapport à mes potes qui eux, avaient réussi. Avec le recul, je me dis que ce n’était pas si grave. » D’autant qu’en 2019, Justin essuie les plâtres de la toute jeune ''Academy du MHB'. Il y fera son apprentissage jusqu’à la saison dernière où avec les moins de 18 nationaux, il atteint la finale du championnat (perdue face au PSG). Il vient d’avoir son bac scientifique (avec mention bien) et doit décider de son orientation. Suite à l’intérêt manifesté par l’entraîneur de Skjern venu en repérage à Montpellier (voir plus bas), le gaucher décide de changer d’air et de quitter le cocon familial. « Si j’étais resté au MHB (en équipe réserve), on se retrouvait à trois sur l’aile droite puisque le club avait recruté un Hongrois. Partir au Danemark était une opportunité. J’ai quand même pris le temps de réfléchir car je sacrifiais mes études. Mais je ne voulais avoir aucun regret donc en accord avec mes parents, j’ai accepté la proposition. » Et voilà Justin être le 1er français à intégrer le centre de formation d’un des meilleurs clubs danois, habitué des coupes européennes. « Je me suis retrouvé livré à moi-même, obligé de me faire la cuisine, je sortais de ma zone de confort mais c’est ce qui est excitant. Sans parler du langage. Je suis arrivé, je n’étais pas très fort en anglais, maintenant, j’arrive à discuter avec tous les gens que je croise (rires). » La découverte d’une autre culture mais aussi des méthodes totalement différentes. 



Si la fréquence des entraînements est quotidienne à l’exception du mercredi, l’approche du hand est particulière. « Ce qui surprend, d’entrée, c’est l’échauffement. Ça dure énormément de temps. Au niveau du jeu, tous les enclenchements sont pour les arrières et la défense, c’est plus dans le contre, dans la dissuasion et moins dans le combat comme en France. Il y a moins de décalage à l’aile. Il faut s’y habituer.» Au milieu de tous les Nordiques (le groupe est composé de Danois, Norvégiens et Suédois), le petit ‘’Frenchy’’ de 18 ans détonne. « Forcément avec mon petit gabarit, j’attire un peu l’attention. J’ai été vraiment bien accueilli. Notamment lorsque je m’entraîne avec les pros, il y a une bonne ambiance. » C’est ce qui a notamment facilité son incorporation dans les 14 lors de la dernière journée de la phase de groupe de la Ligue Européenne, contre les Hongrois de Balatonfured. Alors que la victoire était acquise, le Montpelliérain est entré en fin de rencontre et a inscrit le dernier but de Skjern. « Ça s’est super bien passé et ce qui m’a fait plaisir, c’est que tout le banc était content pour moi. Mon objectif est de renouveler l’expérience et de participer à un maximum de matches et de performer avec les pros. » Avant d’envisager la suite et un retour en France ? « Le projet est de revenir au MHB en N1 au sein de l’Academy. Si Skjern ne me propose pas de contrat pro, c’est ce que je ferai. » Avec des modèles comme Luc Abalo, Uwe Gensheimer, Aleix Gomez ou Yanis Lenne, Justin Soutoul n’est pas disposé à lâcher le jeu à 7 de sitôt.  



La MHB Academy ne se replie pas sur elle-même

Depuis 2018, la ‘’MHB Academy’’ s’est ouverte vers l’extérieur en accueillant des joueurs étrangers. Les frères italiens Simone et Marco Mengon ont été les pionniers avant le Géorgien Giorgi Tskhovrebadze et l’été dernier, le Hongrois Roland Terjek. Des conventions de partenariat ont été passées avec d’autres clubs prestigieux comme Skjern au Danemark et les Renards de Berlin en Allemagne. « On profite des vacances scolaires pour faciliter les échanges, explique David Degouy, le responsable de l’Academy. Avec Skjern, c’est tout récent. L’entraîneur s’est déplacé à Montpellier et avec Justin Soutoul, il était intéressé par un autre joueur qui malheureusement s’est blessé entre temps et qui n’a pas pu l’accompagner. L’an passé, on a été à Berlin avec les U15, U17 et U19 (photo ci-dessus) et cette fois-ci, on va les recevoir. On est vraiment dans le partage culturel et sportif. » Un autre membre de la MHB Academy, le gardien Elie Ona a franchi le pas, vers l’Allemagne. « Avant d’être chez nous, il a été formé dans un club de la banlieue berlinoise puisque sa maman et ses grands-parents sont de là-bas. Il évolue en équipe réserve et ça se passe plutôt bien puisqu’il a signé jusqu’à la saison prochaine. La manière de travailler en Allemagne est différente, l’expérience est très enrichissante. Rester dans son petit monde, à Montpellier, on finit par s’enliser. La césure est profitable, le joueur part une année, prend de l’épaisseur, se fait plaisir dans un autre contexte pour revenir plus fort. » Le développement des relations à l’international pourrait être intensifié avec une augmentation des partenariats. Une nécessité presque, pour coller avec l'époque. « L’idée est d’inciter nos jeunes à prendre des risques pour réussir. Notre rôle est de rassembler toutes les opportunités qui se présentent et on les propose. C’est aussi une question de maturité, de consensus familial, de projet au niveau scolaire. Tout cela se prépare. » Et même si c’est par le rayonnement de son équipe 1ère que le nom du MHB est désormais connu sur toute la planète handball, c’est par sa formation que le club héraultais a toujours voulu s’illustrer. Une formation qui désormais se décline en plusieurs langues. 

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