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Philippe Dallard : « la LNH ne peut être pilotée par un club »

LMSL

jeudi 26 janvier 2023 - © Yves Michel

 5 min 36 de lecture

Depuis 24h et la démission de Bruno Martini, le siège de président de la LNH est vacant. Jusqu’à la prochaine A.G, l’intérim sera assuré par le Nîmois David Tébib. Pour autant, dans les clubs, certains comme Philippe Dallard, anticipent la suite. Le président du Fénix Toulouse est clair sur ses positions. Pour lui, il n’est pas nécessaire que le chef de file de la Ligue soit issu du handball et certainement pas d’un de ses clubs pros.

Un peu plus de 24h se sont écoulées. Et le handball français dans son ensemble a pris un coup de semonce avec ce que désormais, il conviendra d’appeler ‘’l’affaire Bruno Martini’’ (voir ICI). Ce mercredi, si un temps, le hand a légitimement alimenté la rubrique des faits divers de la plupart des médias, le sport a repris ses droits et l’équipe de France a permis de retrouver des valeurs et un peu plus de sérénité.

Depuis ce 25 janvier, la Ligue Nationale de Handball n’a plus de président élu. Pour pallier le vide et dans l’attente d’une Assemblée Générale élective programmée le 7 mars, David Tebib a été désigné à l’unanimité par le comité directeur pour assurer l’intérim. Le président de l'USAM Nîmes avait déjà assuré une telle charge entre août 2020 et novembre 2021 lorsqu’Olivier Girault (élu en février 2018) avait démissionné pour se présenter à la présidence de la Fédération. 

Le 7 mars prochain, c’est une étape importante que ceux qui oeuvrent pour le hand pro masculin, ne peuvent escamoter. Quelle gouvernance peut-elle être appliquée à la LNH ? Si peu de personnalités se sont exprimées sur le sujet, ceux qui ont accepté de le faire, demandent du changement. Philippe Dallard, le président du Fénix Toulouse Handball a des idées bien arrêtées sur le sujet. Il a accepté de répondre à nos questions.
 

Quelle a été votre réaction mercredi matin ?
Quand j’ai décroché mon téléphone sur les coups de 7h et que les premières informations sont arrivées, ça a été une onde de choc. Au début, j’ai même eu du mal à croire ce qui était raconté. Et puis au fil de la matinée, il a fallu convenir que l’effroyable avait bien eu lieu. 

A ce moment-là, quelle était l’urgence ?
Réagir. Avec un principe de tolérance zéro. La violence à l’égard des femmes, à l’encontre des enfants… sur de tels sujets, il n’y a pas d’impunité. L’important était aussi d’éviter tout amalgame. Ce qui arrive est sérieux, Bruno Martini n’est pas n’importe qui dans notre discipline mais c’est un acte isolé et ce n’est pas le monde du handball qui est remis en cause. J’ai aussi une pensée pour la famille du gamin. On doit les accompagner. 

Bruno Martini a démissionné assez rapidement, c'est ce qui lui avait été demandé… 
En amont, on n’a pas perdu de temps. Que ce soit la Ligue ou la ‘’Fédé’’, chacun a pris ses responsabilités, sans équivoque. On a été réactif et je trouve que ça doit être une de nos forces d’être capable de trouver des solutions rapidement. Mais très vite, il va falloir qu’on se pose les bonnes questions. 

C’est-à-dire ?
Est-ce que le format de la présidence tel qu’on l’imagine, est le bon ? Quand on fait acte de candidature pour la Fédération, est-ce que la LNH doit être un marche-pied ? Si vous pensez très vite au coup d’après, vous n’êtes pas dans le travail. C’est une question à laquelle on va devoir répondre dans les prochains jours. On ne peut pas être à la fois bénévole et président d’une ligue nationale…

… mais les statuts ont changé, le président est désormais rémunéré…
Oui mais, pas suffisamment pour vivre décemment et totalement s’en occuper. 

Aujourd’hui, à quelles priorités doit répondre un président de la Ligue ?
J’attends de lui qu’il soit aussi sur le terrain, qu’il vienne dans les clubs, rencontrer ceux qui les font fonctionner, qu’il accompagne l’évolution du sport, qu’il amène son savoir-faire et certainement pas qu’il reste en retrait ou dans un bureau. Bruno Martini avait ce cahier des charges, il n’aura pas eu le temps d’aller au bout et Olivier Girault a très vite voulu se présenter à la présidence de la FFHB. 

Quelles seraient les pistes pour aller de l’avant ?
Je suis convaincu qu’il faut sortir d’un environnement 100% handball et que la personne ait une connaissance parfaite du milieu sportif professionnel. 

Mais, sortir du handball, qu’est-ce que cela signifie ?
Tout simplement qu’on n’est pas obligé d’avoir été un ancien handballeur pour devenir un président de ligue nationale ou même de club. J’en suis, je pense un exemple significatif.  L’idéal serait de trouver une personne qui a de l’ambition pour la structure, un savoir-faire dans le management, le développement tant sur l’aspect économique que médiatique… il y a de vrais sujets. Pour bien les aborder, il faut prendre du temps, être rémunéré en conséquence, ne pas être dépendant des strates politiques et administratives et pouvoir être référent de l’Union des Présidents parce que ce sont eux, avec le syndicat des entraîneurs et celui des joueurs qui doivent piloter le sport de demain. Mais pour cela, on a besoin d’un apport extérieur, quelqu’un qui présente un projet de Ligue, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Rendez-vous maintenant à l’A.G du 7 mars…
J’espère qu’il va se passer beaucoup de choses, avant ! Le 7 mars, ça sera déjà trop tard. Il faut sans plus attendre que toutes les composantes du handball se positionnent pour définir la vision souhaitée d’une Ligue Nationale de Handball. Si c’est de dire que cela doit être piloté par un club, je dis que ce n’est pas possible. 

Un président de club ne peut pas selon vous, être président de la LNH…
C’est ma conviction. J’ai dit la même chose pratiquement un an avant l’élection de Bruno Martini. 

Pour autant, si David Tebib assure l’intérim, c’est parce que c’est nécessaire…
C’est sur l’instant, la meilleure solution. L’actuel comité directeur qui est assez bien représenté doit assurer la gestion de la LNH jusqu’au 7 mars. Maintenant sur la durée, il faut un projet pour cette Ligue et ce projet doit être élaboré par une personne extérieure qui doit y consacrer tout son temps et son énergie. Et je le répète, cela ne peut pas être un président de club. 

Qui est le mieux placé pour attirer une personne extérieure ?
Il y aura des appels à candidature, à nous de les étudier, il faut certainement revoir l’organisation de la Ligue et le cahier des charges et je suis convaincu que si on met les moyens et les compétences, on trouvera la bonne personne.

Philippe Dallard : « la LNH ne peut être pilotée par un club » 

LMSL

jeudi 26 janvier 2023 - © Yves Michel

 5 min 36 de lecture

Depuis 24h et la démission de Bruno Martini, le siège de président de la LNH est vacant. Jusqu’à la prochaine A.G, l’intérim sera assuré par le Nîmois David Tébib. Pour autant, dans les clubs, certains comme Philippe Dallard, anticipent la suite. Le président du Fénix Toulouse est clair sur ses positions. Pour lui, il n’est pas nécessaire que le chef de file de la Ligue soit issu du handball et certainement pas d’un de ses clubs pros.

Un peu plus de 24h se sont écoulées. Et le handball français dans son ensemble a pris un coup de semonce avec ce que désormais, il conviendra d’appeler ‘’l’affaire Bruno Martini’’ (voir ICI). Ce mercredi, si un temps, le hand a légitimement alimenté la rubrique des faits divers de la plupart des médias, le sport a repris ses droits et l’équipe de France a permis de retrouver des valeurs et un peu plus de sérénité.

Depuis ce 25 janvier, la Ligue Nationale de Handball n’a plus de président élu. Pour pallier le vide et dans l’attente d’une Assemblée Générale élective programmée le 7 mars, David Tebib a été désigné à l’unanimité par le comité directeur pour assurer l’intérim. Le président de l'USAM Nîmes avait déjà assuré une telle charge entre août 2020 et novembre 2021 lorsqu’Olivier Girault (élu en février 2018) avait démissionné pour se présenter à la présidence de la Fédération. 

Le 7 mars prochain, c’est une étape importante que ceux qui oeuvrent pour le hand pro masculin, ne peuvent escamoter. Quelle gouvernance peut-elle être appliquée à la LNH ? Si peu de personnalités se sont exprimées sur le sujet, ceux qui ont accepté de le faire, demandent du changement. Philippe Dallard, le président du Fénix Toulouse Handball a des idées bien arrêtées sur le sujet. Il a accepté de répondre à nos questions.
 

Quelle a été votre réaction mercredi matin ?
Quand j’ai décroché mon téléphone sur les coups de 7h et que les premières informations sont arrivées, ça a été une onde de choc. Au début, j’ai même eu du mal à croire ce qui était raconté. Et puis au fil de la matinée, il a fallu convenir que l’effroyable avait bien eu lieu. 

A ce moment-là, quelle était l’urgence ?
Réagir. Avec un principe de tolérance zéro. La violence à l’égard des femmes, à l’encontre des enfants… sur de tels sujets, il n’y a pas d’impunité. L’important était aussi d’éviter tout amalgame. Ce qui arrive est sérieux, Bruno Martini n’est pas n’importe qui dans notre discipline mais c’est un acte isolé et ce n’est pas le monde du handball qui est remis en cause. J’ai aussi une pensée pour la famille du gamin. On doit les accompagner. 

Bruno Martini a démissionné assez rapidement, c'est ce qui lui avait été demandé… 
En amont, on n’a pas perdu de temps. Que ce soit la Ligue ou la ‘’Fédé’’, chacun a pris ses responsabilités, sans équivoque. On a été réactif et je trouve que ça doit être une de nos forces d’être capable de trouver des solutions rapidement. Mais très vite, il va falloir qu’on se pose les bonnes questions. 

C’est-à-dire ?
Est-ce que le format de la présidence tel qu’on l’imagine, est le bon ? Quand on fait acte de candidature pour la Fédération, est-ce que la LNH doit être un marche-pied ? Si vous pensez très vite au coup d’après, vous n’êtes pas dans le travail. C’est une question à laquelle on va devoir répondre dans les prochains jours. On ne peut pas être à la fois bénévole et président d’une ligue nationale…

… mais les statuts ont changé, le président est désormais rémunéré…
Oui mais, pas suffisamment pour vivre décemment et totalement s’en occuper. 

Aujourd’hui, à quelles priorités doit répondre un président de la Ligue ?
J’attends de lui qu’il soit aussi sur le terrain, qu’il vienne dans les clubs, rencontrer ceux qui les font fonctionner, qu’il accompagne l’évolution du sport, qu’il amène son savoir-faire et certainement pas qu’il reste en retrait ou dans un bureau. Bruno Martini avait ce cahier des charges, il n’aura pas eu le temps d’aller au bout et Olivier Girault a très vite voulu se présenter à la présidence de la FFHB. 

Quelles seraient les pistes pour aller de l’avant ?
Je suis convaincu qu’il faut sortir d’un environnement 100% handball et que la personne ait une connaissance parfaite du milieu sportif professionnel. 

Mais, sortir du handball, qu’est-ce que cela signifie ?
Tout simplement qu’on n’est pas obligé d’avoir été un ancien handballeur pour devenir un président de ligue nationale ou même de club. J’en suis, je pense un exemple significatif.  L’idéal serait de trouver une personne qui a de l’ambition pour la structure, un savoir-faire dans le management, le développement tant sur l’aspect économique que médiatique… il y a de vrais sujets. Pour bien les aborder, il faut prendre du temps, être rémunéré en conséquence, ne pas être dépendant des strates politiques et administratives et pouvoir être référent de l’Union des Présidents parce que ce sont eux, avec le syndicat des entraîneurs et celui des joueurs qui doivent piloter le sport de demain. Mais pour cela, on a besoin d’un apport extérieur, quelqu’un qui présente un projet de Ligue, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Rendez-vous maintenant à l’A.G du 7 mars…
J’espère qu’il va se passer beaucoup de choses, avant ! Le 7 mars, ça sera déjà trop tard. Il faut sans plus attendre que toutes les composantes du handball se positionnent pour définir la vision souhaitée d’une Ligue Nationale de Handball. Si c’est de dire que cela doit être piloté par un club, je dis que ce n’est pas possible. 

Un président de club ne peut pas selon vous, être président de la LNH…
C’est ma conviction. J’ai dit la même chose pratiquement un an avant l’élection de Bruno Martini. 

Pour autant, si David Tebib assure l’intérim, c’est parce que c’est nécessaire…
C’est sur l’instant, la meilleure solution. L’actuel comité directeur qui est assez bien représenté doit assurer la gestion de la LNH jusqu’au 7 mars. Maintenant sur la durée, il faut un projet pour cette Ligue et ce projet doit être élaboré par une personne extérieure qui doit y consacrer tout son temps et son énergie. Et je le répète, cela ne peut pas être un président de club. 

Qui est le mieux placé pour attirer une personne extérieure ?
Il y aura des appels à candidature, à nous de les étudier, il faut certainement revoir l’organisation de la Ligue et le cahier des charges et je suis convaincu que si on met les moyens et les compétences, on trouvera la bonne personne.

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