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Jan Basny, coach tout terrain

France

mercredi 10 février 2021 - © François Dasriaux

 4 min 28 de lecture

Sélectionneur de la République tchèque depuis 2010, le Tchèque (58 ans) passé par Ajaccio, Istres, Besançon et Nantes revient sur l’Euro féminin de décembre et raconte son impatience de retrouver les terrains, après la fin de son aventure à Ajaccio.

Son rôle de sélectionneur d’une équipe féminine
« Franchement c’est mieux d’entraîner les filles. Quand y’a un problème, c’est dur de remettre tout le monde dans les bons rails. Mais quand il y a un bon groupe, qui fonctionne bien, coacher les filles est plus enrichissant. Quand tu apprends quelque-chose à une fille, un ‘’un contre un’’, un tir, et qu’elle le fait, elle va aller vers toi, le coach, te taper la main. Chez les mecs, tu fais la même chose : déjà, t’as l’impression que tu l’emmerdes en voulant lui apprendre un truc (rire). Et quand il va réussir à le faire en match, il va regarder les tribunes, montrer que c’est lui qui a réussi quelque-chose. C’est un peu caricatural mais tu as un meilleur retour chez les filles. Je suis sélectionneur depuis dix ans, je suis content de le faire, c’est un travail qui me plaît beaucoup. Même si le groupe a beaucoup changé, l’ambiance de travail ne change pas. »

Son bilan de l’Euro
Dans un groupe relevé, la République tchèque a terminé avec trois défaites mais toujours en tenant tête, à la Suède (23-27), la Russie (22-24) et l’Espagne (24-27). « Pour nous, insiste Jan Basny, se qualifier pour un Championnat est déjà un succès. A partir de là, on voulait passer au tour principal et on ne l’a pas réussi, même si on a tenu presque tous les matches. Le positif, c’est que les trois équipes ont été obligées de jouer jusqu’à la dernière seconde à fond, sans faire tourner. C’est déjà un bon bilan. C’est sûr qu’on était déçus, joueuses et staff, de ne pas avoir réussi le dernier pas. Mais on voit la différence entre faire des bons matches mais perdre de 2-3 buts, et gagner le match. Y’a un pas difficile à faire.
Il nous manquait un peu d’expérience. Quatre titulaires étaient absentes : ma gardienne (Lucie Satrapova, de Nice), même si la numéro 2 a été excellente (Petra Kudlackova, future joueuse de Dijon) ; ma demi-centre Iveta Koresova (ex-Luzumova, passée par Mios-Biganos) revenait de grossesse ; ma première arrière droite est blessée aux croisés (l’ex-Dijonnaise Helena Rysankova) ; et la pivot Petra Adamkova. Ainsi que l’ailière gauche Kristyna Mika Salcakova (Achenheim), importante dans le vestiaire. Autre handicap, on n’avait pas joué en match depuis un an, chaque fois qu’on se mettait d’accord avec quelqu’un, c’était annulé à cause du Covid. Enfin, en Tchéquie, le Championnat s’est arrêté en octobre et huit joueuses sur les dix-huit du groupe ne se sont pas entraînées pendant cinq semaines. Malgré tout ça, on était déçus juste après l’Espagne, mais avec du recul, c’est plutôt positif. »



La Croatie, un exemple ?
« Ce qui est arrivé à la Croatie (surprenant 3e de l’Euro), ça aurait pu nous arriver en Allemagne en 2017 : on élimine les Roumaines en 8es (28-27) et en quarts on est à égalité avec les Pays-Bas à cinq minutes de la fin (défaite 26-30). Est-ce que ça peut nous arriver à nouveau ? Les Croates ont fait un super truc, tactiquement c’était très bon, elles ont fait déjouer les Danoises pour la médaille de bronze, c’était franchement extraordinaire. Et ça alors qu’elles ont des joueuses en Championnat de France qui ne jouent même pas. Alors c’est très intéressant, ça peut donner des idées. Si elles peuvent le faire, nous aussi, on va travailler pour. »

La fin de son aventure avec Ajaccio
Depuis qu’il a quitté Nantes en 2018 après quatre saisons, Jan Basny était retourné à Ajaccio où celui que certains appellent « le sorcier » a retrouvé un club qu’il côtoie depuis des années. 
« La première saison, on est passés de N2 à N1. La seconde, on finit 2es de poule et on était qualifiés pour être en poule élite, mais le club a refusé, beaucoup de sponsors avaient renoncé. Mon aventure s’est terminée là, en mars 2019, car le club n’avait plus les moyens. Mon presque dernier match, c’était contre le PSG en Coupe de France, à la télé. On a perdu de 14 buts (25-39) mais ils ont fait jouer la vraie équipe, pas les remplaçants, donc je me dis qu’on a fait comme les autres équipes de D1 qui prenaient entre 12 et 15 buts (sourire). Depuis, je me consacre à la sélection mais ça me manque, j’étais habitué à faire les deux, équipe nationale et club. Ce mode-là ne me convient pas. »



Ses projets
« J’aimerai garder la sélection, donc il me faudrait une équipe féminine où je peux faire les deux ; je ne peux pas entraîner des garçons et dire ‘’je pars pendant 6 semaines’’ ou ‘’j’ai un stage’’. Oui, il faut un club avec de l’ambition, mais l’ambition c’est faire mieux, être sur une pente ascendante, chercher à progresser. La division, ce n’est pas important. J’exagère un peu, mais atteindre ses objectifs, s’ils sont raisonnables, c’est plus important que le nombre de titres. Comme en sélection, je considère que le staff est là pour accompagner la progression des joueuses, du club. Ce n’est pas un homme ou une femme qui peut tout faire gagner tout seul. C’est un groupe, un club qui monte. C’est un travail en commun. » 

Jan Basny, coach tout terrain 

France

mercredi 10 février 2021 - © François Dasriaux

 4 min 28 de lecture

Sélectionneur de la République tchèque depuis 2010, le Tchèque (58 ans) passé par Ajaccio, Istres, Besançon et Nantes revient sur l’Euro féminin de décembre et raconte son impatience de retrouver les terrains, après la fin de son aventure à Ajaccio.

Son rôle de sélectionneur d’une équipe féminine
« Franchement c’est mieux d’entraîner les filles. Quand y’a un problème, c’est dur de remettre tout le monde dans les bons rails. Mais quand il y a un bon groupe, qui fonctionne bien, coacher les filles est plus enrichissant. Quand tu apprends quelque-chose à une fille, un ‘’un contre un’’, un tir, et qu’elle le fait, elle va aller vers toi, le coach, te taper la main. Chez les mecs, tu fais la même chose : déjà, t’as l’impression que tu l’emmerdes en voulant lui apprendre un truc (rire). Et quand il va réussir à le faire en match, il va regarder les tribunes, montrer que c’est lui qui a réussi quelque-chose. C’est un peu caricatural mais tu as un meilleur retour chez les filles. Je suis sélectionneur depuis dix ans, je suis content de le faire, c’est un travail qui me plaît beaucoup. Même si le groupe a beaucoup changé, l’ambiance de travail ne change pas. »

Son bilan de l’Euro
Dans un groupe relevé, la République tchèque a terminé avec trois défaites mais toujours en tenant tête, à la Suède (23-27), la Russie (22-24) et l’Espagne (24-27). « Pour nous, insiste Jan Basny, se qualifier pour un Championnat est déjà un succès. A partir de là, on voulait passer au tour principal et on ne l’a pas réussi, même si on a tenu presque tous les matches. Le positif, c’est que les trois équipes ont été obligées de jouer jusqu’à la dernière seconde à fond, sans faire tourner. C’est déjà un bon bilan. C’est sûr qu’on était déçus, joueuses et staff, de ne pas avoir réussi le dernier pas. Mais on voit la différence entre faire des bons matches mais perdre de 2-3 buts, et gagner le match. Y’a un pas difficile à faire.
Il nous manquait un peu d’expérience. Quatre titulaires étaient absentes : ma gardienne (Lucie Satrapova, de Nice), même si la numéro 2 a été excellente (Petra Kudlackova, future joueuse de Dijon) ; ma demi-centre Iveta Koresova (ex-Luzumova, passée par Mios-Biganos) revenait de grossesse ; ma première arrière droite est blessée aux croisés (l’ex-Dijonnaise Helena Rysankova) ; et la pivot Petra Adamkova. Ainsi que l’ailière gauche Kristyna Mika Salcakova (Achenheim), importante dans le vestiaire. Autre handicap, on n’avait pas joué en match depuis un an, chaque fois qu’on se mettait d’accord avec quelqu’un, c’était annulé à cause du Covid. Enfin, en Tchéquie, le Championnat s’est arrêté en octobre et huit joueuses sur les dix-huit du groupe ne se sont pas entraînées pendant cinq semaines. Malgré tout ça, on était déçus juste après l’Espagne, mais avec du recul, c’est plutôt positif. »



La Croatie, un exemple ?
« Ce qui est arrivé à la Croatie (surprenant 3e de l’Euro), ça aurait pu nous arriver en Allemagne en 2017 : on élimine les Roumaines en 8es (28-27) et en quarts on est à égalité avec les Pays-Bas à cinq minutes de la fin (défaite 26-30). Est-ce que ça peut nous arriver à nouveau ? Les Croates ont fait un super truc, tactiquement c’était très bon, elles ont fait déjouer les Danoises pour la médaille de bronze, c’était franchement extraordinaire. Et ça alors qu’elles ont des joueuses en Championnat de France qui ne jouent même pas. Alors c’est très intéressant, ça peut donner des idées. Si elles peuvent le faire, nous aussi, on va travailler pour. »

La fin de son aventure avec Ajaccio
Depuis qu’il a quitté Nantes en 2018 après quatre saisons, Jan Basny était retourné à Ajaccio où celui que certains appellent « le sorcier » a retrouvé un club qu’il côtoie depuis des années. 
« La première saison, on est passés de N2 à N1. La seconde, on finit 2es de poule et on était qualifiés pour être en poule élite, mais le club a refusé, beaucoup de sponsors avaient renoncé. Mon aventure s’est terminée là, en mars 2019, car le club n’avait plus les moyens. Mon presque dernier match, c’était contre le PSG en Coupe de France, à la télé. On a perdu de 14 buts (25-39) mais ils ont fait jouer la vraie équipe, pas les remplaçants, donc je me dis qu’on a fait comme les autres équipes de D1 qui prenaient entre 12 et 15 buts (sourire). Depuis, je me consacre à la sélection mais ça me manque, j’étais habitué à faire les deux, équipe nationale et club. Ce mode-là ne me convient pas. »



Ses projets
« J’aimerai garder la sélection, donc il me faudrait une équipe féminine où je peux faire les deux ; je ne peux pas entraîner des garçons et dire ‘’je pars pendant 6 semaines’’ ou ‘’j’ai un stage’’. Oui, il faut un club avec de l’ambition, mais l’ambition c’est faire mieux, être sur une pente ascendante, chercher à progresser. La division, ce n’est pas important. J’exagère un peu, mais atteindre ses objectifs, s’ils sont raisonnables, c’est plus important que le nombre de titres. Comme en sélection, je considère que le staff est là pour accompagner la progression des joueuses, du club. Ce n’est pas un homme ou une femme qui peut tout faire gagner tout seul. C’est un groupe, un club qui monte. C’est un travail en commun. » 

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