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Avec Alain Portes, l'Algérie a un pied dans la maison France !

Mondial

mercredi 20 janvier 2021 - © Yves Michel

 6 min 52 de lecture

Ce mercredi, début du Tour Principal pour les Français qui affrontent l'Algérie coachée par Alain Portes. Le technicien nîmois qui est à la tête de la sélection nationale depuis mai 2019 connaît les limites de son effectif mais aussi ses vertus. Il aborde sans complexe cette nouvelle aventure avec une expertise très fine sur les deux autres adversaires des Tricolores, l'Islande et le Portugal.

Qui d'autre mieux placé qu'Alain Portes, l'entraîneur de l'Algérie pour évoquer la tâche qui attend les Français dans le tour principal puisqu'ils rencontreront ses joueurs dès ce mercredi (18h HF), ensuite, ils affronteront l'Islande (vendredi 18h) puis le Portugal (dimanche 20h30), deux équipes que le Français a pu jauger lors de la 1ère phase de ce Mondial. 

L'Algérie est-elle là où elle voulait être ? 
Oui tout à fait. Déjà on voulait participer à nouveau à une grande compétition mondiale, cela fait deux championnats du monde que l'Algérie rate et puis au vu du tirage au sort, on espérait jouer le Tour principal et rencontrer les meilleurs. 

Elle est à des années lumière du niveau des nations européennes...
C'est une évidence et il y a plusieurs raisons à cela. Les cinq ans de sommeil de l'équipe nationale, l'organisation du hand en Algérie qui n'a rien à voir avec celle très structurée des pays européens, la Tunisie par exemple, est beaucoup mieux organisée. Il y a beaucoup de bonne volonté mais le chantier est vaste. 

Et pourtant, le handball algérien a une histoire...
On sent une envie de retrouver l'éclat quand l'équipe nationale remportait régulièrement la Coupe d'Afrique des Nations avec Aziz Derouaz comme entraîneur et la révolution de la défense 3-3. Depuis, les choses ont bien changé, le hand n'est plus une priorité mais la qualif pour le Mondial et la dernière CAN ont boosté les volontés. Je sens comme un frémissement. 

Qu'est ce qui dans l'immédiat peut être amélioré ? 
J'ai vu que mes joueurs étaient submergés par la vitesse du jeu, par la puissance des adversaires, c'était flagrant notamment contre l'Islande, donc contre le Portugal, j'ai essayé de rectifier pour les rassurer. Changer la défense, imposer notre rythme en courant moins, en subissant moins mais je gère un peu l'urgence. Mais ce qui me satisfait c'est que mes joueurs soient confrontés à toutes ces situations car cela leur pose des problèmes qu'ils n'avaient jamais rencontrés. 

Il y a une certaine naïveté parfois dans la gestion des efforts...
C'est vrai qu'on est un peu crispé aussi. Certains sont un peu paralysés par l’événement et puis il faut souligner que le championnat algérien est arrêté depuis mars dernier ! Là on a fait 3 matches de poule, 4 de préparation, certains n'ont donc joué que 7 matches. Quand on voit le rythme des Européens, on mesure la différence. 



Kader Rahim a été peu utilisé. Y'a-t-il une raison majeure ? 
D'abord, je remarque qu'il n'est pas très utilisé à Dunkerque non plus, il faut qu'il s'intègre dans le jeu collectif que ceux qui jouent en Algérie ont travaillé pendant 70 jours et puis j'ai Mustapha Hadj Sadok qui évolue au Qatar, il a 23 ans et a été désigné meilleur demi-centre de la dernière CAN , il est au-dessus. Mais Kader va jouer. 

Un qui se dépense toujours autant, c'est Ayoub Abdi (photo ci-dessus) de Toulouse...
Même s'il n'avait pas réussi sa coupe d'Afrique mais comme il est revanchard, il s'investit beaucoup et a retrouvé une certaine réussite au tir. Ce qu'il fait est plutôt pas mal. 

Retrouver la France comme adversaire, est-ce particulier ?
C'est une habitude ! (sourires) J'ai fait les deux Mondiaux 2011 et 2013 avec la Tunisie, on était dans la même poule, j'ai fait de la même façon les J.O de 2012, le Mondial Juniors en 2011 avec notamment en face Mahé et Porte, les Jeux Méditerranéens quand je suis arrivé en Tunisie, au début, il y avait une certaine émotion, maintenant, cela ne me fait plus grand chose. 

La cicatrice suite à ton éviction de l'équipe de France féminine est-elle refermée ? 
Je n'ai en tout cas aucune rancœur vis à vis des gens que je vais croiser demain. Le staff actuel, les joueurs, je n'ai rien contre eux et je les respecte. Ce que je peux simplement dire, c'est que ma présence ici est la meilleure des récompenses que je pouvais m'offrir par rapport à tout ce qui m'est arrivé. 



En tour préliminaire, l'Algérie a donc affronté l'Islande (défaite 24-39) et le Portugal (défaite 19-26) sans qu'elle puisse vraiment les inquiéter. 

L'ISLANDE

Pourquoi faut-il s'en méfier ? 
Les Islandais sont très puissants, très disciplinés, leur défense est assez rugueuse et hermétique, un peu comme les Suisses, ils font tout avec beaucoup de rigueur et surtout, ils ne lâchent rien. Ça va vite, ils ne perdent pas beaucoup de ballons, ils courent partout. Leur gardien (Gustavsson - photo ci-dessus) qui était déjà dans les cages lors de la finale des J.O de Pékin (en 2008 contre la France) est toujours parmi les meilleurs. 

L'absence de Palmarsson ne leur est apparemment pas préjudiciable...
C'est un ensemble très homogène. Ils ont tous des savoir-faire très particuliers. Ils ne savent pas tout faire avec talent comme Palmarsson mais quand ils maîtrisent un domaine, c'est du haut niveau. Ils ont un demi-centre (Gisli Kristjansson de Magdebourg) très brillant dans le 1 contre 1, deux arrières gauches très puissants quand ils vont sur leur bras, des gauchers qui ont un beau tir en appui, des ailiers efficaces (notamment sur le côté gauche avec Elisson de Lemgo), il y a du talent sur chaque ligne. C'est un jeu peut-être prévisible mais quand les Islandais sont bien lancés, ils sont durs à arrêter. 

MEMO Islande
Depuis février 2018 et son 3ème retour à la tête de la sélection islandaise, Gudmundur Gudmundson a entrepris un vaste écrémage au sein de l'effectif. En trois ans, les Hallgrimsson, Atlason, Sigurdsson ont disparu, seul le quadragénaire Alexander Pettersson a résisté. L'ancien coach des Rhein Neckar a rajeuni son effectif avec une constante, trois joueurs sur les 20 présents en Égypte jouent encore au pays. Un seul évolue en Starligue, à Aix : Kristján Örn Kristjánsson a disputé son 1er match dans un tournoi majeur, lundi face au Maroc 



LE PORTUGAL 

On a l'impression qu'ils sont sereins et que rien ne peut leur arriver...
Tu sens c'est vrai, une grande confiance et une certaine sérénité chez eux. Ils ont des possibilités multiples avec tous les joueurs qu'ils ont. C'est une belle équipe qui varie son jeu, ils sont plus imprévisibles que l'Islande par exemple. 

Le fait d'avoir battu les Français à l'Euro est-il un avantage ? 
C'est sûr que cela a eu pour effet de les décomplexer et même d'avoir de nouvelles ambitions. Paolo Pereira, leur entraîneur que je connais bien, ne s'en cache pas. Il y a une maîtrise dans l'organisation de cette équipe et je pense qu'ils ont les moyens de battre à nouveau la France. 

On s'aperçoit que le coach a ménagé les efforts de ses joueurs. La fraîcheur va -t-elle jouer un rôle majeur ? 
Je pense que cela aura son importance à partir des quarts. Là, ils en ont encore sous la pédale. C'est la même chose pour les Français qui ce mercredi contre nous vont être tentés de faire tourner. C'est vrai que Pereira a utilisé la profondeur de son banc mais il a tellement de choix que cela n'a rien changé au niveau de l'équipe.  

MEMO Portugal
La majorité des joueurs qui compose le groupe des 20 évolue au FC Porto (11) . Quatre d'entre eux sont en Starligue : Alexis Borges et Gilberto Duarte (Montpellier), Pedro Portela, meilleur réalisateur actuel avec 18 buts à 90% (Tremblay - photo ci-dessus), Alexandre Cavalcanti (Nantes). Ce dernier était blessé en début de compétition et n'est apparu sur la feuille que lors du dernier match face à l'Algérie. Cela fait 18 ans que le Portugal n'avait pas disputé un championnat du Monde. La formation avec des jeunes d'exception et la patience ont été récompensées.  

Avec Alain Portes, l'Algérie a un pied dans la maison France !  

Mondial

mercredi 20 janvier 2021 - © Yves Michel

 6 min 52 de lecture

Ce mercredi, début du Tour Principal pour les Français qui affrontent l'Algérie coachée par Alain Portes. Le technicien nîmois qui est à la tête de la sélection nationale depuis mai 2019 connaît les limites de son effectif mais aussi ses vertus. Il aborde sans complexe cette nouvelle aventure avec une expertise très fine sur les deux autres adversaires des Tricolores, l'Islande et le Portugal.

Qui d'autre mieux placé qu'Alain Portes, l'entraîneur de l'Algérie pour évoquer la tâche qui attend les Français dans le tour principal puisqu'ils rencontreront ses joueurs dès ce mercredi (18h HF), ensuite, ils affronteront l'Islande (vendredi 18h) puis le Portugal (dimanche 20h30), deux équipes que le Français a pu jauger lors de la 1ère phase de ce Mondial. 

L'Algérie est-elle là où elle voulait être ? 
Oui tout à fait. Déjà on voulait participer à nouveau à une grande compétition mondiale, cela fait deux championnats du monde que l'Algérie rate et puis au vu du tirage au sort, on espérait jouer le Tour principal et rencontrer les meilleurs. 

Elle est à des années lumière du niveau des nations européennes...
C'est une évidence et il y a plusieurs raisons à cela. Les cinq ans de sommeil de l'équipe nationale, l'organisation du hand en Algérie qui n'a rien à voir avec celle très structurée des pays européens, la Tunisie par exemple, est beaucoup mieux organisée. Il y a beaucoup de bonne volonté mais le chantier est vaste. 

Et pourtant, le handball algérien a une histoire...
On sent une envie de retrouver l'éclat quand l'équipe nationale remportait régulièrement la Coupe d'Afrique des Nations avec Aziz Derouaz comme entraîneur et la révolution de la défense 3-3. Depuis, les choses ont bien changé, le hand n'est plus une priorité mais la qualif pour le Mondial et la dernière CAN ont boosté les volontés. Je sens comme un frémissement. 

Qu'est ce qui dans l'immédiat peut être amélioré ? 
J'ai vu que mes joueurs étaient submergés par la vitesse du jeu, par la puissance des adversaires, c'était flagrant notamment contre l'Islande, donc contre le Portugal, j'ai essayé de rectifier pour les rassurer. Changer la défense, imposer notre rythme en courant moins, en subissant moins mais je gère un peu l'urgence. Mais ce qui me satisfait c'est que mes joueurs soient confrontés à toutes ces situations car cela leur pose des problèmes qu'ils n'avaient jamais rencontrés. 

Il y a une certaine naïveté parfois dans la gestion des efforts...
C'est vrai qu'on est un peu crispé aussi. Certains sont un peu paralysés par l’événement et puis il faut souligner que le championnat algérien est arrêté depuis mars dernier ! Là on a fait 3 matches de poule, 4 de préparation, certains n'ont donc joué que 7 matches. Quand on voit le rythme des Européens, on mesure la différence. 



Kader Rahim a été peu utilisé. Y'a-t-il une raison majeure ? 
D'abord, je remarque qu'il n'est pas très utilisé à Dunkerque non plus, il faut qu'il s'intègre dans le jeu collectif que ceux qui jouent en Algérie ont travaillé pendant 70 jours et puis j'ai Mustapha Hadj Sadok qui évolue au Qatar, il a 23 ans et a été désigné meilleur demi-centre de la dernière CAN , il est au-dessus. Mais Kader va jouer. 

Un qui se dépense toujours autant, c'est Ayoub Abdi (photo ci-dessus) de Toulouse...
Même s'il n'avait pas réussi sa coupe d'Afrique mais comme il est revanchard, il s'investit beaucoup et a retrouvé une certaine réussite au tir. Ce qu'il fait est plutôt pas mal. 

Retrouver la France comme adversaire, est-ce particulier ?
C'est une habitude ! (sourires) J'ai fait les deux Mondiaux 2011 et 2013 avec la Tunisie, on était dans la même poule, j'ai fait de la même façon les J.O de 2012, le Mondial Juniors en 2011 avec notamment en face Mahé et Porte, les Jeux Méditerranéens quand je suis arrivé en Tunisie, au début, il y avait une certaine émotion, maintenant, cela ne me fait plus grand chose. 

La cicatrice suite à ton éviction de l'équipe de France féminine est-elle refermée ? 
Je n'ai en tout cas aucune rancœur vis à vis des gens que je vais croiser demain. Le staff actuel, les joueurs, je n'ai rien contre eux et je les respecte. Ce que je peux simplement dire, c'est que ma présence ici est la meilleure des récompenses que je pouvais m'offrir par rapport à tout ce qui m'est arrivé. 



En tour préliminaire, l'Algérie a donc affronté l'Islande (défaite 24-39) et le Portugal (défaite 19-26) sans qu'elle puisse vraiment les inquiéter. 

L'ISLANDE

Pourquoi faut-il s'en méfier ? 
Les Islandais sont très puissants, très disciplinés, leur défense est assez rugueuse et hermétique, un peu comme les Suisses, ils font tout avec beaucoup de rigueur et surtout, ils ne lâchent rien. Ça va vite, ils ne perdent pas beaucoup de ballons, ils courent partout. Leur gardien (Gustavsson - photo ci-dessus) qui était déjà dans les cages lors de la finale des J.O de Pékin (en 2008 contre la France) est toujours parmi les meilleurs. 

L'absence de Palmarsson ne leur est apparemment pas préjudiciable...
C'est un ensemble très homogène. Ils ont tous des savoir-faire très particuliers. Ils ne savent pas tout faire avec talent comme Palmarsson mais quand ils maîtrisent un domaine, c'est du haut niveau. Ils ont un demi-centre (Gisli Kristjansson de Magdebourg) très brillant dans le 1 contre 1, deux arrières gauches très puissants quand ils vont sur leur bras, des gauchers qui ont un beau tir en appui, des ailiers efficaces (notamment sur le côté gauche avec Elisson de Lemgo), il y a du talent sur chaque ligne. C'est un jeu peut-être prévisible mais quand les Islandais sont bien lancés, ils sont durs à arrêter. 

MEMO Islande
Depuis février 2018 et son 3ème retour à la tête de la sélection islandaise, Gudmundur Gudmundson a entrepris un vaste écrémage au sein de l'effectif. En trois ans, les Hallgrimsson, Atlason, Sigurdsson ont disparu, seul le quadragénaire Alexander Pettersson a résisté. L'ancien coach des Rhein Neckar a rajeuni son effectif avec une constante, trois joueurs sur les 20 présents en Égypte jouent encore au pays. Un seul évolue en Starligue, à Aix : Kristján Örn Kristjánsson a disputé son 1er match dans un tournoi majeur, lundi face au Maroc 



LE PORTUGAL 

On a l'impression qu'ils sont sereins et que rien ne peut leur arriver...
Tu sens c'est vrai, une grande confiance et une certaine sérénité chez eux. Ils ont des possibilités multiples avec tous les joueurs qu'ils ont. C'est une belle équipe qui varie son jeu, ils sont plus imprévisibles que l'Islande par exemple. 

Le fait d'avoir battu les Français à l'Euro est-il un avantage ? 
C'est sûr que cela a eu pour effet de les décomplexer et même d'avoir de nouvelles ambitions. Paolo Pereira, leur entraîneur que je connais bien, ne s'en cache pas. Il y a une maîtrise dans l'organisation de cette équipe et je pense qu'ils ont les moyens de battre à nouveau la France. 

On s'aperçoit que le coach a ménagé les efforts de ses joueurs. La fraîcheur va -t-elle jouer un rôle majeur ? 
Je pense que cela aura son importance à partir des quarts. Là, ils en ont encore sous la pédale. C'est la même chose pour les Français qui ce mercredi contre nous vont être tentés de faire tourner. C'est vrai que Pereira a utilisé la profondeur de son banc mais il a tellement de choix que cela n'a rien changé au niveau de l'équipe.  

MEMO Portugal
La majorité des joueurs qui compose le groupe des 20 évolue au FC Porto (11) . Quatre d'entre eux sont en Starligue : Alexis Borges et Gilberto Duarte (Montpellier), Pedro Portela, meilleur réalisateur actuel avec 18 buts à 90% (Tremblay - photo ci-dessus), Alexandre Cavalcanti (Nantes). Ce dernier était blessé en début de compétition et n'est apparu sur la feuille que lors du dernier match face à l'Algérie. Cela fait 18 ans que le Portugal n'avait pas disputé un championnat du Monde. La formation avec des jeunes d'exception et la patience ont été récompensées.  

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