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Nuit apaisée au pied des pyramides

Mondial

vendredi 15 janvier 2021 - © Yves Michel

 7 min 48 de lecture

Ce Mondial ne pouvait pas mieux commencer pour les Tricolores. Mis à mal par la critique depuis le début de la préparation, les partenaires du capitaine Michaël Guigou ont relevé la tête face à la Norvège, favori du groupe. Même si tout n'a pas été parfait et si l'équipe est perfectible, la 3ème nuit passée en Egypte a été plus douce et sans remous.

Il est des réveils plus faciles au lendemain d'un succès auquel beaucoup à l'extérieur du groupe "France" ne croyait pas. Capables du pire les jours précédant le rendez-vous avec la Norvège, les Français, loin de réaliser le match parfait, ont fait le boulot. Et ce grain de folie que Kentin Mahé réclamait à l'issue des deux tristes confrontations face à la Serbie, combiné à la prestation décisive de Wesley Pardin a complètement déstabilisé Sander Sagosen et compagnie. Donc ce vendredi matin au petit déjeuner, après avoir en partie récupéré des efforts de la veille, rallongés par un contrôle anti-dopage et le trajet sans fin vers l'hôtel, les sourires étaient plus complices et les conversations plus faciles à engager. « Je suis content de la manière dont les joueurs s'impliquent, insiste Michaël Guigou. L'état d'esprit est là et les affinités qui existaient entre chacun sont de retour. Si cela continue de cette façon, on pourra entrevoir les quarts de finale plus facilement. » Au-delà de ce succès face à une Norvège présentée comme le favori du groupe et même de la compétition, le vent de révolte qui a semblé animer l'équipe durant 60 minutes, est assez significatif. Piqués au vif, les joueurs ont voulu répondre le temps d'un soir aux critiques qui commençaient à monter et se faire insistantes. « Il paraît que ça a parlé dans les médias, poursuit le capitaine des Bleus, mais bon... nous de notre côté, n'étions pas fiers de ce qu'on donnait sur le terrain donc on avait envie de montrer un autre visage. Après, ce qu'on pense autour de nous... C'est un match hier (jeudi) sur lequel on va s'appuyer et ce n'est pas parce qu'on a battu la Norvège, que tout est acquis aujourd'hui. Mais ça devrait bien se passer surtout si on affiche le même état d'esprit. » Le moral est revenu et c'est tant mieux dans un environnement où les consignes sanitaires et les interdits sont nombreux pour des Français réduits à un quotidien quasi monacal dans un hôtel qu'ils ne quittent pas. « On a la chance de pouvoir bénéficier d'un environnement qui est très clément, tempère Guillaume Gille. Il fait beau, très doux, on a accès aux espaces extérieurs de l'hôtel avec des zones qui nous permettent d'organiser quelques activités physiques, ce qui à cette période-là est juste exceptionnel. Donc, je dirai que les conditions de travail sont bonnes, on est à l'écoute des joueurs pour sonder leur état d'esprit, quels sont leurs besoins et surtout les préparer au plus important, les matches qui nous attendent. » Même tonalité lorsqu'on questionne les principaux intéressés. Depuis le début de la pandémie, ils se sont prémunis à titre individuel et dans leur somptueuse retraite à Gizeh d'où ils peuvent apercevoir le triptyque des pyramides, les journées s’égrènent sans que ne s'installe une certaine lassitude. « Pour ma part, j'avais un peu anticipé la situation, s'amuse Ludovic Fabregas. Avec mon collègue de chambre, l'indéboulonnable Valentin Porte, on a ramené des consoles de jeu, des bouquins, des ordis pour travailler sur quelques analyses vidéo, on se trouve des occupations et le temps s'écoule plutôt rapidement. Avec tout ce qui est consacré au hand, on reste bien occupé. Pour vous dire, on n'a pas encore démarré nos parties de pocha (ce jeu de cartes espagnol que les Barcelonais ont introduit dans le groupe depuis quelques années). » Le temps n'a donc pas de prise et les matches entrecoupés par les mises en place s'enchaînent normalement. 

L'exigeant examen face à la Norvège a été bien négocié, la prochaine rencontre face à l'Autriche (ce samedi à 18h HF) sera tout aussi importante même si l'adversaire est d'une autre valeur que les Nordiques. Les hommes du Slovène Ales Pajovic se sont faits surprendre par la Suisse et n'ont pu que mesurer leurs lacunes avec un constat sans appel de 16 ballons perdus en 1h de jeu. « L'Autriche s'imaginait certainement déjà au Tour principal vu le groupe et l'adversité avec notamment une équipe des Etats-Unis contre laquelle elle était largement armée, cueillie à froid par la Suisse, elle se retrouve un peu au pied du mur, constate Guillaume Gille. Leur parcours à l'Euro 2020 avait été intéressant et c'est une équipe qui reste dangereuse avec un jeu assez académique et des joueurs qui peuvent poser des problèmes à beaucoup. Nous devrons être très présents face à eux. » L'entraîneur des Bleus est conscient de la tâche à accomplir même si pour l'instant, il ne veut pas se focaliser sur le manque d'efficacité ou de présence de certains de ses joueurs notamment sur la base arrière. Face aux Novégiens, Tim Nguessan a été dispendieux, Dika Mem en manque de réussite et effacé, Romain Lagarde pas encore parfaitement intégré. « Ça fait partie des histoires de match, s'agace "Gino", qu'il y ait du travail c'est évident mais concernant la base arrière, je l'ai trouvé justement dans son ensemble, de bien meilleure qualité que ce qu'on avait pu voir précédemment. La réussite au shoot est une chose mais ce n'est pas le seul aspect à prendre en compte pour juger des performances des joueurs. » D'ici le 2ème tour qui sauf accident face à l'Autriche et la Suisse, devrait être abordé sereinement avec surtout un maximum de 4 points, les Français ont encore quelques mécanismes d'horlogerie à régler. On se réjouira néanmoins que la Norvège leur ait permis de retrouver ce supplément d'âme qui semblait s'être envolé. 



Wesley Pardin ne demande qu'à confirmer

Sans être invité au point presse habituel, Wesley Pardin est l'homme qui a focalisé l'attention de beaucoup de médias. Pour sa 20ème sélection officielle avec le maillot de France A sur les épaules, le portier aixois a produit une prestation dans la continuité de ce qu'il a l'habitude de réaliser en club. « Il est assez incroyable et ce n'est pas une découverte pour moi, confirme Michaël Guigou. Avec Nîmes, on en a fait les frais et sa performance en championnat a été déterminante, avec plus de 50% de réussite, on a pris plus de 10 buts à Aix donc il est en très grande forme. On connaît l'importance des gardiens de but dans une équipe et sincèrement, on est très content d'avoir une paire de gardiens comme celle qu'on a. N'oublions pas Vincent Gérard qui a été présent lors de la 1ère partie de la saison mais c'est très bien que Wesley nous ait aidés à gagner le match d'hier. » Coaching gagnant donc pour Guillaume Gille et ses adjoints (dont Jean-Luc Kieffer qui depuis octobre 2019 a intégré le staff comme entraîneur des gardiens) qui ont pris à revers tous ceux qui s'attendaient à voir le Parisien débuter dans les cages. « Le choix est guidé par les convictions qu'on a sur la place des uns et des autres. Nous avions envie de voir débuter Wesley forts de l'impression qu'il avait laissée sur les dernières séquences et le bout de partie qu'il avait livré en Serbie. Il ne s'est rien passé de spécial pour qu'on le mette dans le 7 majeur.  Ce qui est à noter, c'est sa capacité à répondre à cette mission qui a fait qu'on ait pu aussi faire un grand match, la défense et le rendement de Wesley nous ont servi de base de lancement.» Avec 18 arrêts et 60 minutes passées sur le parquet pour "Wes" puisque Vincent Gérard n'est entré que sur un jet de 7 mètres, avec Yann Genty qui inévitablement doit patienter dans les tribunes, la hiérarchie chez les gardiens tricolores est-elle remise en cause ? « En équipe de France, quelle que soit la performance, le recul avec un nombre important de sélections, de participation à des compétitions, l'expérience, aucun poste n'est attribué de manière définitive. Aujourd'hui, au regard de ses performances, de sa régularité sur les dernières compétitions, Vincent reste la référence de notre collectif sur le poste de gardien. Lancer Wesley ne présage en rien de la suite ni d'un bouleversement dans le statut. En allant au-là de ce poste et en élargissant à l'ensemble du groupe, ce qui compte c'est la capacité de chacun à être performant. » Du côté de l'intéressé qui naturellement a été désigné homme du match face à la Norvège, il n'y avait pas de quoi s'exciter. «Je ne me suis pas pris plus la tête que ça, a rétorqué Wesley Pardin avec cette trompeuse nonchalance qui le caractérise. J'ai pris ce qu'il y avait à prendre et ça a fonctionné. J'ai attendu mon heure pour être en équipe de France et si maintenant cela doit me réussir, je serai très content. » A 31 ans, le Martiniquais a une voie royale devant lui. La saine rivalité qui s'est instaurée avec les deux autres spécialistes  du poste et notamment avec Vincent Gérard ne peut qu'être profitable à l'équipe tricolore. Il ne serait d'ailleurs pas étonnant de voir le Parisien entamer le duel face à l'Autriche ce samedi. Il ne serait pas non plus étonnant de le voir exceller.  

Nuit apaisée au pied des pyramides  

Mondial

vendredi 15 janvier 2021 - © Yves Michel

 7 min 48 de lecture

Ce Mondial ne pouvait pas mieux commencer pour les Tricolores. Mis à mal par la critique depuis le début de la préparation, les partenaires du capitaine Michaël Guigou ont relevé la tête face à la Norvège, favori du groupe. Même si tout n'a pas été parfait et si l'équipe est perfectible, la 3ème nuit passée en Egypte a été plus douce et sans remous.

Il est des réveils plus faciles au lendemain d'un succès auquel beaucoup à l'extérieur du groupe "France" ne croyait pas. Capables du pire les jours précédant le rendez-vous avec la Norvège, les Français, loin de réaliser le match parfait, ont fait le boulot. Et ce grain de folie que Kentin Mahé réclamait à l'issue des deux tristes confrontations face à la Serbie, combiné à la prestation décisive de Wesley Pardin a complètement déstabilisé Sander Sagosen et compagnie. Donc ce vendredi matin au petit déjeuner, après avoir en partie récupéré des efforts de la veille, rallongés par un contrôle anti-dopage et le trajet sans fin vers l'hôtel, les sourires étaient plus complices et les conversations plus faciles à engager. « Je suis content de la manière dont les joueurs s'impliquent, insiste Michaël Guigou. L'état d'esprit est là et les affinités qui existaient entre chacun sont de retour. Si cela continue de cette façon, on pourra entrevoir les quarts de finale plus facilement. » Au-delà de ce succès face à une Norvège présentée comme le favori du groupe et même de la compétition, le vent de révolte qui a semblé animer l'équipe durant 60 minutes, est assez significatif. Piqués au vif, les joueurs ont voulu répondre le temps d'un soir aux critiques qui commençaient à monter et se faire insistantes. « Il paraît que ça a parlé dans les médias, poursuit le capitaine des Bleus, mais bon... nous de notre côté, n'étions pas fiers de ce qu'on donnait sur le terrain donc on avait envie de montrer un autre visage. Après, ce qu'on pense autour de nous... C'est un match hier (jeudi) sur lequel on va s'appuyer et ce n'est pas parce qu'on a battu la Norvège, que tout est acquis aujourd'hui. Mais ça devrait bien se passer surtout si on affiche le même état d'esprit. » Le moral est revenu et c'est tant mieux dans un environnement où les consignes sanitaires et les interdits sont nombreux pour des Français réduits à un quotidien quasi monacal dans un hôtel qu'ils ne quittent pas. « On a la chance de pouvoir bénéficier d'un environnement qui est très clément, tempère Guillaume Gille. Il fait beau, très doux, on a accès aux espaces extérieurs de l'hôtel avec des zones qui nous permettent d'organiser quelques activités physiques, ce qui à cette période-là est juste exceptionnel. Donc, je dirai que les conditions de travail sont bonnes, on est à l'écoute des joueurs pour sonder leur état d'esprit, quels sont leurs besoins et surtout les préparer au plus important, les matches qui nous attendent. » Même tonalité lorsqu'on questionne les principaux intéressés. Depuis le début de la pandémie, ils se sont prémunis à titre individuel et dans leur somptueuse retraite à Gizeh d'où ils peuvent apercevoir le triptyque des pyramides, les journées s’égrènent sans que ne s'installe une certaine lassitude. « Pour ma part, j'avais un peu anticipé la situation, s'amuse Ludovic Fabregas. Avec mon collègue de chambre, l'indéboulonnable Valentin Porte, on a ramené des consoles de jeu, des bouquins, des ordis pour travailler sur quelques analyses vidéo, on se trouve des occupations et le temps s'écoule plutôt rapidement. Avec tout ce qui est consacré au hand, on reste bien occupé. Pour vous dire, on n'a pas encore démarré nos parties de pocha (ce jeu de cartes espagnol que les Barcelonais ont introduit dans le groupe depuis quelques années). » Le temps n'a donc pas de prise et les matches entrecoupés par les mises en place s'enchaînent normalement. 

L'exigeant examen face à la Norvège a été bien négocié, la prochaine rencontre face à l'Autriche (ce samedi à 18h HF) sera tout aussi importante même si l'adversaire est d'une autre valeur que les Nordiques. Les hommes du Slovène Ales Pajovic se sont faits surprendre par la Suisse et n'ont pu que mesurer leurs lacunes avec un constat sans appel de 16 ballons perdus en 1h de jeu. « L'Autriche s'imaginait certainement déjà au Tour principal vu le groupe et l'adversité avec notamment une équipe des Etats-Unis contre laquelle elle était largement armée, cueillie à froid par la Suisse, elle se retrouve un peu au pied du mur, constate Guillaume Gille. Leur parcours à l'Euro 2020 avait été intéressant et c'est une équipe qui reste dangereuse avec un jeu assez académique et des joueurs qui peuvent poser des problèmes à beaucoup. Nous devrons être très présents face à eux. » L'entraîneur des Bleus est conscient de la tâche à accomplir même si pour l'instant, il ne veut pas se focaliser sur le manque d'efficacité ou de présence de certains de ses joueurs notamment sur la base arrière. Face aux Novégiens, Tim Nguessan a été dispendieux, Dika Mem en manque de réussite et effacé, Romain Lagarde pas encore parfaitement intégré. « Ça fait partie des histoires de match, s'agace "Gino", qu'il y ait du travail c'est évident mais concernant la base arrière, je l'ai trouvé justement dans son ensemble, de bien meilleure qualité que ce qu'on avait pu voir précédemment. La réussite au shoot est une chose mais ce n'est pas le seul aspect à prendre en compte pour juger des performances des joueurs. » D'ici le 2ème tour qui sauf accident face à l'Autriche et la Suisse, devrait être abordé sereinement avec surtout un maximum de 4 points, les Français ont encore quelques mécanismes d'horlogerie à régler. On se réjouira néanmoins que la Norvège leur ait permis de retrouver ce supplément d'âme qui semblait s'être envolé. 



Wesley Pardin ne demande qu'à confirmer

Sans être invité au point presse habituel, Wesley Pardin est l'homme qui a focalisé l'attention de beaucoup de médias. Pour sa 20ème sélection officielle avec le maillot de France A sur les épaules, le portier aixois a produit une prestation dans la continuité de ce qu'il a l'habitude de réaliser en club. « Il est assez incroyable et ce n'est pas une découverte pour moi, confirme Michaël Guigou. Avec Nîmes, on en a fait les frais et sa performance en championnat a été déterminante, avec plus de 50% de réussite, on a pris plus de 10 buts à Aix donc il est en très grande forme. On connaît l'importance des gardiens de but dans une équipe et sincèrement, on est très content d'avoir une paire de gardiens comme celle qu'on a. N'oublions pas Vincent Gérard qui a été présent lors de la 1ère partie de la saison mais c'est très bien que Wesley nous ait aidés à gagner le match d'hier. » Coaching gagnant donc pour Guillaume Gille et ses adjoints (dont Jean-Luc Kieffer qui depuis octobre 2019 a intégré le staff comme entraîneur des gardiens) qui ont pris à revers tous ceux qui s'attendaient à voir le Parisien débuter dans les cages. « Le choix est guidé par les convictions qu'on a sur la place des uns et des autres. Nous avions envie de voir débuter Wesley forts de l'impression qu'il avait laissée sur les dernières séquences et le bout de partie qu'il avait livré en Serbie. Il ne s'est rien passé de spécial pour qu'on le mette dans le 7 majeur.  Ce qui est à noter, c'est sa capacité à répondre à cette mission qui a fait qu'on ait pu aussi faire un grand match, la défense et le rendement de Wesley nous ont servi de base de lancement.» Avec 18 arrêts et 60 minutes passées sur le parquet pour "Wes" puisque Vincent Gérard n'est entré que sur un jet de 7 mètres, avec Yann Genty qui inévitablement doit patienter dans les tribunes, la hiérarchie chez les gardiens tricolores est-elle remise en cause ? « En équipe de France, quelle que soit la performance, le recul avec un nombre important de sélections, de participation à des compétitions, l'expérience, aucun poste n'est attribué de manière définitive. Aujourd'hui, au regard de ses performances, de sa régularité sur les dernières compétitions, Vincent reste la référence de notre collectif sur le poste de gardien. Lancer Wesley ne présage en rien de la suite ni d'un bouleversement dans le statut. En allant au-là de ce poste et en élargissant à l'ensemble du groupe, ce qui compte c'est la capacité de chacun à être performant. » Du côté de l'intéressé qui naturellement a été désigné homme du match face à la Norvège, il n'y avait pas de quoi s'exciter. «Je ne me suis pas pris plus la tête que ça, a rétorqué Wesley Pardin avec cette trompeuse nonchalance qui le caractérise. J'ai pris ce qu'il y avait à prendre et ça a fonctionné. J'ai attendu mon heure pour être en équipe de France et si maintenant cela doit me réussir, je serai très content. » A 31 ans, le Martiniquais a une voie royale devant lui. La saine rivalité qui s'est instaurée avec les deux autres spécialistes  du poste et notamment avec Vincent Gérard ne peut qu'être profitable à l'équipe tricolore. Il ne serait d'ailleurs pas étonnant de voir le Parisien entamer le duel face à l'Autriche ce samedi. Il ne serait pas non plus étonnant de le voir exceller.  

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